Le RPM et l’Adema-pasj, deux coépouses d’un même mari : Ils cohabitent, mais ne s’aiment pas

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14ème Conférence Nationale de l’ADEMA-PASJ : Vers la création d’une formation politique de gauche ?
Pr. Tiemoko Sangaré, président Adema-Pasj (photo archives)

Décidément les deux grands mastodontes de la CMP que sont le RPM et l’ADEMA-PASJ ne se regardent  plus qu’en chiens de faïence. Ils ne ratent aucune occasion pour se tacler alors qu’ils se réclament tous de la Majorité et  disent soutenir les actions du Président de la République. Tantôt c’est le secrétaire général des tisserands qui affirme qu’aucun parti ne fera élire le Président IBK pour son second mandat, tantôt c’est le président de l’ADEMA- Pasj qui affirme que son parti n’acceptera plus qu’on se joue de lui au sein de la majorité. Cette guerre larvée entre l’ADEMA et le RPM n’aura-t-elle pas de conséquences sur la stabilité du régime? L’ADEMA-PASJ, l’un des piliers du Front anti putsch a-t-il compris le vote sanction du peuple en 2013 contre lui ?  Finira-t-il par claquer la porte de la Majorité si les discriminations et autres  intimidations continuaient ?

 

Le RPM et l’ADEMA-PASJ sont aujourd’hui les deux coépouses d’un même mari. Ils cohabitent, mais ne s’aiment pas. Le fossé ne fait que se creuser davantage et le Président de la République qui est censé être le trait d’union, contribue à radicaliser les positions de deux rivaux qui se regardent désormais en ennemis jurés. L’attitude du Président vis-à-vis de l’ADEMA explique en grande partie le comportement des caciques du RPM envers cette formation. A titre d’exemples, IBK n’a jamais consulté l’ADEMA pour composer ses gouvernements. Les hommes qui ont été choisis l’ont été  plus sur la base de leur soutien à sa candidature que sur leur militantisme avéré. Face à un pays en péril, le président IBK n’a jamais daigné demander l’avis de l’ADEMA qui a une grande expérience pour avoir géré le pays pendant 20 ans. Donc le comportement des cadres du RPM à l’égard de ceux de l’ADEMA est la résultante du mépris souverain que le Président de la République, IBK a vis-à-vis de tous ceux qui ont collaboré avec l’ancien Président de la République ATT. L’ADEMA n’a pas à se plaindre car sa place semble être plus dans l’Opposition que dans la Majorité. Mais comme à l’image de certains de ses caciques comme Ag Oumarou, qui dit ne pas avoir le mot « Opposition » dans son lexique, l’ADEMA est alors un parti « pouvoiriste » prêt à tout accepter. Il n’y a jamais eu de cohérence entre les discours tenus et les actes posés. On dénonce seulement sans agir. Deux exemples illustrent bien cette attitude. L’ordre d’arrivée au second tour des élections législatives à Nara avait été falsifié au vu et au su de tout le monde, et l’ADEMA, à travers ses premiers responsables avait bombé ses muscles pour dire « plus jamais ça ». La suite est connue, aux élections partielles d’Ansongo, le RPM avait taillé à sa mesure les résultats du premier tour en éliminant son allié-rival l’ADEMA alors que l’ordre d’arrivée normal le classerait 3e après l’URD et l’ADEMA d’après les résultats compilés par les partis sur le terrain. On se rappelle que le discours de l’ADEMA en la circonstance avait été martial. Le parti en avait même saisi la Cour Constitutionnelle aux fins d’annulation des résultats. Débouter de sa requête, l’ADEMA-PASJ avait fini à la surprise générale par appeler à voter pour le candidat du RPM au second tour.

En définitive, les conséquences de toutes ces incohérences politiques citées plus haut font que, de plus en plus, la base ne respecte plus les consignes du sommet. Et un sondage informel en dit long sur la position des militants ADEMA dont la majorité semble souhaiter la descente du parti dans l’Opposition. A ce rythme ce grand parti risque de perdre son aura d’antan et toute sa popularité.

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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2 COMMENTAIRES

  1. Un parti politique c'est simplement un projet de société pour la conquete du pouvoir.Il faut avoir le courage d'assumer ses convictions politiques pour que les militants ne vous suivent pas comme des moutons.Cest simplement domage pour les animateurs de la democratie malienne qui a tout de meme vingt ans donc majeur.On a dit au temps de Moussa que le consensus politique est antidemocratique, ATT l'a reussi.Aujourdhui ceux qui sont censés animer l'opposition n'en veulent pas.Donc finalement qui veut l'opposition?ATT n"a pratiquement pas eu d'opposition en temoigne son dernier gouvernement qui avait en son sein ceux qui se reclamaient de l'opposition.On ne rentre pas dans un gouvernement lorsqu'on ne partage pas son programme.Lorsqu'on est dans un gouvernement on partage ses convictions et on ne critique pas, solidarité gouvernementale oblige.Alors pour ceux qui participent au gouvernement actuel de grâce assumer le bilan et defendez le.Certes, la majorité oresidentielle est plurielle puisque venant de courants politiques divers.Mais, elle est unique dans la conduite de l'action gouvernementale qui est assise sur le projet de société pour lequel le Président a été elu.Alors pas question de tourner à gauche ou à droite,on s'inscrit dans une logique politique et on se reconnait dans le projet de société.
    Les animateurs de la scene politique malienne sont pourtant d'une grande maturité politique ,mais malheureusement ils ne parviennent pas à eclairer l'electorat et de façon generale toute la société qu'ils veulent diriger.C'est le vrai paradoxe.Il faut penser la politique autrement et faire le vrai jeu de la democratie.
    Voyez vous que depuis bientot 30 ans ce sont les memes acteurs du mouvement democratique au Mali qui gouvernent.Qu'est ce qui a changé pour les populations? Pouvons nous nous rejouir de l'ethique politique de nos dirigeants?Notre société est elle mieux gerée?Où est la dignité et l'honneur du malien? Dans nos villages, il ya pas aussi longtemps,le voleur et toute sa famille sont regardés d'un mauvais oeil,aujourdhui c'est le contraire qu'on voit.Acceptons aujourdhui les bonnes pratiques du socialisme de Modibo keita et adaptons les à l'environnement internationnal.Tant aujourdhui,on ne peut pas se departir des enjeux internationnaux dans la conduite de nos Etats.
    Lorsqu'on se reclame du socialisme,il ya des pratiques qu'il faut banir dans la conduite des afffaires de la cité.A la baule,les dirigeants africains ont accepté la democratie,mais à l'epreuve du temps ils n'ont jamais voulu mettre leurs peuples au coeur de la gouvernance politique.Comme si on disait à ces peuples nous vous acceptons tout ,mais laissez nous vous gouverner.On ne gouverne pas en fonction des desiratats du peuple, c'est pourquoi les assemblees parlementaires en AFRIQUE ne representent reellement pas les populations pour lesquelles elles se reclament.
    Je pense qu'il faut pour l'afrique une race de politiciens pour faire la politique autrement et gouverner pour le peuple.

  2. Ceux deux partis fraudeurs, nourris au même biberon et sortis de la même école font et feront la même quand ils sont au pouvoir. Habitués à pomper des derniers publics aucun n’accepte d’aller à l’opposition pour longtemps si lui refuse pas le pouvoir. Ce sont sangsues, des punaises.

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