Les présidents Keita, Hollande et Deby ont appelé à une mutualisation des forces pour faire face aux menaces contre la stabilité des Etats africains.
Le président de la République Ibrahim Boubacar Keita et ses homologues français François Hollande et tchadien Idriss Deby ont animé une conférence de presse hier après-midi à Koulouba après la grande fête populaire au stade du 26 Mars. Répondant à la première question, le président Hollande a félicité « IBK pour son élection à la tête du Mali » et souhaité que celle-ci soit la fin de la crise et le commencement d’une phase de redressement pour notre pays. Il a salué le rôle du président Deby dans le succès de l’opération contre les djihadistes au nord du Mali. Pour le président français, l’intervention de son pays au Mali est un succès à la fois militaire et politique. « Sur le plan militaire, nous avons réussi à chasser les terroristes. Sur le plan politique, nous avons gagné le pari de la tenue de l’élection présidentielle dans le délai prévu », a développé François Hollande qui a ajouté que si l’intervention en Libye s’était prolongée par l’accompagnement du processus politique, « nous n’en serions pas là aujourd’hui ». Sur le dossier des otages français, le président Hollande a révélé qu’il s’est entretenu avec ses homologues de la région sahélienne pour qu’ils l’aident à retrouver ses compatriotes détenus par les terroristes. Concernant la situation à Kidal, le chef de l’Etat français a souligné les acquis en rappelant que la zone a été sécurisée, les forces maliennes y sont installées, l’élection présidentielle y a été tenue. «Les forces maliennes sont chez elles à Kidal puisque c’est le Mali », a précisé François Hollande qui a annoncé que la France restera dans notre pays aussi longtemps que la menace terroriste persistera. Il a expliqué que le contingent français qui compte 3000 hommes actuellement sur notre sol, sera réduit à 1000 hommes à la fin de l’année. « Nous serons présents dans les pays voisins du Mali grâce aux accords militaires », a expliqué le chef de l’Etat français qui a rappelé la tenue d’une conférence sur la sécurité en Afrique à Paris en décembre prochain. Toujours à propos de la sécurité, il a promis de ne pas rester inactif devant la situation en Centrafrique où, estimera-t-il, le chaos règne depuis la chute du président Bozizé. « Si nous ne faisons rien, le chaos va engendrer le terrorisme », a prévenu le chef de l’Etat français. François Hollande répondait ainsi à une sollicitation du président Idriss Deby qui en a appelé à l’intervention de la Communauté internationale pour trouver une solution à la crise centrafricaine. Pour le président tchadien, la Centrafrique doit bénéficier de la solidarité internationale comme le Mali pour se sortir de cette situation de non-Etat. « Là-bas, il n’y a plus d’armée, plus de forces de sécurité », a-t-il fait remarquer en appui à son plaidoyer. Idriss Deby a répondu à l’inévitable question sur la décision de certains de ses soldats de quitter leur base de Tessalit pour regagner Gao. Le président Deby a indiqué à ce propos que la question devrait être posée plutôt à la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). « Le contingent tchadien devait être relevé depuis le mois d’août, cela n’a pas été fait. On ne devrait pas laisser seulement les Tchadiens dans cette zone où les conditions sont très difficiles. Il appartient à la Minusma de gérer les troupes mises à sa disposition et non les pays contributeurs », a expliqué le chef de l’Etat tchadien, appelant la mission onusienne à prendre ses responsabilités. Parlant aussi de la sécurité régionale, le président Ibrahim Boubacar Keita a souligné la nécessité pour les pays africains de mutualiser leurs forces armées, les moderniser et les adapter aux menaces. « La France ne pourra pas toujours répondre à nos besoins de sécurité », a-t-il fait remarquer. Ibrahim Boubacar Keita a abordé le contexte de son élection à la tête de notre pays en indiquant qu’au sortir de l’enfer que nous avons connu, nos compatriotes étaient dans l’attente d’un chef. C’est ce qui explique, a-t-il estimé, le grand engouement pour l’élection présidentielle. Il a pris la défense de son gouvernement, expliquant que le choix des ministres a été dicté par l’intégrité absolue, la compétence et l’absence de marchandage. Ibrahim Boubacar Keita estime que les principes démocratiques, le souci de la bonne gouvernance, ne sont pas seulement pour les autres, mais pour nous aussi. « Nous mènerons une lutte implacable contre la corruption », a martelé le président Keita en soulignant la nécessité de reconstruire l’Etat et de mettre l’homme au début et à la fin de son action.
B. TOURE