Répression de la manifestation interdite du 16 novembre : Décrispation politique plombée?

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Mali: la police disperse un rassemblement de l’opposition

Après un début de dialogue bien entamé par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga avec la classe politique, la répression de la manifestation interdite du vendredi 16 novembre de l’opposition (FSD et COFOP) pourrait plomber cette décrispation. D’autant que le discours des opposants se radicalise avec « une plainte pour agression » du député Amadou Araba Doumbia du parti SADI  blessé lors de ce meeting interdit.

La situation politique malienne semble marquée par une certaine montée d’adrénaline, au moment où le Premier ministre venait, courageusement, d’enclencher une phase de dialogue et de concertations, dans la perspective des réformes majeures attendues. C’est dans ce climat de détente qu’est intervenue la manif du vendredi 16 novembre de l’opposition (hostiles aux réformes) interdite par le pouvoir. Elle a été dispersée à coup de gaz lacrymogènes avec un blessé, le député Amadou Araba Doumbia du parti SADI. Comme pour « réaffirmer l’autorité de l’Etat », le gouvernement a voulu empêcher cette manifestation, qui avait été interdite pour des raisons d’état d’urgence et d’insécurité à Bamako. Voici in extenso le communiqué des opposants suite à cette répression, qualifiée de « barbare », le gouvernement ayant choisi ne pas réagir…

« Le rassemblement pacifique organisé par le Front de sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (CoFoP) le vendredi 16 novembre 2018 a été violemment réprimé par les forces de sécurité qui ont délibérément jeté des grenades lacrymogènes sur les dirigeants de l’opposition à peine arrivés sur l’Esplanade de la Bourse du Travail. Sans sommation et sans chercher à parlementer contrairement à toutes les règles du maintien d’ordre. L’intention était claire : tuer ou blesser pour l’exemple, faire peur et dissuader l’opposition à organiser d’autres manifestations.

Ainsi, avec une rage inexplicable, plusieurs dizaines d’agents se sont acharnés, entre autres, sur Amadou Araba Doumbia, député à l’Assemblée Nationale et membre du bureau politique du parti SADI (solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance). L’honorable Doumbia sortait d’une rencontre avec le Premier ministre.

Son macaron d’élu national était accroché sur son boubou blanc. Il a été violemment frappé à coup à coup de bâtons et de matraques. Il est hospitalisé à la Polyclinique Pasteur souffrant de multiples contusions et de bosses à la tête et sur le côté gauche. Sa lèvre inférieure est perforée. Il saigne abondamment.

D’autres participants au rassemblement ont été blessés. Quelques-uns ont été interpellés et au moins deux militants sont détenus au commissariat du premier arrondissement de Bamako.

Dans son obsession à étouffer par la violence toute contestation même pacifique, le régime n’a pas hésité à ordonner à sa police de gazer des personnalités de dimension nationale et internationale comme Ali Nouhoum Diallo, Soumaïla Cissé, Mme Sy Kadiatou Sow, Djibril Tangara, Mohamed Ali Bathily, Choguel Kokalla Maïga, Housséinou Amion Guindo, Maîtres Mountaga Tall et Hassane Barry, Djiguiba Kéita, Oumar Mariko ou Coulibaly Kadiatou Samaké.

Les signataires du présent communiqué condamnent avec la dernière énergie la répression barbare planifiée par les plus hauts responsables du régime.

Cette agression barbare ne restera pas sans conséquences. D’ores et déjà, les responsables des organisations signataires tiennent Ibrahim Boubacar Kéita, Soumeylou Boubèye Maïga et le général Salif Traoré (ministre de la sécurité du régime) pour responsables de cette violence que rien ne justifie.

En s’en prenant au droit de manifestation pacifique garanti par la Constitution, le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita veut intimider et terroriser l’opposition, les forces vives et l’ensemble du peuple malien. Ce faisant, il espère faire passer par la terreur ses réformes dont la finalité est la déstabilisation du Mali.

Les signataires lancent un vibrant appel à toutes les forces démocratiques de l’intérieur et de l’extérieur afin qu’elles se mobilisent pour mettre en échec le fascisme rampant et les plans machiavéliques du régime.»

La Rédaction

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