C’est sur la pointe des pieds et le moral au talon que le ministre de l’Artisanat et du Tourisme a quitté l’Assemblée nationale. C’était à l’issue de la plénière du 8 février 2007.
N’Daye BAH, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est fait remonter les bretelles par le patron de l’hémicycle, Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK, quand il a traité d’ignares les honorables Flaké Koné, Ibrahima Coulibaly, Boubacar Touré dit Boubou, Oumar Maïga, et le professeur Ali Nouhoum Diallo. Le ministre de l’Artisanat et du Tourisme était venu défendre le projet de loi portant abrogation de la loi N°86-63-AN-RM du 26 juillet 1986 portant création de la maison des artisans du Mali. Il a vite oublié qu’il n’y a plus beau que le respect mutuel entre institutions. Il s’est alors emporté au cours des débats, lorsque les élus précités appelèrent leurs collègues à ne pas voter ladite loi. Ce texte tel que présenté ce jour-là par la commission de l’énergie, des industries, des mines et des technologies, présidée par l’honorable Tiémoko Dembélé, était incohérent et manquait visiblement d’arguments solides aux yeux de bon nombre de députés.
Les élus, avec à leur tête le professeur Ali Nouhoum Diallo, ont ainsi demandé le renvoi du vote du projet de loi après lecture faite par le rapporteur de la commission, Madani Traoré. Appelé à la rescousse d’une commission qui n’avait pas visiblement cherché loin les éléments pour présenter un rapport qui résiste aux critiques, le ministre N’Diaye Bah, avant de développer ses arguties, dira que les parlementaires sont des ignares au sujet des écheveaux de la Maison des artisans.
Après donc la sortie maladroite de N’Diaye Bah, le président de l’Assemblée nationale l’a vite rappelé à l’ordre, de respecter les députés. «Je vous demande d’être courtois et indulgent avec les élus. J’ai toujours souhaité qu’il y ait la convivialité dans les débats entre les députés et les membres du gouvernement ici», rappelle IBK. Le patron du perchoir d’ajouter que les critiques et remarques des différents intervenants ne s’adressent nullement en la personne du ministre interpellé, mais à la commission saisie quant au fond. «Nous cherchons tout simplement à vous aider, comme ça, en exigeant que le texte soit clair et sans équivoque. Il faut donc comprendre que c’est sans arrière pensée», insiste-t-il.
Après ce rappel à l’ordre du président, le ministre N’Diaye Bah a voulu immédiatement réagir. C’était sans compter avec la détermination d’IBK de montrer qu’il est le patron des lieux. Le ministre s’est en fait vu refuser la parole par le Mandémansa.
Ali Nouhoum s’est dit nullement offusquer par les propos du ministre. Car, selon lui, «plus on avance en âge, plus on se rend compte de son ignorance». Il conseille plutôt au ministre de chercher à conquérir la raison et le cœur de chaque député en retirant la loi pour une prochaine fois.
Les autres intervenants se sont montrés satisfaits de la manière dont le différend a été jugulé par IBK.
Le ministre a eu tout de même le temps de s’excuser quand le projet de texte a été renvoyé à une date ultérieure. D’ici là, les dieux de la sagesse règneront en maître à Bagadadji pour que le texte new look passe aisément.
Abdoulaye OUATTARA
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