Séance plénière hier à l’Assemblée nationale : La motion de censure de l’opposition rejetée

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C’est seulement 24 voix favorables que la motion de censure, déposée le 13 juin 2014 par l’opposition, a obtenues alors qu’il fallait un vote aux 2/3 des députés soit 98 voix pour qu’elle soit adoptée et entraîne la démission du gouvernement. La séance a permis néanmoins d’édifier l’opinion malienne sur les ” insuffisances du gouvernement “, largement partagées par plusieurs députés. Des insuffisances qui, à en croire les élus de la majorité, ne datent pas d’aujourd’hui mais des années antérieures. Pour les députés de l’opposition, “le pays est dans l’impasse sur plusieurs préoccupations dont la paupérisation, les prix élevés des denrées de première nécessité, l’école, la situation de Kidal, etc ” qui devraient pousser le Premier ministre à démissionner. Souhait balayé d’un revers de main par le Chef du gouvernement Moussa Mara : ” Je ne démissionnerai pas. Ce pays-là, nous sommes décidés à le reconstruire… “.

 

Le candidat Soumaila Cissé
Le candidat Soumaila Cissé

Les députés de la majorité et ceux de l’opposition (URD, PARENA, FARE, PRVM Faso Ko) partagent le même Mali, mais ils ont des approches différentes sur la gouvernance du pays. Pour les premiers (RPM, ADEMA, APM, alliance Républicains-SADI), le pays venant de très loin, la plupart des insatisfactions soulevées aujourd’hui par les seconds ne datent pas de ce début de mandat du nouveau président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Les députés de la majorité au pouvoir soulignent que les griefs évoqués par l’opposition dans sa motion de censure étaient des réalités depuis les années antérieures, période durant laquelle les membres de l’opposition actuelle participaient à la gestion des affaires de l’Etat.

 

Quant aux députés de l’opposition, ils estiment que le changement promis au peuple par les nouvelles autorités n’est pas au rendez-vous et qu’au lieu d’un début d’amélioration du quotidien des Maliens, le pays s’enfonce plutôt dans l’impasse, du moins sur les grands sujets de préoccupation nationale.

 

Une opposition pugnace

Après que Soumaïla Cissé eut campé le décor sur l’amour du pays, le patriotisme des membres de l’opposition, le député élu à Diré, Alkaïdi Mamoudou Touré, a dégainé en abordant la question de la sécurité. “La gestion de la sécurité et de la réconciliation nationale est le révélateur le plus éloquent de l’indécision et de l’immobilisme de votre gouvernement qui a, depuis son installation, commencé à mettre aux oubliettes l’accord préliminaire de Ouagadougou “. Il a ajouté que le gouvernement n’a aucun plan de sortie de crise, ni du Nord en général, ni de Kidal en particulier.

 

Pour d’autres députés de l’opposition comme Bréhima Béridogo, Seydou Diawara, Moussa Cissé, Mahamadou Hawa Diaby Gassama, la visite du Premier ministre à Kidal a aggravé la situation sécuritaire dans le septentrion du pays. “Un pays à terre, humilié, qui est contraint de négocier en position de faiblesse, qui ne peut plus exiger que les négociations se tiennent uniquement au Mali, qui a perdu une bonne partie du Nord du pays. Un pays qui a perdu beaucoup de crédibilité aux yeux de ses partenaires. A ce jour, l’on s’interroge sur le nombre exact de morts, de blessés et d’otages. Il en est de même du contenu de l’Accord de cessez-le-feu “, a déclaré Alkaïdi Mamoudou Touré. Il n’a pas manqué de pointer un doigt accusateur sur le chef du gouvernement. ” Votre imprudence a conduit à l’occupation par les rebelles du gouvernorat de Kidal, symbole de la souveraineté du Mali, s’il en est. Ce qui va entraîner des conséquences fâcheuses pour le pays…

“.

Une économie asphyxiée

Concernant la situation de l’armée, les représentants du peuple des partis de l’opposition ont déploré la boucherie occasionnée par les événements de Kidal, les victimes, les veuves et les orphelins générés, etc.

 

Au plan socio-économique, le député Adama Kané de Baraouéli a plaidé la cause des commerçants détaillants déguerpis des marchés avant de s’attaquer à ” la croissance promise dans une économie asphyxiée dont l’une des manifestations pour le citoyen ordinaire est la rareté “. Il a dénoncé ce qu’il a appelé la situation d’exécution du budget 2014 en date du 15 mai 2014 qui fait apparaître presque 52 milliards F CFA de dépenses extrabudgétaires portant sur des contrats d’acquisitions de biens d’équipement discréditant le pays sur la scène internationale.

 

Pour Adama Kané, le niveau de l’investissement privé national baisse de jour en jour. L’espoir de relance des activités par les travaux de reconstruction dans les régions nord, ajoute-t-il, s’est envolé par les récents événements dans cette localité. “Votre gouvernement ne propose aucune politique, encore moins mettre en œuvre des actions qui soient de nature à soulager les souffrances quotidiennes des populations et estomper leur crainte de lendemains encore plus pénibles. Un changement de cap est inévitable, lequel changement ne peut être conduit par votre gouvernement “, a-t-il déclaré.

