RPM : La guerre des clans !

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Une vue du présidium lors de la conférence de presse
Une vue du présidium lors d’une conférence de presse du RPM (photo archives)

Le Rassemblement pour le Mali (RPM) serait au bord de l’implosion. Et pour cause. Des ministres en quête de légitimité ne reculent devant rien pour faire aboutir leur stratagème, au mépris des règles du parti. Trafic d’influence, corruption, népotisme et utilisation abusive des biens de l’Etat, sont entre autres les méthodes employées par ces caciques du RPM. Conséquence ? L’on assiste à une véritable guerre de clans au sein du parti présidentiel.

 

De Gao à Bamako, en passant par Bafoulabe, Goundam et d’autres localités, le parti présidentiel est en proie à des dissensions internes. Les luttes de positionnement orchestrées de mains de maître par des ministres du RPM, en quête de légitimité. Ceux-ci se battent ouvertement et en coulisses pour occuper le poste resté vacant du président du parti, devenu Chef de l’Etat, en juillet 2013.

En effet, depuis qu’IBK a pris ses fonctions de président de la République, son parti est confronté à de querelles de « chef ». Des tendances ont été créées de part et d’autre, par des élus et des ministres RPM. Et chaque clan s’estime « très proche » du président de la République. Conséquence : il s’arroge le droit de faire et défaire les comités, sous-sections et sections du parti. Des militants et cadres du RPM sont victimes de coups bas et autres menaces de ces ministres qui s’affrontent pour le contrôle du parti.

En commune V du district de Bamako, deux clans s’affrontent. L’un adossé à un jeune député et l’autre à un maire adjoint de Bamako. Chacun d’entre eux a pour mentor un ministre du parti majoritaire. Chaque camp a mis en place une section dont les responsables s’affrontent devant les tribunaux au vu et au su de la direction nationale du parti. Les militants RPM se livrent une « guerre » fratricide jusque dans les coins les plus reculés du pays. Dans ces localités lointaines, les partisans se vantent même d’appartenir aux clans de tel ou tel ministre. Donc la responsabilité des ministres RPM est énorme dans le déchirement, voire l’explosion en vue du parti présidentiel.

 

 

Les démons de la division

A Gao, les partisans du ministre Bocari Tréta se battent contre ceux de son homologue Abdoulaye Idrissa Maïga. Le 1er est secrétaire général du parti et deuxième personnalité du gouvernement dirigé par le Premier ministre Modibo Keïta. Quant au second, il est également membre du gouvernement et ancien directeur de campagne du candidat Ibrahim Boubacar Keïta. Chacun met en avant son statut et son rang pour influencer les militants afin de s’offrir leur soutien à l’occasion du congrès de désignation du futur président du parti.

A Goundam, le ministre Mahamane Baby multiplie les contacts, le trafic d’influence et autres gymnastiques pour damner le pion à l’honorable Oumar Traoré, qui a regagné le parti présidentiel après sa victoire aux dernières législatives. Avec les remembrements en cours, le ministre Baby, qui n’aurait jamais milité à la base, se positionne activement pour le poste de secrétaire général de la section de Goundam au détriment de l’honorable Traoré. Mais les partisans de ce dernier ne partagent, semble-t-il, pas cette incursion du ministre Baby dans une localité qui lui est totalement étrangère (politiquement)… Et la liste n’est pas exhaustive.

Les démons de la division sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Même si le RPM devrait en pâtir. La succession d’IBK va certainement laisser des plaies béantes dans le parti présidentiel. Qu’il s’agisse des ministres ou des députés, personne ne semble prendre conscience de la mesure des dégâts, et tenter d’y mettre fin. Et la descente aux enfers continue pour le parti majoritaire qui avait annoncé un congrès en ce mois de mars. Mais force est de constater que le congrès n’aura pas lieu. Parce que les dirigeants furent incapables de mettre leur égo de côté  et s’attaquer, enfin, à l’essentiel. La commission d’organisation du dit congrès est toujours confrontée à d’énormes problèmes, notamment la guerre des clans dans la mise en place des sections.

Il y a également l’épineuse question de la gestion des conflits entre d’anciens et de nouveaux militants. Dans le cercle de Goundam, les transfuges de l’Adema, débarqués au RPM, se battent pour dissoudre les sous sections validées avant leur arrivée. Les anciens du parti et la coordination de Goundam ne sont naturellement pas d’avis. Une situation qui aurait pris en otage la mise en place de la section de Goundam.

S’y ajoute le cas de ces nombreux opportunistes qui ont regagné le RPM après l’élection d’IBK. Ceux-ci, pour des raisons alimentaires, se sont précipités pour se faire de la place au sein des structures de base du parti…

Bref, le parti présidentiel est au bord du gouffre. Sa situation reste délicate avant la tenue des élections communales et régionales. D’ailleurs, une importante frange de ses militants prédise sa défaite à cette occasion. Pourvu que les dirigeants, notamment les ministres en compétition, mettent de l’eau dans leur vin, et laissent le libre choix aux militants de décider de leur avenir.

Sambou Diarra

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