Le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (Fdr) a vu en cela la création d’un cabinet bis, d’un gouvernement parallèle dont les missions pourraient générer des confusions avec celles du gouvernement, particulièrement en ce qui concerne les Affaires étrangères et la Communication gouvernementale. Pendant que le Fdr critique le gouvernement auquel il participe pourtant, son porte-parole démissionne après avoir été désavoué par certains membres du regroupement pour avoir tenu des propos non autorisés. Par ailleurs, si de ses deux principales composantes l’Adéma hérite de deux portefeuilles productifs, industrie et commerce, élevage et pêche, l’Urd, quant à elle, est placée sous la tutelle des militaires, à la décentralisation. D’où d’autres critiques.
Chez le grand rival du Fdr, la Coordination des organisations patriotiques du Mali, la situation n’est guère reluisante. Après avoir échoué à obtenir la tenue d’une Convention nationale souveraine préalable à la formation d’un gouvernement, la Copam a finalement accepté contre deux strapontins ministériels et la présidence d’un obscur Comité de préparation des termes de référence d’une concertation nationale non souveraine. D’où le courroux de sa principale composante, le Mouvement populaire du 22 mars (MP 22), dirigée par la Sadi d’Oumar Mariko, qui s’insurge contre la «direction népotiste, arrogante et antidémocratique » de la Copam. Les leaders de ce regroupement sont désormais à couteaux tirés. Mais Hammadoun Amion Guindo a d’autres chats à fouetter. Le syncaliste avait cru qu’avec tout le soutien qu’il a apporté à Cheick Modibo Diarra, celui-ci n’ouvrira son gouvernement que pour accorder à la Copam deux maroquins. Ce qui fera un gouvernement de vingt membres, dix-huit rescapés plus deux rentrants. Dans les colonnes d’un confrère, il déclare que la taille du gouvernement est gigantesque, que lui se serait contenté d’une équipe de vingt ministres. Au lieu de dégrossir le gouvernement en refusant ses deux strapontins, H. A Guindo lui aussi critique un gouvernement auquel il participe.
Chez les «neutres et modérés», c’est loin d’être l’accalmie. A IBK-Mali 2012, le Rpm a failli refuser le poste de ministre de l’Artisanat et du tourisme qu’on lui a offert dans un pays où le tourisme et l’artisanat sont morts et enterrés. Il a fallu l’intervention en personne du président de la République pour faire revenir dans le gouvernement Bocar Moussa Diarra dont le nom aurait été retiré par Cheick Modibo Diarra entre la résidence de Dioncounda Traoré et l’Ortm. Le président de l’Um-Rda, en bon Diarra qui aime s’exprimer dans son dialecte maternel et faire la morale aux gens, hérite donc d’un département des langues nationales et de l’instruction civique. Mais IBK Mali 2012 n’est toujours pas content, grince des dents, mais s’accroche à ses deux fauteuils en espérant que le chef de l’Etat lui offrirait gracieusement un troisième.
La Convergence pour sauver le Mali (Csm) a hérité de deux portefeuilles. Les deux titulaires, la Codem et le Cnid, ne sont pas pour autant très contents car le troisième larron, Yéléma, s’en sort avec rien. Le Premier ministre a privilégié son propre parti, RpDM, à qui il a octroyé le très important ministère de l’agriculture. Après avoir eux aussi activement milité pour le maintien de Cheick Modibo Diarra, certains membres de la Csm et d’autres regroupements accusent le Premier ministre de tout mettre en œuvre pour une bonne implantation de son parti à travers le pays. Ainsi, les cadres du RpDM seraient en train de prendre toutes les commandes de tous les secteurs importants de l’administration et de l’économie. Le processus aboutirait à la démission du Premier ministre qui pourrait alors briguer la présidence de la République. A la Csm, on est pas très content, mais on reste dans le gouvernement.
Au niveau de l’Alliance des démocrates patriotes pour une sortie de crise (Adps), la situation semble plus compliquée. Ce regroupement n’adhère pas du tout au gouvernement, le critique pour avoir fait la part belle aux militaires et pour avoir créé un ministère en charge des mosquées, des églises et des autels. Mais il se trouve que Mamadou Namory Traoré, ministre en charge de la Fonction publique depuis le 24 avril, est un membre de la direction nationale de la Cnas (Convention nationale pour une Afrique solidaire), principale composante de l’Adps. Mais selon certaines indiscrétions, il n’est pas dans le gouvernement au compte de la Cnas. Comme beaucoup de parents (naturels ou par alliance), amis, camarades de promotion du Dr Cheick Modibo Diarra, du général Moussa Traoré ou du capitaine Amadou Haya Sanogo, il est tout à fait normal que lui aussi soit aux commandes.
Mais cela n’émeut pas outre mesure les regroupements politiques. Lesquels, au lieu de se souder encore plus, préfèrent se dégrouper pour des broutilles.
Cheick Tandina
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