Au rythme de la vedette : Adema-Pasj : La force de se regarder en face

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Dimanche dernier, le parti de l’Abeille était à nouveau sous les projecteurs, à l’occasion notamment de sa 14e conférence nationale, un événement ayant donné lieu à des débats francs et utiles sur de nombreuses préoccupations nationales parmi lesquelles la problématique sécuritaire dans le pays, l’unité et de la réconciliation, entre autres.

Par-delà les sujets d’envergure nationale, es assises statutaires du Pasj interviennent également dans un contexte crucial pour la vie de ce parti. C’est au demeurant la raison pour laquelle militants et responsables se sont accordés pour sonner -et ce depuis le dernier congrès– la cloche du retour aux valeurs cardinales et fondements de leur famille commune. ‘’Ensemble, retrouvons nous autour de nos valeurs fondamentales’’. Tel est par exemple le slogan très abondamment véhiculé à travers les affiches et banderoles qui jonchent les rues, ruelles et grandes artères de la capitale depuis une semaine.

Ce n’était pas une génération spontanée. Le même appel aura été auparavant ressassé à l’envi, tout au long de la série de tournées effectuées par le directoire des Abeilles dans les différentes structures de base. Ce fut un rappel des troupes aux allures de mea-culpa et de courageuse rédemption que la prise de langue avec les militants déboussolés, dont la plupart se reconnaissaient de moins en moins dans la formation politique initialement bâtie sur l’espoir d’épanouissement collectif et d’un lendemain radieux qui filait entre les mailles par ses déviances accablantes : une rupture avec les fondamentaux cristallisée mise en évidence par le coup de grâce assené par la rupture de l’ordre constitutionnel en 2012.

Ainsi, par la force du destin et de la roue de l’histoire le Pasj d’Abderhamane Baba Touré, d’Alpha Oumar Konaré, de Mohamed Lamine Traoré, d’Ibrahim Boubacar Kéïta et de Dioncounda Traoré a échu aux mains d’une autre génération de dirigeants qui, sous le leadership du Pr Tiémoko Sangaré, fait vaillamment face à l’éprouvant défi de remonter la pente. D’une gloire qui se conjugue au passé à mesure que s’installe la nouvelle majorité, l’ancien parti majoritaire –sans raser forcément les murs– est contraint de s’accommoder de son nouveau statut de formation auxiliaire que lui impose la perte de suprématie représentative ainsi qu’une légitimité nuancée tant par les cruels arbitrages électoraux de 2013 que par la fuite massive de militants de grande audience.

Certes, la tâche peut tenir d’un ouvrage Sisyphien, mais un pas de géant vient d’être franchi avec le courage de regarder la face hideuse de l’Abeille pour la refaçonner. Pour ce faire, le Pasj pourra tirer profit d’une accalmie dont il ne pouvait que rêver naguère, pour une organisation politique constamment sur la brèche, dont les enjeux des querelles accessoires l’ont toujours emporté sur les sublimes rendez-vous avec l’histoire.

 

14e conférence nationale Adema :

Sous le signe d’une refonte la classe politique

Dimanche 27 mars 2016, la 14 ème Conférence nationale du Parti de l’Abeille a réuni du beau monde à la Maison des Aînés, sous l’égide du président Tiémoko Sangaré, des ministres Abdoul Karim Konaté ‘’Empé’’ et Dramane Dembélé, ou encore du Président de la Transition Dioncounda Traoré, entre autres célébrités perchés au présidium d’une cérémonie d’ouverture riche en couleurs et en bonnes intentions. Les réactions enregistrées dans la foulée laissent entrevoir, en effet, une nette volonté de la classe politique malienne de cheminer avec le PASJ dans la voie devant mener à un puissant pôle politique de gauche. En tout, le besoin d’en accélérer le processus n’a jamais été aussi ardent et d’aucuns estiment que c’est à ce prix seulement que la politique pourra recouvrer ses lettres de noblesse et se réconcilier avec les Maliens.

Perçue par beaucoup d’observateurs comme un rassemblement de simple conformisme statutaire, la 14 ème Conférence nationale du PASJ aura largement dépassé les attentes, tant par la forte mobilisation que par la dynamique et l’enthousiasme suscités dans le gotha politique malien. Ladite cérémonie a été l’occasion pour le nouveau président du Pasj d’orienter le pointeur sur le contexte singulier dans lequel interviennent les assises ainsi que l’état d’esprit d’une formation qui n’a nulle «raison de raser les murs», selon lui, au moment où les militants retrouvent confiance et après que la maturité politique leur a permis de vaincre les zones de turbulence du dernier congrès.

