Retour du président Dioncounda Traoré au bercail : Cheick Modibo Diarra hors-jeu

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Ils étaient tous là, ce vendredi, à l’Aéroport de Bamako-Sénou, pour accueillir le président de la République revenu de Paris après plus de deux mois de traitement et de convalescence. Tous les acteurs de la Transition étaient donc là. Mais, lequel d’entre eux détient-il vraiment la réalité du pouvoir ?

Cheick Modibo Diarra Premier ministre

L’avion spécial de Dioncounda Traoré a atterri dans l’après-midi du vendredi dernier, à la surprise de bon nombre de Maliens qui ne croyaient plus au retour du président de la République par intérim. Parti à Paris depuis le 23 mai pour y recevoir des soins consécutifs à l’agression sauvage dont il a été victime deux jours plus tôt, il a donc été accueilli en véritable héro avec tous les honneurs dus à son rang. Toutes les personnalités étaient présentes : les Ambassadeurs, les Coopérants des organismes internationaux, les Corps constitués, les Chefs de partis politiques. Mais surtout, les acteurs majeurs de la Transition. Tous se posaient certainement cette question : que va-t-il se passer maintenant ? Cette question est relative à la gestion de la Transition et à la réalité du pouvoir.

Après une sortie fortement médiatisée du Premier Ministre, qui avait visiblement pour but d’intimider et de menacer on ne sait qui, le président de la République est sorti de sa réserve pour une adresse solennelle à la Nation, comme pour mettre les choses dans l’ordre, clarifier les rôles et responsabilités de chacun, et rappeler les objectifs prioritaires.

De son discours, il paraît évident que le président de la transition entend jouer pleinement son rôle et prendre toutes ses responsabilités. Il aura sans doute du pain sur la planche. Face à Cheick Modibo Diarra qui clame, dans un méga show télévisé, à qui veut l’entendre qu’il ne démissionnera pas, ne sachant pas à qui remettre sa lettre de démission. Le Premier Ministre a visiblement oublié que celui qui a signé son décret de nomination est toujours en service, et que c’est à celui-ci qu’il revient de former ou dissoudre un Gouvernement. Face à tous les affidés du Premier Ministre dont certains ont récemment tenu un meeting des plus farfelus pour demander le maintien de Cheick Modibo Diarra au motif, qu’en seulement cent jours, celui-ci n’a pas eu le temps de travailler avec les critiques fusant de toutes parts. Ces gens oublient qu’un homme d’Etat doit se mettre au-dessus de ces critiques, au lieu de s’emporter comme l’a fait le PM devant des millions de téléspectateurs face à des journalistes. Qu’est-ce qu’il aurait fait si c’était lui qui avait été agressé dans sa résidence, au lieu d’essuyer de simples critiques ?

Mais, Cheick Modibo Diarra et ses amis oublient que pour détenir la réalité du pouvoir, il faut deux conditions essentielles : avoir l’oreille attentive de la Communauté internationale et avoir aussi le bras armé de la junte. Eux, se sont accrochés au CNRDRE espérant avoir enfin et sans élections des places au soleil, et ont fait la sourde oreille aux conditions de la Communauté internationale. En laissant le Premier Ministre former le Gouvernement de son choix, le Capitaine Sanogo leur a prouvé qu’il n’était pas intéressé par des strapontins, et qu’il n’avait pas pris le pouvoir pour le donner à tous ceux qui veulent étancher leur immense soif de gloriole. Quant aux partenaires étrangers, ils ont fini par menacer de sanctions.

Dès lors, la vraie carte à jouer est celle qui est la plus légitime : Dioncounda Traoré, président de la République.  Rappelant au désormais encombrant Premier Ministre que c’est un Gouvernement d’Union nationale que la CEDEAO veut, à la place d’un Gouvernement ouvert à quelques aventuriers, le président de la République n’entend oublier aucune sensibilité nationale dans le prochain Gouvernement qu’il va former personnellement.

Ni exclusion, ni accaparement

Ni exclusion, ni accaparement ; donc, à l’image des troubadours de la scène politique. Dioncounda Traoré, qui reprend les choses en main en mettant sur la touche son chef de Gouvernement, veut non seulement associer toutes les parties prenantes à la gestion de la Transition, mais aussi ne pas prendre seul les décisions qui s’imposent. En effet, dans son adresse à la Nation, le chef de l’Etat a fait des propositions qu’il soumet à discussions. Dans quel cadre cela est-il possible si ce n’est au cours d’Assises nationales ?

Les propositions du professeur Dioncounda Traoré sont relatives, pour l’essentiel, aux organes de la transition. Le premier est le Haut Conseil d’Etat comprenant le président de la République lui-même et deux Vice-présidents dont l’un sera issu des forces de défense et de sécurité et aura à diriger le Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité ; et l’autre sera fourni par les autres composantes des forces vives de la Nation. Le deuxième est le Conseil National de Transition, un organe consultatif composé des représentants des partis politiques et des organisations de la société civile, piloté par le vice-président fourni par les forces vives de la Nation. Le troisième est le Gouvernement d’Union nationale. Le quatrième est la Commission nationale aux négociations qui doit mener la médiation avec les groupes armés occupant le Nord.

Le président de la République entend se mettre immédiatement au travail, avec en priorité les consultations menant à la formation d’un nouveau Gouvernement et, quelques jours plus tard, la mise en place des organes de la transition. Et il entend mener toutes ces actions en toute quiétude. Pour cela, il dit avoir une entière confiance en les forces armées et de sécurité, malgré ce qui s’est passé le 21 mai.

Aurait-il tort avec toutes les forces du mal qui rôdent, prêtes à se faire plaisir ? En tout cas, avec ces propositions susceptibles d’amélioration et d’amendements dans un cadre de dialogue et de concertation, la main est tendue et la porte est ouverte à tous les démocrates et patriotes sincères.

Abdel HAMY

 

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