Le projet de reformes constitutionnelles initié par le président de la République, Amadou Toumani Touré, crée des remous supplémentaires au sein de la classe politique. Le débat a été lancé, le samedi 16 juillet, par les partis regroupés au sein du Centre Malien pour le Dialogue Interpartis et la Démocratie (CMDID). Ils ont souligné plusieurs points nécessitant des amendements avant l’organisation du référendum.
Le projet de loi portant sur la révision de la constitution du 25 février 1992 est sur la table de l’Assemblée Nationale. Il sera examiné par les députés pendant la session extraordinaire en cours. Etant donné que le ficher électoral tiré du RACE n’est pas encore nettoyé, le référendum attendra l’année prochaine, probablement entre janvier et février. Rappelons que la conception de ce projet a été conduite par Daba Diawara. Celui-ci a été nommé ministre chargés des reformes de l’Etat pour défendre son projet et le mener jusqu’au bout. Pour l’instant, ces reformes sont utilisées par les partis politiques afin d’en faire une autre source de polémique. On assiste aux mêmes cacophonies que lors des discutions autour d’un fichier consensuel. On souffle le chaud et le froid. Le Centre Malien pour le Dialogue Interpartis et la Démocratie (CMDID) a lancé le débat, le weekend dernier. Plusieurs points ont été soulignés comme des lacunes. Parmi eux, on peut citer la référence à la charte de Kouroukanfouga qui ne reflète pas les réalités d’aujourd’hui à plusieurs endroits, les attributions du président de la République, le programme du premier ministre, la discrimination positive, les conditions de nomination des membres de la haute cour de justice, le sénat, la nationalité du président de la République et tant d’autres. Certains hommes politiques, surtout les cadres de l’ADEMA, après avoir pointé du doigt ces lacunes, jouent à l’apaisement. Selon eux, le gouvernement doit consentir des amendements pour avoir leur accord au vote. Mais plusieurs autres se sont insurgés contre le projet bec et ongle.
Réformes institutionnelles : Repoussées comme la peste
Ces derniers le repoussent comme la peste et trouvent qu’en ce moment, le gouvernement ne devait pas le sortir de son tiroir. Pour Tiéblén Dramé du PARENA, le but est de donner une légitimité royale au futur président de la république. Il va monopoliser tous les pouvoirs. La même analyse a été faite par Mamadou Gakou de la COPP et Zoumana Sacko de la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS) Faso-hèrè qui a, par ailleurs, affirmé que ce projet est antidémocratique. En un mot, c’est maintenant que le débat est ouvert sur la situation. Chacun veut faire entendre sa voix. Mais il faut se demander pourquoi avoir attendu tout ce temps pour dénoncer ? C’est sûrement dû au piège d’ATT qui a fait venir tous les partis politiques pour partager le gâteau durant presque tout son 2ème mandat au nom d’une hypothétique union au sein du gouvernement. Lors de la présentation bien médiatisée de ce projet, à Koulouba, l’année dernière, tous les hommes politiques présents l’ont acclamé. A la lecture du projet de texte relatif à la transhumance politique, les acclamations ont fusé.
Nos cadres politiques ont apparemment montré qu’ils étaient contre ce phénomène de va-et-vient entre les différents partis. Mais parmi les plus alertes dans les acclamations, beaucoup n’ont pas attendu longtemps pour déserter leurs partis. Après la cérémonie, tous les commentaires ont été favorables au document, à son initiateur. ATT, les connaissant bien, a attendu le moment où ils ont tous les yeux fixés sur Koulouba pour provoquer la polémique. Des suspicions font dire qu’il fait toutes ces manœuvres pour faire élire son dauphin qui pourrait jouir de tous les pouvoirs. Ce qui veut dire que la polémique continuera jusqu’en avril 2012.
Issa Santara