En déménageant de Koulouba le 08 juin 2002, l’ancien chef de l’Etat, Alpha Oumar Konaré avait fait la promesse de ne pas être encombrant pour son successeur. Près de 10 ans après, il a tenu parole. Mais, curieusement, son silence produit des bruits dans le landernau politique malien et même international. Pourquoi ? Parce que Alpha Oumar Konaré adore le débat, son silence n’est pas innocent. Mieux, il aime bien les médias, car lui-même a été une excellente plume avant d’être président. Ses vérités ? Il les assène sans se préoccuper ni des états d’âme, ni du moment ni de la manière. Mais, Alpha a un style particulier qu’on lui reconnaît. Il ne rate jamais d’occasion pour monter au créneau quand il le faut.
Pourtant, de 2002 à nos jours, beaucoup d’évènements ont jalonné notre parcours démocratique sous la gouvernance de néophytes politiques. Tout d’abord, on assiste à la déliquescence des forces politiques majeures et à l’extinction du réel débat politique. Le consensus mécanique autour d’un président issu de l’ordre Kaki ; le brutal changement de style de gouvernance, (des Alphaïades nous sommes passés à l’Atétécratie) ont fait de notre pays un pays d’exception démocratique. Par rapport à la situation politique qu’il suit certainement d’un regard attentif, il est à parier que le président Alpha à son mot à dire. Hélas ! Il s’est engouffré derrière un mur d’acier.
Du débat actuel sur le Code de la famille qu’il a initié pendant son mandat, on ne tire rien du président Alpha. Idem pour l’abolition de la peine de mort. Egalement, on l’attendait vivement s’exprimer sur les réformes constitutionnelles dont le processus en cours suscite débats et commentaires passionnés. Alpha ne pipe mot alors qu’il est lui-même à l’origine de la question. Le professeur Alpha esquive habilement tout débat relatif à la gestion du pouvoir par son successeur, même en prive dit on.
Au plan international, Alpha a systématiquement rejeté tous les appels téléphoniques des grands journalistes qui voulaient le faire réagir sur la situation en Côte D’Ivoire, le printemps Arabe, la situation en Lybie, le terrorisme et la criminalité transnationale. Mais, une chose est sûre. Alpha doit bien se marrer de ce qui se passe actuellement au Sénégal avec Me Abdoulaye Wade.
S’il est vrai que ce lourd silence s’explique par le fait que l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine, a le souci du «Qu’en diront-ils ?», il est aussi vrai qu’il nous prive des délices du débat fécond auquel Alpha nous avait habitué. En effet, lorsqu’un homme de débat se prive volontairement du pupitre, il produit forcement un silence retentissant. C’est bien le cas pour le Pr Alpha. Il n’est pas seul d’ailleurs. Mme Konaré Adam Ba, elle aussi, s’est faite un peu trop timide. Ce silence durera t-il encore longtemps ? Vivement une réponse. On murmure quelque part que tous les deux préparent leurs mémoires.
Abdoulaye NIANGALY