Second tour de la présidentielle : Qui est ce candidat qui n’a pas le soutien de la communauté musulmane ?

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Le président sortant du Mali Ibrahim Boubacar Keïta (à gauche) sera face au chef de file de l'opposition Soumaïla Cissé (à droite)
Le président sortant du Mali Ibrahim Boubacar Keïta (à gauche) sera face au chef de file de l'opposition Soumaïla Cissé (à droite) au second tour de l'élection présidentielle le 12 août 2018. © STR, ISSOUF SANOGO / AFP

Après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle  donnant IBK largement en tête avec  41,42% des voix, suivi de Soumaïla Cissé avec 17,80%, les Maliens sont appelés à départager ces deux personnalités politiques le 12 août.

Le scrutin du 12 août sera déterminant dans la vie de notre nation. Car, il s’agira de départager les deux candidats qui se sont démarqués des autres à l’issue du premier tour de  la présidentielle tenue le 29 juillet 2018. Pour ce tournant décisif, bien que le Président IBK dépasse largement son poursuivant, Soumaïla Cissé, les alliances  politiques et de la société civile seront déterminantes. D’ores et déjà, certains observateurs affirment que l’un des candidats ne bénéficiera pas du soutien d’une bonne partie de la communauté musulmane, majoritaire au Mali.  A les en croire, Ibrahim Boubacar Keïta bénéficié d’un soutien codé de certains guides spirituels du pays si l’on décrypte les propos des autorités religieuses en juillet 2017, à la grande mosquée de Bamako.

Il s’agit de la rencontre où  Mahmoud Dicko, Chérif Ousmane Madani Haïdara, Cheick Soufi Bilal Diallo, Harouna Sankaré, Mohamed Macky Bah, Adama Nouhou Traoré  s’étaient donné rendez- vous   à la Grande mosquée de Bamako. Ce jour-là, ils étaient remontés contre  les dérives constatées sur les réseaux sociaux, où ils faisaient l’objet d’attaques de la part des partisans de certains hommes politiques, comme aimait le dire Chérif Ousmane Madani Haïdara.

A cette occasion, la communauté musulmane soutenait qu’elle n’admettra plus les attaques contre les dignitaires religieux. D’où l’objet  de cette rencontre pour dénoncer la pratique et mettre en garde les détracteurs des leaders religieux.

« Nous n’accepterons plus que nos guides soient vilipendés sur les réseaux sociaux », a averti Adam N. Traoré, porte-parole des jeunes musulmans.  Sous un ton grave, il va plus loin : « tous ceux qui essayeront encore de souiller la réputation d’un leader religieux sur les réseaux sociaux seront identifiés et traqués. Le sang coulera ! », avait-il juré. Adam N. Traoré a souligné que tous les hommes politiques qui les soutiennent dans leurs manœuvres n’auront jamais le pouvoir dans ce pays, encore moins leurs descendants.

Même si Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali, et Chérif Ousmane Madani Haïdara, président du groupement des leaders spirituels musulmans, ont tenté de calmer les ardeurs, ils n’avaient pas pour autant condamné les propos du porte-parole des jeunes musulmans. D’ailleurs, ils l’ont soutenu dans sa lancée. « Tout disciple béni doit agir comme tel si son maître est attaqué par l’ennemi», a souligné le Guide spirituel d’Ançardine,  Chérif Ousmane Madani Haïdara.  En décodant ce message, on se rend compte qu’ils ont donné de consigne voilée. Car, si on prend les deux candidats,  il est facile de trouver le côté où se trouvent ces internautes que Haïdara qualifiait de drogués.

Faut-il le rappeler, même si le Guide spirituel d’Ançardine affirme ne pas donner de consigne de vote,  il suffit de faire un tour d’horizon pour découvrir son penchant.  Mais, cette position qu’il affiche est guidée par une certaine sagesse qui lui permettra de sauver le pays si certains, en manque de perspectives, souhaiteraient mettre en mal la cohésion sociale.

Ce jour-là, rappelant les efforts des leaders religieux au moment où Kati faisait peur à Bamako, le guide spirituel d’Ançar-dine international s’est indigné face aux comportements méprisants des internautes dont ils ont sauvé certains de leurs bourreaux. Haïdara est intransigeant : «Nous ne nous laisserons plus faire. Nous avons saisi le pouvoir politique, juridique et sécuritaire. S’ils n’assumeront pas, nous sauront quoi faire pour que nous soyons respectés», avait prévenu Chérif Ousmane Madani Haïdara.

Abondant dans le  même sens que son prédécesseur,  Mahmoud Dicko a invité l’Etat à s’assumer.

«Des gens nous terrorisent avec les armes, nous n’admettrons plus que d’autres nous terrorisent avec leur bouche. Il faut qu’on arrête avec ça», avait insisté le président du Haut conseil islamique du Mali.

A l’analyse de ces déclarations, le choix de la communauté musulmane est connu.  Même si elle joue à la neutralité, son soutien sera accordé à un camp.

Oumar KONATE

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