Ebranlé à la base par des divisions, le Rassemblement pour le Mali (RPM) est verrouillé au sommet autour d’un petit noyau de fidèles à Bocary Tréta qui nourrit des ambitions présidentielles.
Un an après la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta, le parti s’éteint par le fatalisme ou l’indifférence. Bocary Tréta apparaît de plus en plus comme un homme épuisé par une gouvernance très solitaire du parti. Alors qu’il aborde une étape cruciale de réorganisation, de clarification et de quête de cohésion. Mais suffit-elle à compenser les failles dans l’instance dirigeante du parti ? Seul, très seul. Trop seul ? Depuis la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta, le siège du Rassemblement pour le Mali (RPM) s’est réduit comme peau de chagrin. La bâtisse s’est vidée, la petite bande conquérante des poids lourds qui l’avaient accompagné vers la victoire s’est dégarnie. Au fil du temps, leur énergie s’est tarie, l’usure s’est installée.
Le chef du parti a sa part de responsabilité dans cette mauvaise passe. Il demeure le plus mauvais manageur, osent des cadres, surpris qu’il ne promeuve pas davantage les talents. Sambi Touré, ancien conseiller d’Ibrahim Boubacar Keïta, s’est désolé dans sa lettre de démission de la « gestion clanique et clientéliste » qui est une sombre nouvelle.
Bocary Tréta déçoit
«Depuis le départ d’IBK, la ligne n’est pas claire. Les règles ne sont pas respectées et le président prend des décisions en solo, au détriment du bureau politique national ».Pilier historique, Bocari Tréta, s’il déçoit, il n’est pas mort idéologiquement. Il ne déniche pas le remède miracle dans les méandres de son cerveau pour éteindre les divisions qui secouent les structures de base du parti, en dépit de ses supposés supers pouvoirs. Mais, ses fieffés partisans filent la métaphore militaire : « Il y a peu de volontaires pour monter au front » de la réorganisation, de la clarification et la quête de cohésion. D’ailleurs, beaucoup évitent de prendre des initiatives. Tréta a voulu le job, il l’a! » bougonne un fidèle qui espère voir sa tête hors de l’eau dans les semaines à venir, en se fondant sur capacité à transcender les difficultés du moment.
Son éventuelle candidature peut-elle dépasser les clivages ? Hésitera-t-il à couper les têtes qui auront le malheur de dépasser ? Des planqués évitent de prendre pour l’instant le risque d’un conflit frontal, sans renoncer à leurs ambitions présidentielles. Avec une certaine gourmandise les potentiels candidats écoutent attentivement les commentaires des rares militants au moral d’acier. Parfois excessifs, souvent pertinents, toujours fidèles à l’esprit de la reconquête du pouvoir ce sont des morceaux de franchise qui éclairent les discussions du moment. « Il est préférable de se demander lequel d’entre eux ferait un meilleur candidat pourHYPERLINK “https://www.lepoint.fr/sondages-oui-non/” la formation politiqueHYPERLINK “https://www.lepoint.fr/sondages-oui-non/” à la présidentielle ».
Le poids du passé
Dans un contexte sécuritaire de plus en plus marqué par des attaques terroristes, ces dernières années, le RPM ne peut se poser en rempart. D’abord concentrées dans la région de Kidal, extrême nord du pays, les violences se sont ensuite étendues au centre, puis au sud sous l’ancien régime, coupable aussi d’avoir traficoté les résultats des dernières législatives, ce qui lui a valu des contestations durement réprimées.
Les populations sont très critiques de l’ex-parti au pouvoir et ses alliés pour ses choix inadaptés et inopportuns d’une gouvernance sans vision et sans stratégie. Un procès en incompétence que balaient du revers de la main nombreux cadres qui pointent plutôt la responsabilité personnelle d’Ibrahim Boubacar Keïta qui a totalement tourné dos au RPM.
Georges François Traoré