 

Les autres députés, dont Bakary Woyo Doumbia (non inscrit des FARE), ont souligné les fuites et les fraudes enregistrées lors des examens du DEF et du Bac. Pour eux, même si l’école malienne n’est pas en bonne santé depuis un moment, l’on n’a jamais vu autant de désordre dans l’organisation de ces examens. Ils se sont inquiétés de la fin de l’année académique et du niveau des élèves et étudiants qui vont sortir de cette scolarité.

 

La majorité se défend et contre-attaque

Les députés de la majorité n’ont pas accepté les critiques formulées à l’encontre de la gouvernance sous la conduite du président Ibrahim Boubacar Kéita. Si pour Moussa Badiaga, Bakary Diarra du RPM, ” l’opposition n’est pas du tout soucieuse de la situation de fragilité au plan sécuritaire et institutionnel du pays… Cette motion semble avoir tous les objectifs sauf le Mali “, Ousmane Bathily frôlera l’invective en accusant le chef de l’opposition parlementaire, Soumaïla Cissé, d’avoir été l’auteur d’une gestion approximative des fonds à l’UEMOA et dans ses précédentes fonctions au Mali.

 

Pour sa part, les députés Moussa Tembiné, Mamadou Diarrassouba, Mme Diallo Aïssata Touré et d’autres ont enfoncé le clou en dénonçant la volonté de l’opposition de vouloir déstabiliser le pays, qui est dans un processus difficile de la sortie de la crise. Ils ne manqueront de laisser entendre que la cible véritable de cette motion de censure n’est pas le gouvernement Moussa Mara, mais le président Ibrahim Boubacar Kéita, ” un homme d’Etat, un homme d’honneur, qui a attendu patiemment son tour pour être massivement choisi par le peuple malien comme son président “. Et Mme Diallo Aïssa Touré d’ajouter que cette motion de censure est beaucoup plus un moyen de distraction.

Mamadou Diarrassouba a, en outre, invité le Premier ministre à être vigilant dans le choix de ses collaborateurs, pour éviter que “des secrets d’Etat ne sortent sur la place publique…” et être en possession de l’opposition. Moussa Tembiné a ajouté que sur le plan de l’éducation, les efforts que fait le ministre doivent être salués, car l’année scolaire s’est déroulée normalement. Il n’y a pas eu de grèves intempestives des syndicats d’enseignants et les examens se sont déroulés aux dates fixées.

 

«Panique de l’opposition»

De leur côté, les alliés de l’APM n’ont pas manqué de prêter main forte à la défense du bilan du gouvernement Moussa Mara. L’honorable Belco Bah de Niono est allé plus loin en accusant l’opposition de “vouloir la même chose que le MNLA, la démission du Premier ministre”. Il a indiqué que l’opposition n’a fait mention que de “contre-vérités” en ce qui concerne par exemple la corruption généralisée, la rupture de relation entre le Mali et le FMI. “Je sens la panique dans les rangs de l’opposition. Je leur demande d’être calme et sereine. Elle doit savoir qu’elle n’aura jamais par la force ce qu’elle n’a pas eu par les urnes”.

 

De son côté, Hadi Niangadou de la commune II a expliqué que l’on ne doit pas cacher le fait que le pays va mal. “Mais ce n’est pas le moment de vouloir tout casser…Nous allons dire la vérité au Premier ministre et faire en sorte que ça marche et, inch Allah, ça marchera “.

 

Me Zoumana N’Tji Doumbia, élu à Bougouni, accusera l’opposition de n’avoir apporté aucune preuve des récriminations formulées dans la motion de censure. Il a dénoncé la volonté de détruire chez les députés de l’opposition, “ incapable d’apporter un support palpable” aux insuffisances qu’elle évoque.

 

Pertinence des griefs mais…

C’est l’honorable Yaya Sangaré, élu à Yanfolila, qui a annoncé les couleurs des interventions des députés de l’ADEMA. Il a précisé qu’il est du rôle du député de parler un langage de vérité par rapport à la gestion du pays. Avant de laisser entendre qu’il ne peut dire que les actions du gouvernement sont satisfaisantes, même si l’on peut comprendre que ces difficultés sont liées à la crise généralisée que connait le pays. Mais, sur la gestion du dossier de l’éducation, il est resté perplexe : “Nous nous interrogeons sur les relèvements des responsables d’académies à quelques mois des examens…”.

Pour sa part, Oumar Mariko a remercié l’opposition pour la pertinence des critiques soulevées par exemple les dépenses extrabudgétaires. Mais il a fait remarquer que ces pratiques ne datent pas d’aujourd’hui. En 2011, dira-t-il, où étaient les députés les députés de l’opposition d’aujourd’hui quand il était quasiment seul à dénoncer la gestion faite des fonds récoltés de la vente de la SOTELMA ? Il a alors plaidé pour un accompagnement avec des critiques objectives pour permettre au nouveau pouvoir de se corriger pour combler les attentes des paysans, des licenciés, des Maliens en général.

Bruno Djito SEGBEDJI

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1 commentaire

  1. LA MOTION de censure de L’opposition rejetée bien sûr sans surprise pour moi opposition a mis le feu notre pays en 2012 y veulent encore en 2e fois non trop c’est trop parlons d’avion d’ATT,IBK au moyen on a vu AIR république du MALI A l’aéroport internationale mais les milliards qui a été détourner 2003 au 2012 personne ne parler de ça si ce ne pas le MALI beaucoup des personnalités devraient en justice mais ce le MALI.

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