Hélas ! Des préfets qui s’arrogent le droit de centraliser les résultats en tripatouillant les chiffres. Des juges constitutionnels qui rejettent les recours à la pelle en se refusant de les analyser à fond. Il n’y a plus aveugle que celui qui refuse de voir ! Des candidats ou leurs ayants droits qui proposent des espèces sonnantes et trébuchantes aux électeurs pour acheter leurs voix… Ce tableau, sombre, ne conforte en rien le processus démocratique sérieusement éprouvé du Mali.
Si la dernière présidentielle n’avait pas présenté toutes ces faces hideuses du dispositif électoral malien, les élections législatives, du moins le premier tour, viennent de les révéler dans toute leur ampleur. Et c’est là que des questions lancinantes se posent : comment voulons-nous que les électeurs aillent aux urnes quand des administrateurs peuvent changer les chiffres sur les procès verbaux et inverser les tendances issues des urnes ? Comment les électeurs d’une circonscription auront-ils le courage d’aller voter si au tour précédent le député de leur choix a été substitué à un autre, celui justement contre lequel ils ont voté ?
Ces questions doivent toucher notre fibre sensible pour nous éveiller. Les responsables politiques, les administrateurs impliqués dans le processus électoral doivent se conscientiser pour jouer le rôle qui est le leur.
Au-delà, le président de la République, garant du bon fonctionnement des institutions, doit agir en étant véritablement au dessus de la mêlée pour mettre un frein définitif à ces types de comportement frauduleux.
Si le système de fraudes, de traficotage des procès verbaux des bureaux de vote, de centralisation faites avec exclusion des mandataires de certaines listes se poursuit et peut-être s’aggrave lors du second tour des législatives, le dimanche 15 décembre prochain, cela peut générer des manifestations dont le Mali n’a pas aujourd’hui besoin.
Faut-il rappeler qu’après le renversement du régime du président Amadou Toumani Touré par le capitaine Amadou Haya Sanogo et ses sbires le 22 mars 2012, plus d’un observateur avait pensé que le seul mérite que ce crime pouvait avoir était de donner l’occasion au peuple malien de repartir sur de meilleures bases. IBK et ses amis avaient alors reconnu que les élections qui avaient cours étaient des plus mal organisées avec un système planifié de fraudes massives. Si aujourd’hui le Mali tourne cette page, et que le premier responsable du pays ne s’implique pas pour assainir le domaine des élections, alors pauvre de nous !
Bruno D. SEGBEDJI
le titre ne va pas avec le contenu
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