Les élus de la nation ont voté hier, à l’Assemblée Nationale, le projet de loi portant sur la révision de la constitution avec 141 voix, 3 contre et une abstention contre zéro votant. Et cela, malgré l’opposition de 90% des personnes ressources consultées sur la question. Du coup, tout porte à croire que le vote référendaire pour la réforme constitutionnelle se heurtera au refus du peuple malien.
Au contraire des différentes composantes de la société civile, les parlementaires ont adopté le projet de reforme dans leur écrasante majorité. L’honorable Daouda, député Adema élu à Kayes s’est abstenu. Quand à l’honorable Gossi Dramera de l’URD, celui là-même qui a refusé de voter le code des personnes et de la famille, a été très clair sur cette révision. Ce, malgré son appartenance à la majorité présidentielle et à la représentation nationale : « Il ne faut pas voter cette constitution dans la précipitation…nous avons fait plus de six (6) mois pour examiner la constitution de 1992 avant de la voter », a-t-il souligné.
Il a évoqué plusieurs points contraignants de cette nouvelle constitution. Comme celui tendant à élargir le cadre juridique des mesures particulières en faveur des femmes. Il s’agit précisément de l’article 2 de ladite constitution qui stipule que « … L’accès des femmes aux mandats électoraux et fonctions électives peut être favorisé par des mesures particulières prévues par la loi et les textes réglementaires ».
Selon l’honorable Gossi Dramera, cet article n’est pas acceptable : « Il faut que les femmes s’imposent à travers leurs compétences et les jalons posés ». Pour lui, il faut que l’Assemblée Nationale se soucie du peuple avant l’adoption d’un tel projet. Le projet de constitution inopportun
Pour la minorité au sein de la Représentation nationale, ce projet de révision constitutionnelle est inopportun.
Selon l’honorable Oumar Mariko, il vaut mieux veiller à l’équilibre des institutions. Surtout que le moment est mal choisi par rapport à l’organisation des élections générales de 2012. Sachant que le gouvernement n’a pas encore pu produire un fichier consensuel pour les élections prochaines.
Aux dires de l’opposant malien, cette nouvelle constitution fait du président de la République un super homme. C’est lui seul qui a la possibilité de nommer plusieurs chefs d’institution au lieu de procéder à un vote. Pour le député du parti SADI, le Dr Oumar Mariko, ce projet n’est pas un chemin qui nous conduit à une république démocratique. « La plupart des personnes ressources écoutées ont reconnu que ce projet est inopportun en ce moment », a-t-il révélé.
Par ailleurs, il soutient que l’enjeu de cette constitution n’est pas ATT, mais le futur président de notre pays. Raison pour laquelle, l’honorable Oumar Mariko martèle qu’il faut une constitution dans laquelle les Maliens se reconnaissent. Pour ce faire, il a invité les trois députés du SADI à ne pas cautionner cette constitution qui pour eux est un coup de poignard dans le dos du peuple malien : « oui à la personnalité politique du président ATT. Non à un Messie. Car le Mali n’a pas besoin du Messie », fulmine l’honorable Mariko.
L’Honorable Gassama rejoint Oumar Mariko
Le hic dans ce débat est la position de l’élu de Yélimané, le député Mamadou Hawa Gassama Diaby. Il annonce les couleurs en ces termes : « les 90% des personnes écoutées sont contre cette réforme ; alors pourquoi vouloir coûte que coûte voter ce projet de loi… ». Ainsi, l’emblématique député de l’URD se rallie au député du SADI le Dr Oumar Mariko. Tout en le félicitant à plusieurs reprises pour ses propos : « Rien ne doit vous décourager l’honorable Mariko. En vérité, je te soutiens pour tes critiques par rapport à l’adoption de cette révision constitutionnelle ».
Selon lui, l’honorable Oumar Mariko n’a dit que du vrai : « je dis cela, malgré le positionnement de mon parti, qui est membre de la majorité présidentielle ». Il signale au passage qu’il va voter pour cette constitution malgré lui-même : « Il serait important que le peuple soit d’abord au courant du contenu de cette nouvelle constitution ».
Il estime que les Maliens ont le droit d’être informer avant l’adoption de ladite constitution. De toutes les façons, « on a le droit de la critiquer.
Il s’inquiète: « d’autre part, c’est grave…très grave…tout le monde a vu la position du peuple face au code des personnes et de la famille ». Avant de signaler à ces collègues députés, qu’il ne faudra pas faire encore des mécontents au sein du peuple. Mieux, l’honorable Gassama en invitant les députés à ne pas exploser le Mali en votant cette nouvelle constitution dira qu’il a foi au peuple, qui pour lui n’est pas prêt à voter pour cautionner cette nouvelle constitution.
Par ailleurs, faut-il noter que plusieurs articles ont suscité des débats intenses entre les députés de la majorité, surtout la teneur de l’article 31 qui stipule que « tout candidat à la fonction de président de la République doit être de nationalité malienne d’origine, jouir de ses droits civiques et politiques et, avoir renoncé à toute autre nationalité ».
Oumar Diakité