Le locataire de Koulouba ne dort plus que d’un œil après la sortie du Président du PARENA, Tiébilé Dramé, sur les antennes de RFI. « L’Opposant en or » au régime actuel n’ayant pas porté de gants pour dénoncer les tares du pouvoir, a fini son interview par un souhait, celui d’une candidature unique de l’Opposition pour réaliser l’alternance en 2018. M. Dramé a-t-il eu le courage de dire plus haut ce que beaucoup des leaders de l’opposition murmurent plus bas ? Quels pourraient être les avantages et les inconvénients d’une telle initiative ?
La scène politique malienne est désormais en ébullition et ne connaitra plus de répit jusqu’aux élections du mois de juillet 2018. Les acteurs politiques et ceux de la société civile sont à la manœuvre pour un bon positionnement. Les deux camps politiques opposés, à savoir la Majorité et l’Opposition, fourbissent leurs armes et commencent à étaler leurs stratégies pour la victoire. Si hier, la Majorité faisait des jaloux au sein de l’Opposition par le nombre de partis qui la composait et surtout pour son unicité, aujourd’hui, elle semble être une coquille vide avec le départ de plusieurs partis politiques, ce qui ne présage nullement d’un lendemain enchanteur. Par contre, en face d’elle, c’est une opposition qui semble avoir tiré les leçons du passé et mesuré la profondeur de l’abîme dans lequel le Mali est plongé. Elle semble aussi avoir pris suffisamment conscience des conséquences d’une division et d’une dispersion des voix, pour en déduire que seule une candidature unique pourrait lui permettre de battre le Président sortant. En tout cas, cette option semble être partagée par les leaders de l’Opposition, car après l’interview de Tiébilé Dramé, Président du PARENA, sur RFI, au cours de laquelle il a émis le souhait, c’est au tour du chef de file de l’Opposition Soumaila Cissé, lors du débat politique de la Radio Klédu du jeudi 11 janvier 2018, d’emboiter le pas à Tiébilé Dramé pour, non seulement, réaliser l’alternance, mais aussi et surtout, atténuer la souffrance des Maliens. Quels peuvent en être les avantages ?
Si l’Opposition venait à se rassembler autour d’un homme et d’un programme consensuel de gouvernance, elle pourrait gagner les élections sans coup férir, à l’image du Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), dans l’élection d’Alassane Dramane Ouattara ou de la coalisation Benno Bokk Yakaar pour Macky Sall. En vue d’une victoire nette et sans conteste en 2018 face au Président sortant, il faut à la fois un candidat unique de l’Opposition et un large rassemblement des forces vives de la nation autour d’un objectif commun, paix et développement. Autre avantage de la coalition serait la présence dans le groupe d’hommes et des femmes de qualité qui apporteraient leur savoir-faire et permettraient une stabilité politique. On peut affirmer sans risque de se tromper qu’une coalition des partis politiques de l’Opposition autour d’un candidat finirait par battre largement et proprement le président en fonction.
Comme inconvénients d’une candidature unique, il y a le risque de blocage dans la gestion des affaires surtout avec des hommes aux programmes opposés. Autre inconvénient, c’est l’hétérogénéité des noyaux qui vont composer le gouvernement et donc le choc pourrait, à terme, saper l’autorité du chef de l’Etat. La difficulté de la mise en œuvre de l’accord politique par le Président élu pourrait être aussi un obstacle au bon fonctionnement de l’équipe gouvernementale. Il y a enfin et surtout la guéguerre de leadership entre les membres de la coalition alimentée par des intérêts partisans voire claniques au détriment de l’intérêt général.
Ainsi, si le souhait de Tiébilé Dramé venait à être comblé, l’alternance sera à portée de main de l’Opposition. IBK serait défait, mais il est fort à craindre que la gestion de l’après IBK ne soit une équation à plusieurs inconnues. Wait and see.
Youssouf Sissoko