La démocratie malienne a été chèrement conquise, c’est-à-dire au prix du sang de nombreux martyrs connus et anonymes lors des événements de Mars 1991. Pour permettre à tous les Maliens de s’exprimer librement, sans inquiétude aucune, sur la vie de la nation, le droit de manifester a été consigné opportunément dans la Constitution du 25 Février 1992. Depuis lors, l’organisation d’activités populaires sur l’ensemble du territoire national est un droit constitutionnel reconnu pour tout Malien jouissant de ses droits civiques pour cela qu’il s’agisse de sit-in, meeting, conférence débats, marche et autres, nous en oublions certainement.
En moins d’une année à la tête de l’institution gouvernementale, SBM imprime une méthode de gouvernance fondée sur l’arrogance et le mépris des hommes et des textes de la République du Mali. Il ne tient pas compte de principes élémentaires en politique tels que la défense de l’intérêt général, la moralité des actions à entreprendre. Se croyant tout permis dans un régime de facto mis en place à la faveur d’hold-up électoral qu’il a réalisé au profit d’IBK lors de l’élection présidentielle de Juillet et Aout 2018, SBM fait feu de tout bois pour sauver son fauteuil primatorial.
Dans son art favori le faire semblant, SBM improvise l’organisation, de façon cavalière, des concertations régionales sur l’une des questions majeures de la nation, à savoir la réorganisation administrative et territoriale. Annoncées pour les 13, 14 et 15 Novembre 2018 à coup de trompette, de flonflon et de tambour dans les media d’Etat et autres, elles furent boycottées par la frange la plus importante de la classe politique malienne, mais aussi par des organisations matures de la société civile.
C’est dans ce contexte de surchauffe socio-politique et même psychologique que le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (le FSD) et la Coalition des Forces Patriotiques (la COFOP) ont décidé d’organiser un meeting géant, le Vendredi 16 Novembre 2018, sur l’Esplanade de la Bourse du Travail à 16 h.
Engageant le bras de fer avec les responsables politiques et soutiens qui ont empêché que ses concertations soient une réussite populaire et éclatante, SBM a décidé d’interdire la tenue du meeting du FSD et la COFOP et de surcroit gazer tous leurs responsables voulant jouir de leur droit constitutionnel de manifester leur mécontentement face aux dérives de gouvernance des autorités de facto.
Le rubicon a-t-il été franchi par les autorités de fait ou par les responsables du FSD et la COFOP ?
Au premier examen des éléments socio-politiques disponibles, nous pouvons dire que les forces politiques sont divisées au sujet du droit de manifester voulu constitutionnel par les acteurs du mouvement démocratique après les événements de Mars 1991.
Pris, d’une part, par le vertige exacerbé du pouvoir, SBM foule aux pieds l’un des acquis fondamentaux de la démocratie dont il fut, sans nul doute, l’un des acteurs des luttes syndico-politiques de sa conquête dans le Mali sous Moussa Traoré.
Les responsables des deux fronts, tous acteurs aussi du mouvement démocratique de 1991, sont obligés de se dresser en gardiens du temple de la démocratie malienne contre SBM, son désormais fossoyeur.
A la suite d’un examen approfondi de la situation socio-politique chaotique, certains observateurs avertis voient deux nuages planer sur le ciel du microcosme politique malien à savoir la rupture démocratique ou l’éviction de SBM pour une décrispation réelle du contexte socio-politique et économique du pays.
Sentant s’effectuer l’union sacrée historique des forces politiques de l’opposition contre les dérives incessantes des autorités de fait, SBM, pour s’y maintenir, multiplie des actions qui contribuent à rendre plus électrique l’ambiance socio-politique du pays. La dernière en date est celle qu’il a entreprise pour humilier des personnalités plus représentatives que lui de la nation malienne. Tel un raccourci celle-ci le mènera plutôt que voulu à son destin d’être sacrifié politiquement par son mentor IBK devenu muet devant ses nombreuses et calamiteuses turpitudes de gouvernance.
Les forces démocratiques et populaires doivent mutualiser leur savoir-faire pour laver l’affront que SBM vient de porter à la démocratie par cet acte de bafouement du doit constitutionnel de manifester en République du Mali, comportement digne d’un responsable d’un autre temps de l’histoire politique malienne.
A SBM et à tous les aventuriers qui veulent enterrer la démocratie malienne pour des fins politiciennes, les forces démocratiques et républicaines du Mali peuvent et doivent leur rappeler par des actions énergiques que Krylenko a vu juste quand il disait à Malinowski que « l’aventurier joue sa dernière carte ».
Bamako, le 17 Novembre 2018
Seydou CISSE Prof. de philosophie morale et politique à l’ENSup
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