Par ailleurs, outre les menaces en tous genres qui assaillent le monde en général et le Mali en particulier, les assises coïncident aussi avec la commémoration du 25 ème anniversaire de l’avènement de la démocratie au Mali et de la victoire contre la dictature. Pour avoir participé et consolidé les droits et libertés qui en ont découlé, l’Adéma-PASJ, par la voix de son président, a ressenti comme un devoir de tirer la sonnet d’alarme sur les tentatives de profiter de la fragilité des acquis démocratiques pour réécrire l’histoire du Mali. «On peut réécrire l’histoire mais jamais la refaire», a relevé Tiémoko Sangaré, laissant entendre au passage que la démocratie fait partie des acquis du 26 Mars qui permet à chacun de s’exprimer librement.

L’Adema est toutefois convaincu que seule une synergie d’actions entre l’ensemble des fils du pays permettra de faire face aux défis universels qui déteignent sur le Mali. Toutes choses qui expliquent, selon son président, le soutien au président de la République. Loin de répondre à un partage de gâteau, le cheminement avec IBK est plutôt motivé par la fragilité des acquis démocratiques et des fondements de la Nation ainsi que par les valeurs partagées au nom desquels l’Adema a voulu s’inscrire dans le combat pour la sauvegarde de l’essentiel à un moment extrêmement éprouvant pour le pays. Et M. Sangaré d’enchainer par un vibrant plaidoyer pour la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger, avant d’exhorter sa famille politique à incarner «la cohésion et l’unité dans l’action …, la discipline» dans le fonctionnement au quotidien ».

En accueillant par des mots de bienvenue les nombreuses formations conviées à la 14 ème Conférence nationale, le Président du Pasj ne se doutait point de leur offrir une tribune inespérée pour exprimer le besoin d’un grand ensemble politique comme alternative à la dispersion des efforts qui décrédibilise la pratique politique au Mali.

La salve a été déclenchée par l’Um-RDA de Bocar Moussa Diarra pour qui les solutions aux difficultés du pays doivent être imaginées dans un cadre plus élargi que les carcans et synergies internes des partis politiques. «Nous avons besoin d’unité politique», a conclu le président du vieux parti de l’Indépendance, avant que son homologue des FARE ne lui marque dans les pas. Quoiqu’il appartienne à l’opposition, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé est tout aussi persuadé du grand besoin de reconstruire le Mali autour des forces du progrès avec le PASJ comme locomotive, en tant que formation qui en détient la responsabilité historique.

Même sons de cloche du côté du représentant de Soumana Sacko comme de celui du président de l’APR, Oumar Touré. Le premier a émis le souhait que les assises de l’Adéma déclenchent pour de bon la conférence de la refonte tant réclamée par l’essentiel de la classe politique, tandis que le second a déclaré que le PASJ peut compter sur l’APR dans l’émergence du «grand front de gauche» dont il avait été question lors de précédents échanges entre leurs deux formations respectives.

Le Rpm n’est pas en reste. «Il ne sert à rien de faire de la démocratie avec des forces éparpillées », a clamé la vice-présidente Oumou Bah, avant que le représentant de l’ASMA ne vienne réitérer l’appel longtemps lancé par Soumeylou Boubèye Maïga aux composantes de la classe politique malienne de se donner la main pour sauver le pays des forces obscurantistes.

Assaillis par tant de preneurs du grand pôle de gauche suggéré par l’Adéma approchés à cet effet, le premier responsable du Comité Exécutif, Pr. Tiémoko Sangaré, a dû se confondre dans les excuses d’avoir trainé les pas le démarrage du projet par des concertations. Il a ainsi pris l’engagement de précipiter les pas au rythme des ardeurs de la classe politique, des attentes et espoirs de redynamisation qu’elle repose sur l’émergence d’un grand ensemble politique par la refonte des entités atomiques . La 14 ème conférence aura eu le mérite non seulement d’en susciter l’engouement mais également d’en faire une priorité de la formation sur laquelle tous les yeux sont rivés pour traduire le rêve en réalité. «L’Adéma reste investi d’une mission particulière», en a déduit l’ancien président Dioncounda Traoré, en assurant que son parti jouera le rôle qu’on attend de lui aux côtés des forces du progrès.

 

Modibo Sidibé

Un farouche gardien du temple Adéma

Plus qu’un message ordinaire de parti invité, l’adresse de l’ancien Premier Modibo Sidibé, à la 14 ème Conférence nationale de l’Adéma, est un appel du pied sans commune mesure dans son bref parcours politique même du temps où la polémique enflait sur son intention de briguer la présidentielle sous la bannière des Abeilles.

