Scénario pour le proche futur : Le round d'observation : qui attaquera le premier ?

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Les loyaux adeptes d’Amadou Toumani Touré ont créé, le 17 juillet 2010 à Bamako, une formation politique, le Parti pour le Développement Economique et la Solidarité (PDES), à deux ans de la prochaine présidentielle.

Certes attendue, la création du parti présidentiel n’entraînera pas à la surprise générale la saignée tant redoutée par d’autres composantes de l’échiquier politique. Le départ, avec fracas, de N’Diaye Bâ  et l’échec de sa maladroite tentative de répliquer à M. Tall à Kayes, sur les motifs de son départ du parti, ont dû pousser les têtes pensantes du PDES à changer de stratégie.

Du style et de la méthode (ATT, un commando dont la spécialité au sein de l’armée est la pose de pièges et autres mines anti-personnelles), n’en manque point. Cela lui fut précieux pour bourlinguer entre les écueils des torrents  sociaux le long de ces deux mandats : émeutes des supporters de l’équipe nationale après le match Togo/Mali en mars 2005, démonstration de forces des sympathisants du Haut Conseil Islamique l’année dernière, crise au sein de l’enseignement supérieur, crise dans le monde des cotonculteurs, autant d’événements qui ont vu le président se désespérément sentir seul dans le bateau en péril, avec seulement une poignée de proches, abandonné par les "alliés de la mouvance  présidentielle".

 Cela lui fut également utile pour éviter que la croisade de toutes les passions des "grands partis" ne rende le pays ingouvernable jusqu’à la présidentielle 2012. Le style ATT, c’est en effet : "une gouttelette  d’humour, une croûte de dérision, une tranche de courtoisie, une pincée de fermeté ". C’est aussi une feinte de corps, un crochet, un dédoublement de jambes et un tir surprise à contre-pied dans la lucarne.

La méthode, elle, emprunte aux pratiques de la pêche aux gros poissons ou de la chasse aux félins : laisser fier la ligne pour pouvoir ferrer plus profondément après, d’un coup sec, tirer… Autrement dit, accepter que débat s’allonge jusqu’à la répugnance, comprendre le point de vue de tous, puis y mettre fin quand le seuil de la tolérance a été franchi.

Qui franchira, le premier, le pas ?

Ces deux atouts, ATT en usera lorsque, sur ses héritiers, ouvriront le feu   " Des partis politiques maliens comme l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) ou le Rassemblement pour le Mali (RPM) de l’ancien Premier ministre, Ibrahim Boubacar Kéïta, se disent prêts à en découdre avec le nouveau parti, et ils s’apprêtent à déclencher les hostilités ".

Pour l’instant, à Koulouba, l’heure est à la compréhension de la frustration des "alliés " qui s’attendent logiquement à la diminution des faveurs accordées à leurs ouailles. Les héritiers d’ATT devant désormais bénéficier de toutes les attentions de leur parrain lors du prochain remaniement ministériel qui doit voir le camp présidentiel doté d’une équipe de durs capables de ravir la vedette aux grands partis traditionnels en 2012. ATT sait qui est qui et fait quoi. Il détient l’occasion inespérée de corriger les tares de ces deux mandats, notamment : sur le plan des inégalités sociales, de la corruption, et de l’enseignement. Lui qui disait aux élèves et étudiants en mai 1991 : " Nous saurons être raisonnables, mais pas indéfiniment patients ".

De la configuration du prochain gouvernement dépendra la victoire des héritiers d’Amadou Toumani Touré en 2012. Que chacun montre alors ce dont il est capable d’apporter au Mali à travers le PDES et à ATT de donner des responsabilités, toutes les responsabilités à ses partisans ! 

Abdoul Karim Dramé, journaliste indépendant

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