Restauration de l’intégrité territoriale : Eviter l’enlisement

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En moins d’un mois, le régime politique malien a été anéanti. Alors que le 17 janvier 2012, une rébellion armée chassait les forces maliennes de la partie septentrionale du pays, le 22 mars, un coup d’Etat déposait le président Amadou Toumani Touré (ATT). Ces deux épisodes ont poussé le Mali dans une crise sans précédent qui a menacé les équilibres politiques et la sécurité dans le nord au comme sud du pays.
 
Une intervention armée extérieure comporte néanmoins des risques considérables. La communauté internationale doit privilégier le dialogue pour préserver les chances d’une sortie de crise politique. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) doit rééquilibrer ses efforts de médiation pour ne pas aggraver les fractures déjà profondes de la société malienne. Renforcer la crédibilité des institutions de transition pour remettre l’Etat et ses forces de sécurité sur pied est la première des priorités. Enfin, des mesures sécuritaires concertées au niveau régional doivent être prises pour que le Nord-Mali ne devienne pas, sous l’effet d’actions de groupes originellement étrangers, un nouveau front de la guerre contre le terrorisme.
Le cadre de transition élaboré par la Cédéao en accord avec la junte, n’a pas permis de reconstituer un ordre politique incontesté. La junte s’est constituée une base sociale en capitalisant sur la colère d’une frange importante de la population envers le régime d’ATT auquel elle associe le président intérimaire Dioncounda Traoré. La déstructuration de l’appareil militaire et la faiblesse des autorités civiles de transition incarnées par le gouvernement du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, qui vient d’être recomposé, ne permettent pas d’envisager à court terme une restauration par les forces maliennes de l’intégrité territoriale qui ne soit pas porteuse de risques de graves dérapages et d’enlisement de la situation dans les trois régions sous occupation depuis cinq.
Le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) qui a lancé la rébellion, s’est fait déborder par Ançar Eddine et Mjuao. En s’imposant au Nord, Ançar Eddine et Mjuao  ont tissé un modus vivendi, sinon un pacte, avec une variété d’acteurs armés préexistants: des milices arabes et touaregs soutenues ces dernières années par le régime de Bamako et, surtout, avec le groupe (Aqmi), auteur de multiples rapts et assassinats d’Occidentaux au Mali, au Niger et en Mauritanie, d’attaques contre les armées de la région et impliqué dans les trafics criminels transfrontaliers. Le Nord-Mali pourrait bien devenir un vaste espace d’accueil de combattants jihadistes de toutes origines.
Considéré pendant vingt ans comme un des modèles de progrès démocratique en Afrique subsaharienne, le Mali est aujourd’hui menacé de déliquescence. La perspective d’une sortie de crise rapide s’éloigne à mesure que se consolide un régime islamiste dur au Nord et que se perpétue un sentiment de vide politique, institutionnel et sécuritaire à Bamako même si l’espoir renaît avec la mise en place d’un gouvernement d’union nationale sous la pression de la communauté internationale. Si la Cédéao a, dans un premier temps, donné les bons signaux, la crédibilité de son action diplomatique a ensuite été sérieusement affectée par une médiation peu transparente conduite par le Burkina Faso, objet de vives critiques dans la capitale malienne et au-delà. Il convient de ne pas céder aux appels belliqueux et de poursuivre les initiatives de règlement politique du conflit déjà entamées, sans pour autant négliger les questions sécuritaires. Les pays de la Cédéao qui se disent prêts à envoyer des troupes paraissent mal appréhender les complexes réalités sociales du Nord-Mali, et sous-estimer les risques élevés de règlements de comptes intercommunautaires qui résulteraient d’une intervention militaire extérieure. Une telle intervention armée ferait du Mali un nouveau front de la guerre contre la terreur aux dépens des revendications politiques exprimées depuis des décennies au Nord.
Enfin, elle exposerait une Afrique de l’Ouest qui n’y est pas préparée à des représailles par le biais d’actions terroristes.
La double crise au Mali est la conséquence conjointe de la fragilité des équilibres politiques échafaudés ces dernières années en dépit des rituels électoraux, des espoirs déçus de développement économique et social au Nord comme au Sud, du laxisme dans la gestion de l’état par ATT, la classe politique et la société civile. Les relations du centre du pouvoir bamakois avec sa périphérie sous le régime d’ATT reposaient moins sur le renforcement institutionnel démocratique que sur un maillage lâche de relations personnelles, clientélistes, voire mafieuses. Cette forme de gouvernement du Nord à faible coût pouvait absorber des actions d’opposition, y compris armées, d’ambition et de capacités militaires réduites. Elle s’est désintégrée face à une initiative rebelle que la crise libyenne a métamorphosée en quelques mois en un groupe armé puissamment équipé, et face à l’opportunisme de groupes islamistes qui ont accumulé ces dernières années une grande quantité d’armes grâce à l’argent des trafics transsahariens et à celui du commerce des otages occidentaux.
La lutte pour le pouvoir à Bamako, pendant la période de transition, dont il est impossible de prévoir le terme, et la situation du nord  rendent les perspectives très incertaines. L’issue de la crise dépend, d’une part, des modalités de reconquête de l’intégrité territoriale par l’Etat malien et ses partenaires de la communauté internationale, et d’autre part, le maintient d’un climat politique favorable au sud.
Nouhoum DICKO

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1 commentaire

  1. Analyse nulle qui ne propose aucune solution. Si le journaliste estime qu’une intervention militaire est risquée, qu’il nous dise tout simplement pour qui il prend l’ensemble des maliens? S’il roule pour les islamistes qu’il nous le dise également. Ce qui est clair c’est qu’il y a beaucoup de maliens qui pensent que la charia est une bonne chose pour le pays mais n’ont pas le courage de le dire. Mais moi je pense comme un esprit simple. Si les islamistes veulent sauver des âmes, le maximum d’âmes, l’Inde et la Chine sont les pays les plus peuplés du monde, ils doivent commencer leurs actions dans ces pays. Cela est plus productif que de courir derrière les rares âmes dans le vaste Sahara. Et puis pourquoi chercehr à instaurer la charia à Kidal Gao et Tombouctou qui ne renferment pas plus de 20% de la population du Mali? Ou alors ces populations sont plus receptives à l’enseignement des islamistes? Ou alors il y a détournement de la religion par les islmistes pour satisfaire d’autres desseins inavouables.

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