Au fait, le président de FARE An Ka Wuli a toujours été compté pas ses partisans parmi les Abeilles, mais sa proximité avec ce parti n’a jamais été aussi affirmée et jamais lui-même n’a frappé aussi fort à la porte de la Ruche. Conviée comme tant d’autres représentants de formation politique aux dites assises, le cadet de Feu Mandé Sidibé, ancien vice-président du CE, a choisi d’afficher son militantisme au détour d’un étalage de tout ce qu’il partage comme conviction profonde avec la famille politique de son défunt aîné : le devoir d’être à l’avant-garde du combat pour la démocratie et les libertés, de préserver la mémoire et les sacrifices du 26 Mars contre la transfiguration. «Que nul ne s’y trompe, dans la crise que nous traversons, ce n’est pas la démocratie qui est en cause. Jamais les Maliens ne supporteraient de revenir à la dictature», a- t-il lancé, en réponse aux «révisionnistes» qui pensent faire porter les errements du pays à l’avènement de la démocratie, là où ne sont en cause que «la fiabilité des institutions et la confiance entre les citoyens et les gouvernants ».

Pour Modibo Sidibé, en effet, le Mali a connu certes des insuffisances, mais ce sont surtout des avancées indéniables qui ont jalonné les vingt dernières années essentiellement incarnées par l’Adéma-PASJ, un parti où l’ancien ministre d’Alpha Oumar Konaré ne peut se sentir étranger et dont il dit assumer fièrement le bilan ainsi résumé : «(…)la multiplication des routes et des ponts, les centre de santé communautaires, de référence, réforme et modernisation des hôpitaux, le triplement du taux de scolarité, les aménagements hydro-agricoles, les infrastructures scolaires, universitaires, sportives, la capacité énergétique et la desserte en eau potable, les infrastructures de télécommunications, l’ambition décentralisatrice, le Mali de nouveau à l’avant-garde de l’intégration africaine, passeport de la Cédéao, mandat au conseil de sécurité de Nations-Unies… ». Et Modibo Sidibé d’appeler les Adémistes à en éprouver de la fierté, insistant par ailleurs sur ce qu’il a partagé avec le PASJ d’ambitions, de vision, de projets, mais aussi d’obstacles rencontrés sur le chemin parcouru ensemble.

Tant de dénominateurs communs et d’expériences partagées, aux yeux de M. Sidibé, recèlent logiquement une capacité de rebâtir le Mali dans le cadre d’une «alternative politique crédible» : doter le Mali d’institutions, de ressources humaines et de la puissance économique «qui lui permettent d’ouvrir une page de son histoire. La responsabilité de cette tâche repose sur les épaules de l’Adéma qui, selon le président des FARE, pourrait décider d’amorcer ce tournant dès le 25 Mai prochain, à la commémoration de ses 25 ans. Ce faisant, le PASJ aura assouvi «l’appétit de renouveau démocratique et de gouvernance que connait le continent». Naturellement, Modibo Sidibé est pressé d’être à ce rendez-vous historique.

 

 

L’histoire très agitée des conférences nationales

 

La conférence nationale du Pasj, qui s’est achevée dimanche sous de bons auspices, est la quatorzième dans l’histoire de l’ancien parti majoritaire, du haut de ses 25 années d’existence marquée par des hauts et des bass, des tribulations auxquelles les différentes assises du genre ont justement servi le plus souvent d’arènes privilégiées pour les protagonistes. Tantôt apaisées lorsqu’elles elles revêtent peu d’enjeux ou tantôt agitées lorsqu’elles sont déterminantes, la série a commencé avec la première conférence nationale tenue en juillet 1993, dans le sillage de la sortie du président intérimaire de l’époque, Mamadou Laminé Traoré. Le coup d’essai s’est ainsi déroulée sous l’égide de celui qui abandonnera quelques mois plus tard ses camarades avec lesquels il a épluché et toiletté les textes du parti ainsi que son programme de gouvernement.

Au célèbre professeur, a succédé Ibrahim Boubacar Kéïta au congrès suivant, lequel a compté à son actif, en tant que président des Abeilles et Premier ministre, trois conférences nationales plus mémorables les unes que les autres. La première s’est tenue dans la foulée des élections générales mitigées de 1997, tandis que le deuxième annonçait déjà les malaises qui se sont finalement cristallisés au congrès ordinaire de 1999. Ces dites assises portaient les germes de l’atmosphère délétère ayant caractérisé la troisième conférence nationale sous la présidence du même IBK. C’est à cette instance, que l’actuel président de la République, alors agacé par sa mise à minorité, a fini par jeter l’éponge avec son célèbre aphorisme restée dans les mémoires : «Le parti qui se dessine ne correspond pas à mon éthique politique». Il s’agit de la 4e conférence nationale qui a consacré la victoire des rénovateurs sur les conservateurs à l’issue d’un bras de fer très corsé pour réunir la majorité qualifiée pour la convocation du premier congrès extraordinaire du Parti africain pour la solidarité et la justice.

