“L’organisation administrative du territoire et la réorganisation territoriale au Mali’,’ c’était le thème d’une Table ronde organisée par le Commissariat au Développement Institutionnel (CDI), le 17 mars 2016 à son siège.
En créant cette initiative, le CDI entend engager des débats dans le souci de trouver des voies et moyens permettant d’adapter le fonctionnement de l’administration nationale aux besoins des citoyens. Après les mots de bienvenue de Abdraham Bengaly, Commissaire au Développement Institutionnel, dans lesquels il a tenu à saluer les experts et tous les participants pour leurs efforts visant à réussir ce premier exercice, le modérateur, Mohamed Traoré, a précisé que cette initiative consiste à faire en sorte que le Mali ait une administration moderne qui répond aux besoins de ses citoyens.
Durant plus de 3 heures de temps, les conférenciers, Mamadou Seydou Traoré, Ancien Gouverneur et Salifou MAIGA, Administrateur Civil, Conseiller Technique au Secrétariat Général du Gouvernement, ont abordé plusieurs questions relatives à l’Accord pour la paix et la réconciliation, au découpage administratif, à la décentralisation et à la gestion des ressources humaines. Pour Mamadou Seydou Traoré, depuis l’indépendance, notre pays cherche à adapter le fonctionnement de l’administration aux citoyens. « Des réformes ont permis à l’Etat d’avoir un nouveau paysage institutionnel fondé sur les collectivités. Mais malgré tout, l’Etat est toujours absent dans certaines localités du pays ». Avec la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui prévoit la création d’une nouvelle chambre, l’Expert se pose la question de savoir quel sera le rôle du Haut Conseil des Collectivités. Il estime également qu’avec cette chambre, l’appellation de l’Assemblée Nationale risque de changer. « Nous sommes en train d’aller vers une nouvelle architecture administrative. Ce processus doit forcément résoudre le problème interministériel qui est aujourd’hui la plaie de notre pays », a-t-il déclaré.
La décentralisation à la traîne
En ce qui concerne le processus de la décentralisation, Mamadou Seydou Traoré a souligné qu’il y a une faiblesse notoire en matière de transfert de compétences et un manque crucial de ressources humaines qualifiées. « C’est pourquoi l’on se rend compte qu’on est toujours au point de départ de ce processus », a-t-il ajouté. Pour lui, dans cette politique de décentralisation, il y a seulement trois points de réussite. Il s’agit de la création des Directions des Ressources Humaines, la Gestion Axée sur les Résultats et l’Informatisation des données.
Mamadou Seydou Traoré pense également qu’avec 19 régions, notre pays risque d’avoir plus de 200 cercles et 400 communes dont l’Etat ne pourra pas supporter les charges. Pour lui, la question que l’on doit se poser, c’est « Quel nouveau découpage pour quelles ressources humaines. Car, nous sommes champions dans les réformes, mais nous ne les appliquons pas du tout correctement », a-t-il précisé.
Le futur découpage doit s’inspirer des valeurs fondamentales
Selon Salifou Maïga, La participation des populations, la gestion de leurs propres affaires et le principe de la libre administration sont des expressions qui résument à elles seules que le futur découpage doit s’inspirer des valeurs fondamentales de la décentralisation. « Or, tous les spécialistes en conviennent, pour réussir la décentralisation, il faut faire une bonne déconcentration territoriale avec la création de circonscriptions administratives et une déconcentration technique en ce qui concerne les services centraux », a-t-il précisé. Salifou Maïga a aussi ajouté que la déconcentration territoriale permet un maillage conséquent et rapproche l’administration des usagers.
« La répartition des compétences fixée par l’Accord correspond en gros à celle fixée dans le Code des collectivités. La vraie question qui n’est pas abordée par l’Accord est la répartition des compétences entre collectivités. Aussi, ce domaine sera-t-il géré par les textes en vigueur, notamment les décrets de transfert des compétences ? », s’est-il interrogé. Pour lui, au moment où l’Accord prévoit la fin du contrôle de tutelle et son remplacement par le contrôle de légalité, les Collectivités doivent disposer de ressources humaines bien formées capables de prendre les bonnes décisions applicables dans l’immédiat.
Ousmane Ballo