Pour s’enrichir et entretenir une clientèle politique de plus en plus pauvre : La course éhontée aux postes et aux rentes !

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Les élites politiques africaines en général et maliennes en particulier accordent peu d’intérêt à la réflexion stratégique. En lieu et place, les luttes intestines pour le contrôle du pouvoir d’Etat et des ressources publiques, ainsi que les arrangements, compromissions et reniements supposés inévitables dans cette voie, ont fini, dans la plupart des cas, par tenir lieu de principe d’action à l’élite rentière. On assiste à une course éhontée aux postes et aux rentes pour s’enrichir et entretenir une clientèle politique de plus en plus pauvre.

Le clientélisme politique n’épargne pas non plus les confréries religieuses, au mépris des enseignements éthiques des maîtres fondateurs de ces voies soufies. En effet, la classe politique a besoin des ressources publiques pour entretenir sa clientèle. Seule la corruption peut lui permettre d’obtenir ces ressources. Celle-ci prive nos pays des investissements nécessaires à la croissance, à la satisfaction des besoins essentiels des populations en favorisant une consommation excessive de l’élite et une sortie des capitaux, ce qui accentue la pauvreté. Les pauvres s’accrochent aux clientèles politiques dans un réflexe de survie pour espérer obtenir des transferts ponctuels. Il faut alors plus de ressources pour entretenir les clientèles et donc plus de corruption. Ainsi se crée un cercle vicieux qui sape les bases institutionnelles de nos pays. Piégés dans des logiques clientélistes, les partis politiques abdiquent leur rôle d’intellectuels organiques, pour emprunter l’expression d’Antonio Gramsci, et le terrain politique cesse d’être le lieu d’expression et de confrontation d’authentiques projets de société, de courants d’idées conséquents et de visions du monde cohérentes. Les hommes politiques cessent de dire les grands récits qui donnent sens à la vie publique de la cité, autrement dit les idéologies politiques. Ce rôle est alors concédé à d’autres leaders sociaux, notamment les religieux, dont la vocation sociale, à eux assignée par le peuple, ne le leur permet pas. Le discours politique cesse d’être producteur de sens, surtout à l’endroit de la jeunesse. Ainsi, les enjeux géopolitiques qui, dans le contexte actuel de changement de siècle et d’époque, devraient occuper la centralité des analyses et des offres programmatiques des partis politiques et des gouvernements, sont très faiblement pris en charge par la classe politique de nos pays. Le temps politique, indolent, se confond alors avec le temps électoral.

Inna Maiga          

 

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