Rétrospection :ATT et le tafé fanga

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Après la célèbre chanson du couple de non-voyants, Amadou et Mariam, «les dimanches à Bamako, c’est le jour de mariage» que tous les mélomanes connaissent bien, voici venue la rengaine du tout nouveau couple de malentendants, Amadou et Mariama, «les mercredis à Bamako, c’est le jour de divorce».

Vous avez déjà compris certainement, ce tout nouveau couple c’est le président de la République et sa Chef de gouvernement. Entre eux et les principaux responsables de la sécurité intérieure, le divorce est désormais consommé : le Directeur général de la police nationale, son homologue de la gendarmerie nationale et le Chef d’état-major de la garde nationale ont été limogés et remplacés lors du dernier Conseil des Ministres. Ils font les frais de l’indiscipline de leurs troupes qui se sont distinguées lors du défilé du 1er mai par des actes condamnables et pendables, et du manque d’autorité de l’Etat qui s’est révélé incapable de sanctionner les «forces du désordre». Le couple dirigeant a sans aucun doute bien fait mais, pour faire bonne mesure et montre de justice, il aurait également dû sanctionner le Ministre en charge de la sécurité intérieure et son collègue des forces armées, premiers responsables.

Mais c’est connu, Amadou et Mariama ne font jamais les choses qu’à moitié. Comme dans le cas du limogeage des directeurs des finances et du matériel des départements ministériels, de la primature et de la présidence qui ont dû trinquer seuls et, surtout, à la place de leurs chefs qui auraient également dû être vidés de leurs fauteuils.

A propos de ces DFM, ce même mercredi, le couple dirigeant a procédé à leur remplacement. Rien de surprenant à cela, même si le fait a quelque peu tardé au goût des Maliens, lesquels s’attendaient à des recrutement en bonne et due forme, conformément à des critères qui ont été définis et rendus publics à grand renfort médiatique. En revanche, tout le monde a été pris de court à la lecture du communiqué du Conseil des Ministres, constatant que la plupart des nouveaux promus sont du sexe faible. Entendons-nous : les Maliens ne sont pas des misogynes. Ils ne comprennent tout simplement pas que les fameux critères ont été respectés et n’ont eu pour résultat qu’un recrutement massif de bonnes femmes à la tête des DFM. Même si dans la perspective des prochaines élections, ils peuvent comprendre que le numéro 2 de la Cour suprême soit également une dame. Ils croient aussi savoir que le couple dirigeant n’est pas contre la gent masculine même si la méfiance et la défiance à l’égard de ces messieurs politiques, affichés ou cachés, sont de mise. Alors quoi ?

Selon plusieurs analystes, Amadou Toumani Touré est en train de remettre à la femme ce qui appartient à César. En effet, quand il a voulu mettre en circulation le nouveau Code des personnes et de la famille, déjà adoptés par les élus du peuple, qui revalorisait la femme et la mettait dans tous ses droits, quelques individus braillards et rétrogrades avaient envahi la rue avec, à leur tête, tous les mollahs et ayatollahs locaux qui voulaient conserver leurs privilèges de continuer à maltraiter et exploiter leurs épouses, à violenter et jouir de fillettes qui ont l’âge de leur arrière-petite-fille. Au 21ème siècle et en plein troisième millénaire, ces gâteux croient que l’émancipation de la femme et la promotion de ses droits fondamentaux et légitimes n’étaient pas à l’ordre du jour, et que la femme est juste bonne à faire la cuisine et des enfants. Malin, ATT l’a été. Il paraitrait même avoir juré la main sur le cœur ne pas avoir lu le texte avant son adoption par les représentants du peuple. Malin et demi, ATT l’est aujourd’hui. D’abord en nommant une bonne dame à la tête du gouvernement, avec pour mission de régenter tous ces braillards et de leur démontrer que le plus souvent une femme est beaucoup plus capable qu’un homme dans l’accomplissement des missions à elle confiées. Ensuite en balayant des DFM tous ces hommes dont, en réalité, beaucoup roulaient pour des états-majors politiques et approvisionnaient les caisses de leurs partis respectifs, et en les remplaçant par des femmes uniquement préoccupées par leurs enfants et leur beauté, passant le plus clair de leur temps à se regarder dans un miroir et à admirer leurs atours au lieu de jeter un coup d’œil sur les dossiers dont le traitement permettra au gouvernement d’avoir tous ces milliards nécessaires à l’organisation d’élections propres et acceptables. Mais, comme personne n’y peut plus rien, faisons avec le tafé fanga.
Cheick TANDINA

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