Rififi au sein de la majorité présidentielle : Quand l’ADEMA se fait tancer par le RPM sur l’affaire des “engrais frelatés”

La ” visite de courtoisie ” que la délégation de l’ADEMA-PASJ a rendue aux dirigeants du RPM, à leur siège, le vendredi 3 juillet, s’est plutôt transformée en une houleuse rencontre par le fait que  l’affaire des engrais frelatés s’est invitée dans les échanges ; les seconds reprochant aux premiers ” l’impertinence et le manque de loyauté ” du député ADEMA de Koutiala, Bakary Koné, qui avait acculé de ” questions orales ” le ministre Secrétaire général du RPM, Dr Bokary Treta.

Cette réunion se situe dans le cadre de la série de visite de courtoisie que le nouveau bureau de l’ADEMA-PASJ (issu du 5ème congrès ordinaire du parti) rend à différentes formations politiques depuis quelques semaines.

C’est ainsi que le président du parti de l’abeille, Pr Tiémoko Sangaré et ses principaux lieutenants ont fait le déplacement du siège du RPM, dans l’après-midi du vendredi 3 juillet pour échanger autour des grands sujets de l’actualité nationale. A peine les discussions entamées, rapportent nos sources, des cadres du RPM ont alors pris la parole pour demander des explications aux dirigeants ADEMA sur ” la récente prise de position critique et suspicieuse “ du député Bakary Koné, élu dans la zone CMDT de Koutiala, à propos de l’affaire dite des ” engrais frelatés “.

En clair, les responsables du RPM, avec à leur tête le président intérimaire, Dr Boulkassoum  Haïdara, non moins président du Conseil économique social et culturel (CESC) se sont offusqués des ” questions orales “ posées par l’honorable Bakary Koné, qui n’a pas hésité à pousser le ministre du Développement rural jusque dans ses derniers retranchements. En insistant sur ses questions : ” Quelle est la quantité d’engrais de mauvaise qualité introduite dans notre pays ? Où se trouvent actuellement ces engrais ? Peut-on les retirer de la consommation ? A combien s’élèverait la perte de la production agricole si cet engrais venait à être utilisé ?  Quelles sont les effets de cet engrais sur les hommes, sur le sol, sur les plantes ? Comment les marchés ont-ils été attribués ? Qui sont les bénéficiaires de ces marchés ? Dites-nous les montants desdits marchés ? A quel moment précis avez-vous été informé que ces engrais sont de mauvaises qualités ? Qui vous a informé de la mauvaise qualité des engrais ? Les dispositions sont-elles déjà prises par votre département pour remplacer les quantités de mauvaises qualités afin de sauver la campagne agricole en cours ? Les personnes mises en cause ont-elles été identifiées ? Quelles sont les dispositions prises pour éviter de tels désagréments dans l’avenir ? “

En d’autres termes, les dirigeants du parti du tisserand auraient préféré que l’élu de l’ADEMA cherchât des réponses à ses préoccupations sur le dossier de ces engrais par simple voie administrative en approchant (discrètement) le ministre Treta, dans les quatre murs de son bureau feutré de la Cité administrative. Le fait que le représentant du peuple ait choisi la voie de l’étalage de l’affaire sur la place publique avec retransmission en direct à la télévision nationale a visiblement déplu au RPM. Ce qui avait d’ailleurs été traduit par le fameux “j’ai confiance en ma majorité “ qu’avait lâché le ministre Treta, visiblement à bout de souffle lors de cette interpellation.

Selon nos sources, ce reproche adressé à l’ADEMA n’a pas eu un écho favorable puisque Tiémoko Sangaré et ses amis ont sorti l’argument des préoccupations locales qui justifient que le député puisse exercer ses droits de contrôle de ‘action gouvernementale en faisant fi des alliances politiques. Et un cadre de l’ADEMA d’ajouter que si des reproches devraient être faits dans cette affaire, le RPM ne devait s’en prendre qu’à lui-même ; puisque c’est son député élu en commune VI, Bafotigui Diallo qui a été le premier parlementaire à évoquer ce dossier des engrais hors norme introduits sur le territoire malien. Après que IBK et le Premier ministre Modibo Kéita n’en pipent mot, brandissant des menaces de sanctions contre les éventuels coupables ou complices.

Rappelons que le député SADI Oumar Mariko a aussi interpellé récemment le ministre Bokary Treta sur la problématique des engrais et de l’accaparement des terres, mais comme le parti SADI n’a pas la même envergure (5 députés) que l’ADEMA, le RPM ne s’est pas encore préoccupé d’en faire un drame. Surtout que le député de Kolondiéba et président de SADI, plus à l’aise dans une stature d’éternel opposant, est presque toujours au bord de la rupture avec le parti au pouvoir.

                                           Bruno D SEGBDJI

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