Rétrospective 2014 : Les péripéties d’une année bling-bling et couac-couac

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Tentative de justification - Congrès - luxe
SEM Ibrahim Boubacar KEITA

Tout semblait pourtant bien démarrer, le pays, avec l’élection démocratique d’un président de la République et la mise en place d’une assemblée nationale, s’est doté des institutions légitimes que lui réclamait la communauté internationale afin de l’aider à sa reconstruction grâce aux promesses faites en 2013 à Bruxelles. Tout semblait donc normal. Sauf que des voix s’élevaient pour relayer des inquiétudes relatives à la gestion ‘’familiale’’ du pouvoir : le président de l’Assemblée nationale n’est autre que le beau-père du fils du président de la République, qui lui-même est élu député et préside l’importante commission défense et sécurité du Parlement. Cependant, Issaka Sidibé- Saint-Isaac pour les non intimes- rassure : les députés, tous autant qu’ils sont, doivent servir l’intérêt général et national, et rien d’autre.

Mais le malaise devient de plus en plus palpable, à tel point que le Premier ministre Oumar Tatam Ly, qu’on avait pourtant couvert de tous les éloges et qui était devenu soudain dérangeant parce qu’il posait trop de questions et s’opposait à trop de choses, démissionne le 05 avril. Cette démission était-elle liée également à un article paru dans le journal français Le Monde, le 28 mars, faisant état de relations troublantes entre le président Kéita et le Français Michel Tomi, un capo de la mafia corse ? IBK nie avoir toute relation avec cet individu peu fréquentable avant de se dédire quelques jours plus tard. Michel ? Mais oui, c’est plus qu’un frère, c’est un ami.

Entre temps, Moussa Mara succède à Oumar Tatam Ly à la tête du gouvernement. Pour préparer sa prise de fonction, il est annoncé comme étant un grand travailleur et un technocrate méticuleux et hors pair. Mais apparemment, le dur exercice de la politique avait fait oublier à l’expert-comptable comment gérer les fonds publics car quelques jours après sa nomination éclate l’affaire de l’avion présidentiel et de marchés douteux passés pour l’acquisition de matériels et fournitures militaires. Pas de circonstances atténuantes pour Mara même s’il ne venait que d’arriver et n’avait pas eu le temps de mettre sa comptabilité en ordre, il avait signé le PV de passation de service. Sanction : gel de l’aide budgétaire du FMI au Mali et frilosité des autres partenaires techniques et financiers.

Pour se changer les idées et prouver qu’un Premier ministre doit exercer sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire national, Moussa Mara s’aventure dans le nord malien. Le 17 mai, alors qu’il était dans la ville de Kidal, le gouvernorat de cette région est pris d’assaut par des groupes terroristes touareg appuyés par des jihadistes. Des civils et des militaires sont tués en grand nombre ou faits prisonniers. Le Premier ministre opère un repli stratégique à Gao. Quelques jours à peine plus tard, le 21 mai, l’armée tente de reprendre la ville de Kidal mais est défaite et chassée de toute la région. Qui a donné l’ordre à l’Armée de monter à Kidal ? Personne ne s’assume et le ministre de la défense, Soumeylou Boubèye Maïga, est contraint à la démission.

Cette mesure ne satisfait pas l’opposition, dont les députés déposent une motion de censure du gouvernement. Mais ils ne pèsent pas lourd dans la balance parlementaire, et, ce 18 juin, leur motion ne passera pas. Mara reste en poste mais de plus en plus critiqué par sa majorité, ou plutôt celle de son président à qui il a signé allégeance.

Mais quelques jours plus tard, son gouvernement est encore éclaboussé par un nouveau scandale : des fuites massives des examens de fin d’année sont constatées. A mi-chemin de l’année de lutte contre la corruption et la délinquance financière, les scandales liés à ces fléaux s’accumulent. Ce ne seront pas les seules fuites, Mohamed Ali Ag Wadoussène, présumé auteur de l’enlèvement, en 2011, à Hombori, de deux Français, s’enfuit de la prison centrale de Bamako après avoir abattu un surveillant. Il est repris quelques jours plus tard après un affrontement sanglant et meurtrier avec les éléments de la Sécurité d’Etat dans les locaux de laquelle il sera désormais gardé.

Pendant ce temps, ses camarades et complices continuent d’opérer dans le nord. Au nez et à la barbe des soldats maliens, onusiens et français, des roquettes pleuvent et des mines explosent. Dans cette guerre devenue trop asymétrique, le France décide d’élargir son champ d’action et de changer de tactique. En lieu et place de Serval, Barkhane est lancé le 1er août. On entend plus les officiels français raconter que la France n’a pas vocation à s’incruster dans le nord malien car, cette fois, c’est toute la bande sahélo saharienne qui devient leur patrimoine.

Mais à Kidal, ils sont très souvent aux prises avec l’ennemi et ont du mal à calmer les ardeurs belliqueuses des groupes armés touareg, lesquels semblent avoir signé un pacte de sang avec le diable jihadiste. Paris presse donc Bamako de renouer le dialogue avec ces groupes. Des pourparlers sont tenus, courant septembre, à Alger. Ils seront poursuivis pendant longtemps mais n’ont toujours pas abouti à la signature d’un accord de paix.

Mais la France, grâce à des autorités complaisantes, va avoir ce qu’elle a toujours voulu : la libération du dernier otage français détenu au Sahel. En effet, début décembre, un troc peu banal se passe entre le gouvernement malien, des médiateurs nigériens et des groupes terroristes : Serge Lazarevic est libéré contre Mohamed Ali Ag Wadoussène et certains de ses complices. A partir du 10 décembre, journée universelle des droits de l’homme, les associations de défense des droits de l’homme critiquent le troc et s’insurgent contre la faiblesse de l’Etat.

2014, l’année de l’érection de la corruption et de la délinquance financière à col blanc en institutions, n’a pas été que politique, magouilles et insécurité. En effet, les 21 et 22 août, après de vaines négociations entre le gouvernement et l’Untm, la centrale a réussi une grève mémorable. Et quand, quelques semaines plus tard, Yacouba Katilé et ses camarades, élus en avril à la tête de la plus grande centrale syndicale du pays, ont voulu récidiver, les autorités se sont aussitôt couchées avec la promesse de satisfaire toutes les revendications sociales.

Cependant, cette victoire syndicale a quelque peu été teintée par la menace d’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola qui a frappé notre pays, avec un premier cas déclaré le 23 octobre 2014.

Cheick TANDINA

 

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