Sur l’arène politique, ça chauffe à Bamako comme à l’intérieur. Et pour cause ? La révision de la Constitution de 1992 initiée par le Président de la République et adoptée par l’Assemblée nationale, fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les partisans du Non continuent de tirer à boulets rouges sur le pouvoir tout en qualifiant ledit projet de reforme de haute « trahison contre la nation malienne ». Après avoir battu le pavé le 17 juin dernier, la plate forme « An tè .A bana » se dit plus que jamais déterminée pour obtenir du gouvernement un retrait pur et simple dudit projet. C’était lors du meeting organisé par la plateforme, le Samedi 1er juillet à la place du cinquantenaire à l’ACI 2000.
Après sa marche du 17 juin 2017, la plateforme ‘’An Tè son , A Bana’’ ne touche pas à ma Constitution n’est toujours pas contente de l’attitude du Président de la République qui tient vaille que vaille à son projet de reforme de la Loi Fondamentale de 1992. Ses partisans sont plus que jamais déterminés à faire plier celui-ci devant son projet. Pas plus tard que le 1er juillet dernier, ils sont de nouveau montés au créneau pour demander le retrait pur et simple du texte proposé au référendum.
En effet, pour extérioriser leur détermination devant la cause qu’ils soutiennent mordicus, la plupart des manifestants ont arboré un ti-short rouge que supportait une casquette de même couleur.
A 10 heures tapantes déjà, une marée humaine a pris d’assaut la place du Cinquantenaire de la Capitale dans l’ancienne zone aéroportuaire. Signe très évocateur pour les marcheurs dans la mesure où, il s’agit du symbole de plusieurs décennies d’indépendance.
Devant le podium avec des pancartes en main, les manifestants criaient à haute et intelligible voix des slogans hostiles au régime notamment au projet de révision de la Constitution : « Carton rouge IBK ! Non à la révision constitutionnelle ! Non à la Monarchie ! ».
Plusieurs leaders politiques et de la Société civile ont répondu présents à la marche du 1er juillet à savoir : l’honorable Soumaïla Cissé non moins chef de file de l’opposition, le Secrétaire général de la CSTM Ousmane Hamion Guindo, l’ancien Premier ministre de la transition de 1991 Soumana Sacko ; le président du Parena, Tièbilé Dramé, Dr Oumar Mariko du (SADI), Modibo Sidibé (Fare an ka wili), l’honorable Amadou Thiam de ADP Maliba le chroniqueur Ras Bath. Et la liste n’est pas exhaustive.
Prenant la parole, la présidente de la plateforme, Mme Sy Kadiatou Sow a expliqué le contexte et l’objectif de ce meeting.
« Le message qu’il faut entendre est que partout, c’est la détermination. La détermination de la jeunesse malienne à préserver ce qu’elle considère comme essentiel. La jeunesse s’est mobilisée, elle a dit que cette constitution là, c’est leur constitution. De réviser cette constitution sans prendre leur avis, sans consulter l’ensemble des Maliens, elle dit non, elle n’est pas d’accord », a-t-elle martelé.
L’honorable Soumaila Cissé a qualifié, pour sa part, le projet de révision de mensonge que le gouvernement instrumentalise au motif qu’i serait un vecteur de paix.
« Ils veulent changer la Constitution pour faire ce qu’ils veulent. On ne peut pas construire le Mali sur le mensonge. On nous a dit que l’accord d’Alger une fois signé qu’il y aura la paix, est ce qu’il y’a la paix ? On nous a dit qu’après l’installation des autorités intérimaires qu’il y aura la paix, est ce qu’il y’a la paix ? Après la Conférence d’Entente Nationale, est ce qu’il y’a la paix ? Mensonges ! C’est raison pour laquelle, si cette constitution est votée, il n’y aura pas non plus la paix », a-t-il analysé.
L’Honorable Amadou Thiam de ADP Maliba va plus loin, sans pourtant s’ériger en prophète de Cassandre, mais en vrai pessimiste quant à l’avenir et au devenir de nation malienne. « Si on vote cette constitution, c’est la fin du Mali. Il faut savoir que notre pays est sous l’autorité d’autres pays. Nous devons soutenir le Président de la République. Nous devons nous mobiliser pour qu’il ne tombe pas dans le piège», a-t-il regretté.
Le Président du Parena Tièbilé Dramé a abondé dans le même sens. Sans oublier de lancer un cri de cœur à ses compatriotes : « Mes frères et sœurs, si on reste sans rien faire, ils vont détruire ce pays. On n’est pas d’accord qu’on nous impose une Constitution venue de la France. Nous demandons un retrait pur et simple d’une constitution faite hors du Mali ».
A son tour, l’ancien Premier ministre Soumana Sacko a tiré à boulets rouges sur le pouvoir affirmant qu’avec la nouvelle « Constitution, ils veulent renforcer davantage le pouvoir du Président de la République. An tè an té Son (on n’est pas d’accord). Cette constitution, c’est une monarchie héréditaire de droit supra-constitutionnel à durée indéterminée. Elle a été élaborée en France et qui a coûté plus 1 million Euro aux contribuables Maliens. Nos autorités veulent trahir le pays, mais nous les laisserons pas faire»
Même son de cloche pour le président de FARE an ka wili non moins ancien Premier ministre Modibo Sidibé : « Ce sont les citoyens qui font la constitution. C’est un consensus. Cette constitution ne va pas servir le Mali »
Enfin pour Dr Oumar Mariko du SADI, connu pour sa vocation de pourfendeur des régimes, « les Maliens sont engagés à mener un combat pour leur honneur et dignité. Nous ne pouvons pas parler de la constitution dans un contexte de l’insécurité résiduelle. Ensemble nous irons jusqu’au bout. Car IBK a trahi le Mali », s’est-il lamenté.
C’est dire que le Président de la République doit aujourd’hui écouter la voix de la sagesse que se laisser entrainer dans une aventure qui pourrait être sans lendemain. A y voir de près, dans plusieurs pays à travers l’Afrique, les contestations référendaires ont abouti à des situations malheureuses que personne ne souhaiterait pour notre cher Mali.
Mountaga DIAKITE