Les partenaires techniques et financiers sont formels : si le Mali veut bénéficier de leurs milliards, il doit s’engager vigoureusement dans la lutte contre la délinquance financière.
Les mois à venir seront chauds, très chauds, pour les bouffecrates de la Rue publique. Après un répit, qui aura duré huit ans, Sa Majesté Amadou II décide, enfin, de prendre à bras le corps la lutte contre la délinquance financière. La promesse en a été faite aux partenaires techniques et financiers. C’était lors de la revue budgétaire conjointe, tenue les 18 et 19 octobre derniers à l’hôtel de l’Amitié.
Contre cette promesse, les partenaires techniques et financiers ont accepté de verser dans l’escarcelle du Mali, la bagatelle de 84 milliards CFA. Autant dire que, les semaines voire les mois à venir, ne seront pas de tout repos pour les « Saigneurs » des finances publiques. Mais aussi, pour les « Magostrats » chargés d’instruire les rapports de contrôle du Vérificateur général.
Car le détournement des fonds publics est devenu un sport national. Et la corruption, d’un naturel insoupçonné. Plus les sommes détournées sont grosses, plus ça passe. Partout, la même chanson, le même refrain : « bouffe et tais –toi et s’il en reste, la nation pourra en bénéficier ».
Pendant que des voleurs de poule croupissent –sans jugement –en prison, les pilleurs de finances publiques se la coulent au volant de luxueuses bagnoles. Ou à l’ombre de châteaux bâtis sur des terrains arrachés aux pauvres.
La chasse aux « bouffecrates » ouverte
Lancée en 1999 par le Président Konaré, la lutte contre la corruption et la délinquance financière a suscité beaucoup d’espoir au sein de nos populations. Avant de s’éteindre. Comme un feu de paille.
Reprise par son successeur, Amadou Toumani Touré, la lutte contre le détournement du dénier public a franchi un pallier. Surtout, avec l’ouverture du Bureau du Vérificateur général. Objectif : protéger, d’une part, la gestion faite des ressources publiques par l’administration, les institutions et les organismes publics ou privés Qui perçoivent des subventions publiques ; et, d’autre part, mettre les « prédateurs économiques » hors d’état de nuire.
Mais la suite, on la connaît. Non seulement, les « détourneurs des fonds publics » continuent de saigner, en toute impunité, les finances publiques. Pire, le Vérificateur général, lui –même, a failli se retrouver derrière les barreaux pour n’avoir pas, dit –on, obéi aux injonctions d’un juge d’instruction.
Mais la promesse, faite à coups de milliards CFA aux partenaires techniques et financiers par les Chef de l’Etat, impulse une nouvelle dynamique à la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Tous ceux qui sont épinglés par les rapports de contrôle du Vérificateur général doivent répondre de leurs actes devant les tribunaux.
Avant de rendre gorge des milliards CFA qu’ils ont ingurgités. Au grand dam de nos concitoyens, qui peinent à se procurer trois repas par jour. Ou le moindre comprimé de paracétamol pour calmer la fièvre de leur enfant, agonisant sous leur regard impuissant.
Dès l’ouverture des travaux de la revue budgétaire conjointe, Sanoussi Touré, ministre de l’Economie et des Finances, donne le ton : « s’agissant de la lutte contre la corruption et les suites réservées aux rapports des structures de contrôle, le gouvernement fera le point en toute transparence et n’éludera aucune question y relative », a t –il promis, de son côté. Avant de conclure : « Il y va de la ferme volonté du chef de l’Etat de ne tolérer aucune faiblesse du gouvernement, surtout au moment où, notre demande est plus forte à l’endroit des partenaires techniques et financiers pour lutter efficacement contre la pauvreté ».
Mais pour Eva Joly, ex –juge d’instruction en France, la lutte contre la corruption et la délinquance financière est intimement liée à la lutte contre la pauvreté : « il n’y a pas de lutte contre la pauvreté, sans lutte contre la corruption et la délinquance financière » a-t-elle indiqué, il y a deux ans, à l’issue d’une audience que lui a accordée le chef de l’Etat.
Reste maintenant, le plus difficile : joindre la parole à l’acte.
Le Mollah Omar