Durant plus de cinq heures d’horloge, la séance des questions d’actualité a retenu l’attention des Maliens, l’événement étant retransmis en direct sur l’ORTM.
Le ministre de la Sécurité, le Général Sada Samaké a pu, cette fois-ci (c’est sa deuxième interpellation sur le même sujet) gardé son calme. Même si, de temps en temps, il était bien chargé par certains députés de “mafia organisée ” entre lui et le Directeur général de la Police, Hamidou Kansaye, autour de la pénurie artificielle des cartes d’identité et des passeports.
Tour à tour, les députés Mohamed Tounkara, Moussa Diarra, Ousmane Kouyaté, Belco Bah, Moussa Coulibaly, Me Zoumana N’Tji Doumbia, Seydou Diawara, Amadou Maïga, Adama Paul Damango, Amadou Cissé, Abdoul Malick Diallo, Bréhima Béridogo, Adama Kané, Issa Togo, Ahamada Soukouna, Yaya Sangaré, Idrissa Sankaré, entre autres, ont acculé le ministre de la sécurité jusque dans ses derniers retranchements.
Insuffisance et fonctionnement des patrouilles policières, manque de moyens des policiers, bavures policières, insécurité grandissante dans les villes surtout dans les zones minières, l’injustice, fille d’insécurité, avec des enlèvements et vols de bétails, pots-de-vin et autres arrangements pour se faire délivrer la carte d’identité nationale et le passeport, coût réel de ces documents administratifs. A quand la fin du calvaire vécu par les populations pour se faire délivrer ces pré cieux sésame ? Les préoccupations des parlementaires étaient nombreuses et démontrent que les Maliens sont visiblement déçus de la gouvernance au plan sécuritaire.
Le ministre Sada Samaké dira que la donne sécuritaire s’est détériorée depuis 2011 ; le pays venant de très loin et que nulle part l’insécurité zéro n’existe. Il a toutefois rassuré que des actions sont en cours pour sécuriser les populations et leurs biens et que des sanctions sont prises contres les policiers coupables d’actes de corruptions dans la délivrance des documents administratifs. Il s’agit, à le croire, de 242 policiers sanctionnés dont 34 révoqués pour diverses fautes. Il a appelé à ne pas encourager la corruption des agents de police dans la délivrance de ces documents mais à respecter les délais et les conditions de délivrance desdits documents.
Pour le ministre Samaké, il n’y a pas de pénurie de passeport, dont la demande est trop forte au Mali, 108 à 112 000 par an. Avant d’indiquer qu’un projet de changement du passeport malien est en cours mais que l’Etat fera tout pour les Maliens soient satisfaits par rapport aux documents auxquels ils ont droit.
Pour le chef du département de la sécurité, des mesures rigoureuses sont prises depuis un moment pour sécuriser la ville de Bamako et les autres villes de l’intérieur du pays, mais le manque de moyens et d’effectifs est une triste réalité. Il a souligné que la menace terroriste est désormais une réalité dont tout le monde doit tenir compte en étant vigilant. ” Ce n’est pas seulement le Mali qui est confronté à ce problème, mais c’est tout le Sahel et ailleurs… “, a-t-il averti, avant de préciser que l’insécurité zéro n’existe nulle part.
Les autres ministres, Tiéman Hubert Coulibaly de la Défense et des Anciens combattants, Zahabi Ould Sidi Mohamed de la Réconciliation nationale et Boubou Cissé des Mines ont apporté d’autres assurances quant aux actions que le gouvernement mène pour assurer une certaine quiétude aux populations.
Rappelons que cette séance des «questions d’actualité» a enregistré quelques piques entre des députés de la majorité et ceux de l’opposition arbitrées par le président de l’Assemblée nationale. Ces joutes oratoires ont provoqué le mécontentement des parlementaires de l’opposition qui ont fini par quitter la salle vers la fin de la séance.
Bruno D SEGBEDJI