A entendre le patron de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) parler à ses troupes, on s’achemine droit vers des lendemains tumultueux, si l’on n’y prend garde. En effet, après avoir constaté amèrement que les députés n’ont pas tenu compte du rejet du projet de réformes constitutionnelles par l’UNTM, Siaka Diakité interpelle ATT, seul en mesure d’arrêter la machine, en renonçant au référendum. Mais en attendant, le patron de l’UNTM ne se contente pas seulement de déclaration. Il met ses troupes en état d’alerte et leur demande de ne pas tomber dans le piège de la politisation des syndicats pour faciliter l’aboutissement des dossiers qu’il est en train de gérer, dont le relèvement de l’âge de la retraite à 62 ans.
Avec Siaka Diakité, il faut s’attendre certainement à des actions contre le référendum dans les prochains jours. En effet, en se mettant au-devant de la scène, avec le collectif “ Touche pas à ma Constitution “, l’UNTM trouve des alliés et un cadre d’action élargi et, du coup, donne un poids non négligeable à ce regroupement, fort de 80 associations, syndicats et partis politiques, tous décidés à s’opposer à la tenue du référendum constitutionnel considéré comme du simple vernis démocratique. Lors de la conférence de presse organisée par ce collectif, mercredi dernier, à la Bourse du travail, Siaka Diakité n’a pas pesé ses mots pour mettre en garde le gouvernement qui s’entête à vouloir organiser trois élections en l’espace de six mois, en 2012. Non seulement cela pose des problèmes organisationnels, selon lui. Il propose tout simplement de renoncer au référendum pour se consacrer uniquement à parfaire la tenue des élections générales dont le fichier est déjà source d’inquiétude.
Ce n’est pas tout. Il en profite pour rappeler au gouvernement qu’il ne sert à rien d’engloutir des milliards de nos francs dans un référendum dont le Mali pourrait se passer, alors que le gouvernement peine à respecter ses engagements, notamment l’application de protocoles d’accord signés avec les syndicats. Un argument de taille pour mettre les troupes de l’UNTM en ordre de bataille.
Pour le moment, Siaka Diakité se consacre au renouvellement des instances des différentes sections syndicales de l’UNTM, avant le tout prochain congrès de la centrale qui aura lieu après le renouvellement de toutes les structures de base. Il tient à superviser lui-même les assemblées des sections, pour être à l’abri d’impairs et de manipulations en cette période d’effervescence pré-électorale où les politiques cherchent à happer tout ce qui se trouvent sur leur chemin, dans leur recherche effrénée de massification de l’électorat. C’est pour dire combien Siaka Diakité tient à l’intégrité de sa centrale syndicale, au vu des combats très prochains à mener dont le relèvement de l’âge de la retraite à 62 ans pour lequel il y a des grincements de dents au niveau du secteur privé et une partie de l’Administration publique.
A chacune de ses sorties, ces derniers temps, il ne cesse de demander à ses militants de se méfier de la politisation des syndicats et de rester unis pour faire aboutir les nombreux dossiers que la Direction de l’UNTM est en train de gérer. A défaut d’être un mot d’ordre, c’est quand même un message on ne peut plus clair.
Cependant, l’on verrait mal ATT renoncer à l’organisation du référendum constitutionnel après avoir soumis à la représentation nationale le texte relatif à la nouvelle Constitution, finalement adopté par les députés de l’Assemblée nationale.
Le processus est enclenché et le seul obstacle à l’organisation du référendum semble être la campagne habituelle de révision des listes électorales, qui s’étend du 1er d’octobre au 31 décembre. C’est pourquoi les députés avaient demandé que le référendum se tienne en début de l’année 2012.
Rappelons que le problème qui se pose pour le collectif, plus précisément pour Siaka Diakité, ce n’est pas de faire campagne pour demander aux citoyens de voter non au référendum. C’est plutôt l’organisation de ce référendum même qu’ils remettent en cause. Pour eux, il ne doit pas se tenir. L’on se demande alors, quel tour Siaka Diakité et ses alliés du collectif “ Touche pas à ma Constitution ” auraient-ils dans leur besace pour y parvenir. Mais sans préjuger de quoi que ce soit, laissons l’avenir, meilleur juge, nous en dire plus.
Kassoum THERA