Leur victoire aura consacré par la même occasion une interruption de la série des conférences nationales puisque l’appellation va même connaître une brève suppression dans le vocabulaire des Abeilles au profit d’un autre vocable : le ‘’conseil national’’. L’euphémisme ne fera pas taire pour autant les démons de l’agitation. Car, le premier conseil national, tenu en Juillet 2003, débouchera sur une marginalisation d’une célèbre figure de la ‘’rénovation’’, Mme Sy Kadiatou Sow, contrariée par ses camarades dans son combat pour la cause du candidat Adema de 2002, Soumaïla Cissé, qui avait alors choisi sa propre voie politique en portant l’Urd sur les fonts baptismaux un mois auparavant.

Ce n’était pas encore là fin de la saga. Le congrès ordinaire de 2004, qui a reconduisit Dioncounda Traoré à la tête du Pasj pour la deuxième fois, marqua la résurrection du terme ‘’conférence nationale’’ revenu dans les statuts des Abeilles pour désigner la même chose : une instance souveraine entre deux congrès pour décider des grandes orientations du parti et évaluer l’exécution des tâches assignées à sa direction. Mais, le terme a fait son retour dans le vocabulaire de la Ruche de façon pour le moins tonitruante parce que c’est à la 5e conférence nationale, en 2005, que les Abeilles vont se tirailler autour d’un enjeu de taille : la décision historique de renoncer à la candidature du Pasj à la présidentielle de 2007 au profit du président de la République sortant, ATT.

La bataille fera une autre grande victime en la personne du premier vice-président de l’époque, Soumeylou Boubèye Maïga, qui va écoper d’une suspension et d’une proposition à l’exclusion pure et simple à la conférence suivante.

Comme il est loisible de le constater, les congrès du Pasj peuvent avoir été plus décisifs et déterminants pour son destin, mais les jalons pour ce faire ont souvent découlé des conférences nationales quand elles ne sont pas organisées pour sacrifier à une simple formalité d’éligibilité à l’aide publique aux partis politiques.

Ils ont dit

Ils étaient plus d’une dizaine de partis amis à honorer de leur présence la cérémonie d’ouverture de la 14 ème Conférence nationale du PASJ dont quelques’ uns ont jugé nécessaire de se prononcer. Voici un résumé de l’intervention de certains représentants de formation au conclave des Abeilles, ainsi que la réplique d’un personnage particulièrement comblé d’éloges pour la circonstance, Pr. Dioncounda Traoré

 

Modibo Sidibé(FARE)

à propos de Konaré : «Grand merci à ce patriote et panafricaniste qui m’a donné la chance de faire partie des gouvernements successifs de l’ADEMA à des postes comme la Santé, les Affaires Etrangères, d’avoir eu la possibilité de cheminer pendant dix ans à ses côtés Ce furent des moments de progrès, de difficultés aussi, mais d’espérance sur le chemin de construction de notre pays, de notre démocratie : la multiplication des routes et ponts, les centres de santé communautaires, de référence , réforme et modernisation des hôpitaux, le triplement du taux de scolarité…».

Boulkassoum Touré (CODEM)

«…reconnaissance à l’Adéma pour avoir bénéficié de son accompagnement depuis la création de la CODEM. Nous sommes convaincus que la conférence atteindra se objectifs. La CODEM reste disposée à s’inscrire à l’école de l’Adéma. Nous remercions particulièrement Dioncounda Traoré qui mérite respect et considération»

Oumar Ibrahim Touré

(APR)

«Je porte cette écharpe de l’ADEMA avec beaucoup de fierté car il reste beaucoup d’ADEMA en moi. Cela me rappelle beaucoup de souvenirs. Il y avait des maux qui gangrenaient, c’est parce que nous avons mis en avant la conquête du pouvoir… Je salue Dioncounda Traoré pour ce qu’il a fait et ce qu’il nous a appris. Nous avons eu la chance d’apprendre auprès de lui. Si vous voulez avancer, appliquez la méthode Dioncounda »

 

Oumou Bah (RPM)

«S’il y a eu l’Accord c’est parce qu’on était au bord d’un gouffre que nous avons évité grâce à lui (Dioncounda Traoré, ndlr). Les Maliens vous diront toujours merci car président de la Transition, vous avez sauvé le Mali ».

Bocar Moussa Diarra (Um-Rda)

« Nous devons sortir de nos carcans. Si la transition a réussi, c’est grâce à la perspicacité de Dioncounda Traoré devant la complexité de la situation».

 

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