C’est désormais consommé. Les élections communales de 2014, l’une des dernières étapes des élections générales enclenchés avec la présidentielle de 2013, a été finalement ajournée. La sentence a été dite, mercredi, à la faveur du Conseil des ministres à l’issue de laquelle le mandat des conseils communaux et de leurs émanations respectives -en l’occurrence les conseils de cercles et les assemblées régionales- a été prolongé de six mois, à compter de la date de leur expiration fixée en avril.
Ce n’était du reste qu’un secret de Polichinelle pour ceux qui savaient, depuis le passage du Premier ministre à l’hémicycle, la semaine dernière, qu’il était dans une logique de faire avaliser le report des échéances électorales par le Conseil des ministres.
Bien que le renvoi s’impose au regard de moult facteurs, le gouvernement avait la pleine latitude de procéder à la substitution des représentants locaux par des délégations spéciales. Tout le monde imagine donc que les élus sont aux anges en bénéficiant ainsi de la confiance des nouvelles autorités pour continuer leur mandat jusqu’à la préparation adéquate des échéances communales. Le ministre de l’Administration territorial et des Collectivités locales, Moussa Sinko Coulibaly, essuie par contre un cinglant désaveu. A preuve ! A en croire les langues fourchues, ce n’est point de gaîté de cœur qu’il a fini par se résoudre à accepter l’idée du report des élections communales.
Selon les mêmes indiscrétions, les semaines ayant précédé la décision ont très agitées par des tractations autour de la question. Pendant que le ministre envisageait sans doute une convocation du collège électoral, le collège des élus locaux, indique les indiscrets, a pris l’initiative de prendre langue, tour à tour, avec les autorités impliquées, en vue de discuter avec elles de l’opportunité de tenir les échéances suivant une échéance légale.
Il faut dire que les élus, sous la houlette du président de l’Association des municipalités du Mali, Boubacar Bah Bill, ne manquait pas d’arguments en appui à sa position. L’un d’entre lesquels figure, par exemple, l’absence notoire d’électeurs dans la plupart des communes du septentrion littéralement désertées avec l’insécurité résiduelle. Si l’élection des représentants nationaux peut s’accommoder d’une telle situation, il n’en est pas de même pour des échéances locales très spécifiques parce qu’elles participent d’une consolidation des pouvoirs locaux et de la décentralisation. Ce n’est pas tout.
Au nombre des facteurs, qui militent en faveur du report, on peut citer également une panoplie de mesures qu’imposent les recommandations et résolutions des états généraux de la décentralisation.
A défaut de plier l’échine devant les exigences d’une autonomie réclamée à cor et à cri par les mouvements sécessionnistes, les autorités situent les solutions à la problématique du Nord dans le renforcement de la décentralisation. Ce qui implique naturellement la prise en compte des réformes souhaitées par les représentants de la population dans l’installation de nouvelles autorités politiques au niveau locales. Il s’agit, entre autres, de modifications comme l’élection des présidents d’assemblée régionale au suffrage universel direct, la suppression des conseils de cercle, l’installation de direction des conseils communaux suivant les rapports de représentativité issus des urnes, le choix des maires en fonction de leur niveau d’instruction, etc.
Toutes choses qui nécessitent manifestement une retouche et des modifications substantielles dans les textes afférents à la décentralisation, notamment le Code des collectivités et la Loi électorale.
En tant que garant et premier responsable du processus de stabilisation du Nord Mali par un renforcement de la décentralisation, le chef du gouvernement, Oumar Tatam Ly, n’a eu aucun mal à saisir les arguments qui sous-tendent le report des élections communales. Idem pour le ministre délégué en charge de la Décentralisation. Parce que, pour lui comme pour le Premier ministre, les pertinentes recommandations issues des états généraux ne peuvent pas attendre longtemps pour leur mise en œuvre, au regard des exigences d’une régionalisation en adéquation avec les besoins de stabilisation du pays.
Une résistance a été cependant rencontrée du côté du ministre de tutelle qui, à la différence de ses collègues, tenait, vaille que vaille, à parachever le processus d’organisation des élections générales.
La question a été tranchée par le Premier ministre qui mit fin aux tiraillements par une sentence qui sonne comme un désaveu pour le général Moussa Sinko Coulibaly.
Ce n’est pas la seule déconvenue essuyée par ce ministre, depuis que la junte n’a plus de prise sur les décisions régaliennes.
Il se susurre que le colonel promu général, étant au gouvernement, a avalé une couleuvre après la nomination d’un secrétaire général de son département, contre son assentiment.
A. K.
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