Au cours de sa visite de 72 heures en Tunisie, sur invitation de son homologue Moncef Marzouki, le Roi Mohammed VI du Maroc a rencontré plusieurs personnalités parmi lesquelles le Chef du gouvernement tunisien, le président de l’Assemblée nationale Constituante avant de se recueillir sur la tombe des martyrs au cimetière de Sijoumi. Aussi, il a tenu un discours historique et plein d’émotions devant l’Assemblée nationale Constituante tunisienne.
Au programme de cette visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Maroc en Tunisie, des entretiens avec les plus hautes personnalités de l’Etat, la signature des accords et une intervention devant l’Assemblée nationale Constituante.
Dans son discours, Sa Majesté s’est dit très émotionné de se sentir parmi les siens avec lesquels il partageait la même affection sincère et autant de fidélité pérenne comme témoignages d’ailleurs dont il a fait l’objet à son arrivée.
Sentiment de fierté pour avoir retrouvé sa source dans les relations fraternelles enracinées dans l’histoire qui unit les deux peuples. Des liens spirituels et humains profonds scellés depuis des temps immémoriaux par la foi dans la communauté d’appartenance et de destin.
Devant l’Assemblée nationale Constituante tunisienne, le Roi Mohammed VI a exprimé l’espoir de voir raffermir davantage les liens de fraternité et de solidarité qui unissent les deux Etats frères, de construire des relations de coopération fructueuse pour en faire un modèle dans les relations maghrébines. C’est pourquoi d’ailleurs le roi du Maroc a réservé le plus grand nombre de ses visites dans les pays maghrébins à la Tunisie. Raisons évoquées par Sa Majesté : ” J’ai toujours considéré que les transformations que connait la Tunisie m’intéressent en ma qualité de ” Roi du Maroc “, mais aussi et tant que Marocain attaché à la fraternité marocco-tunisienne “.
Il a salué les réformes engagées par la Tunisie dans différents domaines et le rejet unanime par l’ensemble des composantes de la société tunisienne, des démons de l’extrémisme, de la violence et du terrorisme, constituent la voie idoine pour concrétiser les espoirs et les aspirations de tout un peuple. Des réformes qui sont d’ailleurs gage de la stabilité politique et offrent à tous la garantie d’améliorer leurs conditions sur le plan socio-économique.
Le Roi Mohammed VI a appelé son homologue tunisien au raffermissement de leurs relations et de travailler afin de les hisser au niveau du partenariat stratégique exemplaire. Cette volonté commune doit se décliner en projets structurants prometteurs surtout dans les domaines prioritaires où les questions de développement humain figureront au cœur des orientations.
Une exploitation judicieuse et optimale de ces orientations donnera assurément à la complémentarité maghrébine une nouvelle expression concrète pratique et réaliste.
Pour sa part, a promis Sa Majesté devant l’Assemblée nationale Constituante, le Maroc n’épargnera aucun effort pour raffermir ses relations avec les autres pays maghrébins frères qui sont mus par la même volonté.
En effet, l’ambition des pays du Maghreb d’édifier une région forte, capable de remplir leur rôle sur le plan politique, économique, social et sécuritaire, doit se concrétiser et se reposer sur de solides relations bilatérales unissant les cinq Etats du Maghreb et doit s’appuyer, par ailleurs, sur des projets inclusifs permettant de renforcer la position et de l’évolution de l’Union Maghrébine. Seules conditions pour leur union pour ne pas manquer le rendez-vous de l’histoire pour ne pas demeurer en dehors de la logique du temps.
Or, le blocage de l’Union Maghrébine fait obstacle aujourd’hui à l’exploitation optimale des richesses et des potentialités que recèlent leurs pays. En un mot, leur avenir hypothéqué. Aucun pays ne peut venir à bout, seul, à la lutte contre l’insécurité. Car, l’expérience a démontré que les approches exclusives sont inopérantes pour faire face aux dangers sécuritaires qui guettent la région, surtout au regard des défis que connait l’espace sahélo-sahalien en la matière.
Aujourd’hui, l’Union Maghrébine n’est plus un choix facultatif ou un luxe politique superfétatoire. Elle est devenue plutôt une revendication populaire pressante, une exigence régionale stratégique incontournable. Des raisons, d’après le Roi Mohammed VI, qui devraient inciter depuis des années les pays maghrébins à aller vers l’émergence d’un ordre maghrébin nouveau, sur la base de l’esprit et de la lettre du traité de Marrakech fondateur depuis 25 ans. Un ordre qui permet à cinq Etats d’accompagner les mutations rapides qui s’opèrent dans la région, et ce, à partir d’une approche participative globale, propre et prête à relever les différents défis qui se posent en matière de développement et de sécurité.
Avant de terminer, Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Maroc, a invité les Etats du Maghreb à faire preuve de volonté sincère pour surmonter les obstacles et les écueils artificiels qui entravent le lancement effectif de leur Union dans un climat de confiance, de dialogue, de bon voisinage et de respect mutuel tout en tenant compte des spécificités nationales. Cette émergence d’une union maghrébine doit s’inscrire dans une démarche pragmatique et avoir un contenu concret qui traduira les aspirations des peuples de la région.
La fin de cette intervention royale qualifiée d’historique à l’Assemblée nationale Constituante tunisienne a été accueillie par un tonnerre d’applaudissement.
B.KONÉ