L’une est jusque-là la première force politique à l’Assemblée nationale. L’autre lorgne cette place. Les deux partis gardent pourtant des chances presque identiques au scrutin du 15 décembre prochain, chacun étant en ballottage favorable dans une vingtaine de circonscriptions électorales.
Le samedi 7 décembre dernier, le premier tour des législatives a livré ses secrets avec la proclamation, par la Cour constitutionnelle, des résultats définitifs de ce scrutin. Du verdict du juge constitutionnel, on retient que 20 sièges, sur les 147 à pourvoir, ont été enlevés dès ce premier round dans une dizaine de circonscriptions électorales sur 55. Parmi ceux qui ont réalisé le «Takokelen», sept (07) sont du RPM (au lieu de huit comme nous l’annoncions précédemment), quatre (04) de l’URD et deux (02) du Pasj. Les sept (07) sièges restant sont partagés entre des partis, tels que les Fare, le Cnid, Yèlèma, la Codem et deux listes indépendantes. Mais, au-delà de ces résultats relativement favorables au parti présidentiel, la partie pourrait bien être serrée entre Tisserands et Abeilles. Car, le RPM, comme et l’Adema/Pasj, se retrouvent en situation de ballottage favorable dans 19 circonscriptions électorales sur les 45 appelées à se rendre aux urnes ce dimanche. En effet, le parti d’Ibrahim Boubacar Keïta arrive en tête à Kéniéba, Koulikoro, Kangaba, Kati, Nara, Yanfolila, Yorosso, Ségou, Bla, San, Mopti, Koro, Tenenkou, Goundam, ainsi que dans les communes I, II, IV, V et VI du district de Bamako. Quant au Pasj, il joue les premiers rôles dans les circonscriptions de Kayes, Bafoulabé, Dièma, Nioro du Sahel, Kita, Yélimané, Kati, Sikasso, Koutiala, Yanfolila, Yorosso, Mopti, Koro, Youwarou, Tombouctou, Goundam, Gao, Ansongo et en commune III du District. Dans les cercles de Kayes, Yélimané, Banamba, Koutiala, Bankass, Djenné, Douentza, Tenenkou, Diré, Gourma-Rahrous, Tominian et Bougouni, le vent est favorable à l’URD de Soumaïla Cissé qui est jusque-là la deuxième force politique à l’Hémicycle. C’est ainsi dire que si les tendances au premier tour, telles qu’elles sont dégagées par les neufs sages, se confirment ce dimanche, c’est un chamboulement qui s’annonce au palais du peuple. Ce qui semble presque sûr, c’est qu’il est difficilement envisageable dans le contexte actuel que l’un de ces grands partis ait la majorité absolue.
Dès lors, des observateurs politiques s’interrogent si le Rassemblement pour le Mali et ses soutiens satellites pourront assurer une majorité confortable à leur mentor pour lui permettre d’avoir les coudées franches dans la gestion du bateau Mali. Dans le cas contraire, le chef de l’Etat sera contraint à la cohabitation à laquelle les partis politiques dits de l’opposition, regroupés au sein du FDR, voudront le contraindre.
Par ailleurs, il faut dire que le Pasj court désormais le risque de perte son statut de parti leader à l’Assemblée nationale au profit du RPM. Inutile de rappeler que cela ne sera pas une partie de plaisir pour les tisserands, car les «Ruchers» ne se laisseront pas faire. Du coup, le marquage à la culotte entre les deux formations politiques saute à l’œil. Arrivée deuxième lors de la dernière présidentielle, l’Union pour la République et la démocratie pourrait être la déception de ces législatives parce qu’il risque de ne pas pouvoir faire honneur à ce statut. De sa position deuxième force politique sous la dernière législature, l’URD pourrait se retrouver au mieux à la troisième place derrière les RPM et le Pasj qui se livreront une bataille sans merci, ce dimanche, pour jouer les premiers rôles au sein de la future assemblée. C’est là la perspective politique qui se dessine pour la constitution de la sixième législature, en attendant le second des législatives nous livre ses secrets.
Bakary SOGODOGO