Le collectif des candidats à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018 a tenu une conférence de presse hier, lundi 6 août 2018, à la Maison de la presse, au cours de laquelle les candidats ont rejeté les résultats provisoires, annoncé la tenue, ce soir au palais de la Culture, d’un meeting de dénonciation des irrégularités et d’autres violations de la loi électorale du scrutin du 29 juillet. Ils exigent aussi la démission du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation.
Ladite conférence était animée par les candidats Soumaila Cissé, Choguel Kokalla Maiga, Mountaga Tall, Oumar Mariko, Mohamed Ali Bathily.
L’adversaire d’IBK au second tour, le candidat de la plateforme « Ensemble restaurons l’espoir », l’Honorable Soumaila Cissé, dans son exposé luminaire, a précisé que la proclamation des résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet par le Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation leur a prouvé que le régime IBK est prêt à tout pour bafouer la volonté du peuple malien et fausser les résultats de cette élection. « Nous assistons en fait à une tentative d’un véritable hold-up électoral », déclare-t-il, au nom de tous les candidats membres du Collectif.
Ce que le collectif des candidats à la présidentielle reproche au clan IBK
Pour le chef de file de l’Opposition, plusieurs irrégularités et violations de la loi électorale ont été constatées. Elles sont, entre autres : des bourrages d’urnes massifs dans le nord et le centre du pays, des cartes d’électeur indisponibles dans de nombreux bureaux de vote, le fichier électoral mis en ligne vicié, le trafic de procurations, des irrégularités durant l’ensemble du processus de transmission et de compilation des résultats, des incohérences flagrantes entre les suffrages exprimés en pourcentage et le nombre de voix attribuées, des égarements de procès-verbaux de dépouillement, l’impossibilité de vérifier le nombre exact de localités dans lesquelles le scrutin ne s’est pas tenu…
Sans détour, Soumaila Cissé et ses 16 autres collègues estiment que ces résultats ne sont que ceux de la fraude. « Les résultats provisoires annoncés ne reflètent pas le vote des Maliennes et des Maliens ! Ils ne sont ni sincères ni crédibles. Ce sont des résultats manipulés que nous dénonçons avec force », a laissé entendre le candidat de l’URD.
Les exigences des candidats qui contestent les résultats
Pour le conférencier, à cause des manquements constatés, plusieurs candidats ont déposé des requêtes en annulation auprès de la Cour Constitutionnelle. Au-delà de cela, les candidats exigent : le recomptage contradictoire des voix et la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote ; la publication de la liste exhaustive des localités et des bureaux de vote où le scrutin n’a pas pu se tenir et du nombre d’inscrits concernés car ils estiment que tant que cette liste n’est pas connue et vérifiée par les missions d’observation, le pouvoir peut en toute impunité produire des résultats dans des bureaux de vote officiellement ouverts, mais dans lesquels les électeurs ne s’y sont pas rendus faute de sécurité ; une clarification sans ambiguïté de la communauté internationale et du Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation au sujet du fichier électoral mis en ligne par la Délégation Générale aux Élections (DGE) ; une vérification contradictoire du logiciel de compilation qui échappe à tout contrôle et que les différentes missions électorales d’observation n’ont pu véritablement auditer, malgré les engagements pris lors de la rencontre avec le Premier ministre, le 28 juillet dernier ; la publication du rapport de la CENI sur le 1er tour ; la publication de la situation réelle du vote par procuration et la démission du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation.
Pour Soumaila Cissé, l’unique moyen de faire échec au coup du régime IBK est le rassemblement. C’est pourquoi, il a invité tous les Maliens à les rejoindre pour ce combat.
Les candidats ont, par ailleurs, invité la communauté internationale à prendre ses responsabilités pour ne pas attendre la fin du processus électoral pour dénoncer les graves dysfonctionnements qui entachent cette élection présidentielle.
Le collectif avertit toutes les parties
Les candidats organisateurs de la conférence estiment que tout le monde doit jouer son rôle pour sauver le pays. « Si ces conditions ne sont pas remplies et si chacun ne prend pas toutes ses responsabilités, nous en tirerons toutes les conséquences. Le pouvoir sortant en portera l’entière responsabilité », écrivent-ils dans leur déclaration.
Pour sa part, le candidat Mountaga Tall estime que ce sont des notes qui leur ont été attribuées et non des résultats. « Nous ne demandons pas autre chose au gouvernement. Nous demandons le respect de la loi électorale et le respect de la volonté des Maliens », a-t-il expliqué. L’ancien ministre d’IBK tacle le ministre organisateur de l’élection. « Il nous a attribué des moyennes, mais il refuse de nous monter nos notes par matière », déclare-t-il, pour mieux faire comprendre la portée du refus du gouvernement de publier les résultats par bureau.
Quant à Choguel Kokalla Maiga, candidat du MPR, il déplore que le gouvernement, pour des questions électoralistes, n’ait mis l’engrais à la disposition des paysans qu’en juillet, alors qu’il devait le faire depuis le mois d’avril.
Pour les candidats Mohamed Ali Bathily, Oumar Mariko…, on est arrivé à terme de ce qui pourrait être accepté. Ils estiment que le régime est responsable des achats de conscience et de toutes les autres violations de la loi électorale.
Avant de clore, le candidat Soumaila Cissé a précisé qu’il y a eu 24 000 voix non attribuées, seulement à Kati et 15 000 en Côte-d’Ivoire.
Ils ont, par la suite, invité tous les Maliens au meeting qu’ils organisent ce soir à 16 heures au palais de la culture pour protester contre les prétendus résultats et exiger la publication des résultats par bureau de vote.
Boureima Guindo