Suite au conseil des ministres du 19 octobre, les Maliens ont appris que pour la première fois de leur histoire, ils seront appelés à s’exprimer doublement sur la modification de la Constitution de 1992 et sur le premier tour de l’élection présidentielle. Ce rendez vous couplé donné aux Maliens par le gouvernement de la République du Mali est fixé au 29 avril 1992.
Ce jour là, les Maliens sont invités à dire s’ils approuvent la modification proposée de leur constitution et lesquels des candidats seront présents au second tour de la présidentielle.
L’on dira qu’en faisant le couplage du référendum et du premier tour de l’élection présidentielle, le coût est moindre par rapport à leur tenue séparée. Certes, le référendum a un coût non négligeable. Mais avec la volonté politique, rien n’est impossible.
Mais à regarder de près dans la tenue en même temps du référendum et du premier de la présidentielle, il y a des calculs au-delà du coût :
Premièrement, les autorités maliennes ne peuvent convaincre sur l’opportunité de la tenue d’un référendum au regard du bilan qu’elles jugent satisfaisant d’une existence de deux décennies de pratique démocratique dans notre pays.
Deuxièmement, il n’y a nul doute que d’autres Maliens peuvent, à temps opportun, procéder à la révision de notre constitution quand on sait qu’à ce jour, les modifications proposées ne peuvent apporter à la marche «démocratique» de notre pays aucun changement véritable.
Troisièmement, ATT a compris que bien de ses compatriotes jugent inopportun la tenue d’un référendum, vu le risque de retour à l’autocratie d’un président.
Quatrièmement, il y a une très grande possibilité de voir les Maliens boycotter le référendum si celui-ci se tenait seul.
Cinquièmement, en voulant faire à tout prix un couplage référendum et premier tour de la présidentielle, les partis politiques choisiront d’aller aux urnes ou alors de boycotter le tout. En ce moment, le régime ATT se frottera les mains pour mieux rester au trône.
Le couplage devient ainsi un couteau à double tranchant :
1. En boycottant le référendum, les partis politiques boycotteront du coup le premier de la présidentielle. Ce qui rallongera davantage leur temps de touche à la lisière du trône.
2. En allant au premier tour de la présidentielle, ces partis politiques entérineront du coup le contenu de la nouvelle constitution dont le débat n’a convaincu personne vraiment.
Un argument peu raisonnable laisse entendre que ATT ne gagne rien dans la modification de la constitution, étant donné qu’il quittera Koulouba au terme de son second mandat. Mais, là, on oublie carrément que ATT a tout intérêt à passer le pouvoir à d’autres avec suffisamment de mesures de précaution. C’est que l’on appelle majestueusement en jargon politique «préparer sa succession». Cela à l’avantage d’éviter de se faire rattraper par l’histoire.
Visiblement, que dire du couplage du référendum et du premier tour de la présidentielle de 2012 si ce n’est qu’il y a une incontestable imposture. Mais comme on le dit souvent, si les hommes font l’histoire, ils ne la font pas arbitrairement dans des conditions voulues choisies par eux. Ils se conforment nécessairement à des conditions objectives déterminées par le cours des évènements.
En attendant le temps de ce couplage force- né, il convient de retenir que notre peuple n’a pas besoin de référendum pour l’instant. Cela est d’autant exact qu’au lieu de disperser les énergies et l’économie dans la fabrication de nouvelles montures de lois, il serait plus utile pour notre peuple d’appliquer dans les termes précis les dispositions de la Constitution de 1992. Car, toute loi ne vaut que par son application. Notre peuple avait compté sur un changement véritable après la chute de l’apache régime du général Moussa Traoré.
Visiblement, la montagne a accouché d’une souris : le changement réclamé en chœur par notre peuple se fait toujours attendre.
Aussi, faut- il rappeler nos lecteurs que le gouvernement de la République du Mali s’est rendu coupable de l’escroquerie à grande échelle du salaire des travailleurs maliens sous le prétexte fallacieux de l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Visiblement, elle sera parmi les raisons d’un mécontentement général.
Sans oublier que chaque jour que Dieu fait, la misère s’aggrave au Mali : les nantis deviennent plus nantis et les pauvres plus pauvres.
II n’est pas encore tard pour ATT de sortir par la grande porte. Pour le bonheur de notre peuple.
Fodé KEITA