Rétrospection : Manifeste pour la nation, une synergie de pensée et d’action

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Initié par l’Adps, le « Manifeste pour la nation» a été signé, samedi dernier, par plusieurs regroupements sociopolitiques et des organisations de la société civile. Par ce biais, les signataires espèrent convaincre la communauté internationale d’intervenir le plus rapidement pour libérer le nord du Mali tombé entre les mains de terroristes et jihadistes.

 

Soumana Sacko

Devant les tergiversations du Conseil de sécurité des Nations unies et la division de la communauté internationale sur la nécessité d’une intervention militaire pour libérer le nord du Mali, l’Alliance des démocrates patriotiques (Adps) a élaboré un «Manifeste pour la nation». Ce document a été soumis, le samedi 1er décembre à Bamako, à différents regroupements sociopolitiques (Ibk-Mali 2012, Fdr, Frdp Maliko) et à certaines organisations de la société civile en vue d’amendements. Une semaine plus tard, le 08, les mêmes se sont retrouvés, à l’exception de Ibk-Mali 2012, pour valider et signer le document final. L’élaboration du «Manifeste pour la nation» est un prélude à différentes autres actions, dont un meeting unitaire devant réunir toutes les forces vives du pays, initiées dans le but de sensibiliser la communauté internationale sur les différentes crises maliennes. En particulier, il s’agit d’amener le Conseil de sécurité des Nations unies à valider le concept opérationnel que lui a soumis la Cédéao et à permettre une intervention rapide des forces armées africaines dans le nord malien.

D’emblée, les signataires du «Manifeste pour la nation» rejettent les propos du secrétaire général selon lesquels une intervention militaire dans le nord malien n’est pas une urgence. Pour ces regroupements sociopolitiques et organisations de la société civile, les propos du chef onusien lui sont dictés par son représentant en Afrique de l’ouest, Saïd Djinit, dont le pays, l’Algérie, est réfractaire à toute présence de troupes dans le nord malien. Pourtant, le «Manifeste pour la nation» est clair: le Mali vit aujourd’hui sous un régime de transition sous forte influence de la communauté internationale et est actuellement confronté à quatre principales menaces «analytiquement distinctes, mais enchevêtrées dans la pratique et nécessitant donc un traitement global». Il s’agit du péril sécessionniste remettant en cause l’intégrité territoriale et l’unité nationale; de la menace intégriste islamiste sapant la laïcité de l’Etat et les fondements de la République; de la menace sur la démocratie; et de la menace terroriste.

Devant ces différentes menaces auxquelles s’ajoute l’insécurité ici même à Bamako, où des citoyens sont enlevés et sauvagement battus, les signataires du «Manifeste pour la nation» ont certains engagements. Il s’agit tout d’abord de rejeter la plateforme politique d’autonomie du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla). Ce document produit à Ouagadougou où les indépendantistes ont trouvé gite et couvert auprès du prétendu médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, Blaise Compaoré, qui procure sans doute d’autres services inavoués, est en réalité, selon les signataires, une déclaration déguisée d’indépendance sur fond «de racisme par une minorité». Pour eux, une autonomie ou une indépendance ne s’imposent pas dès lors que le Mali a entamé un processus de décentralisation fondée sur la libre administration des collectivités territoriales. D’ailleurs, beaucoup de ces individus qui ont pris les armes contre leur pays ont été élus et ont siégé dans les organes des collectivités ou à l’Assemblée nationale. Ensuite, le «Manifeste pour la nation» refuse toute proposition visant à organiser des élections avant la libération totale des régions du nord. «Organiser les élections uniquement dans les régions du sud du pays reviendrait à consacrer en droit la partition du pays, à prolonger le martyre des populations du nord ainsi qu’à alimenter la campagne pernicieuse de discrédit de la classe politique». Cela ne veut pas dire que la transition doit s’éterniser. Au contraire, les pouvoirs publics doivent poursuivre les préparatifs des élections en même temps que ceux de la guerre de libération du nord.

Préparer cette guerre ne veut pas dire se compromettre dans des négociations et dialogues avec le Mnla et Ansar Eddine, des «mouvements tribalistes, esclavagistes, terroristes, intégristes et racistes qui ont fait alliance avec Aqmi, Mujao et autres narcotrafiquants».

Il s’agit enfin pour le «Manifeste pour la nation» de récuser le médiateur de la Cédéao dans la crise malienne. Le président burkinabé est accusé par les signataires d’appliquer une approche contraire aux intérêts du Mali et de la sous-région, d’avoir une attitude partisane en faveur des rebelles et terroristes. Ils demandent aux pouvoirs publics de reprendre leur souveraineté dans l’organisation de la vie publique et la défense de l’intégrité territoriale, de reprendre aussi et sans délai l’initiative politique et diplomatique du processus de sortie de crise.

Si le «Manifeste pour la nation» est une initiative de l’Adps, regroupement sociopolitique drainé essentiellement par la Cnas du Dr Soumana Sako, il a eu l’adhésion de plusieurs autres regroupements. Toutefois, la Copam et la Csm ont décliné l’invitation qui leur a été faite de participer à un projet commun de sortie de crise. La première, fortement divisée en Copam I et Copam II, s’est dit occupée aux préparatifs des concertations nationales prévues à partir du 11 décembre. Quant à Ibk-Mali 2012, il n’a jamais caché ses préférences pour l’organisation des élections avant la libération des régions du nord, il ne pouvait donc signer un tel document.

Cheick Tandina

 

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