Rentrée politique du RPM à Yelimané : 4 ministres volent au secours d’une Section entre les mains de l’URD et l’ADEMA

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Ils étaient quatre ministres à prendre d’assaut la ville de Yélimané dans la région de Kayes pour la rentrée politique de la section du Rassemblement Pour le Mali.  Mamadou Frankaly Keita de l’énergie et de l’eau, Mahamane Baby de l’emploi, de la formation Professionnelle, de la jeunesse et de la construction citoyenne, Nango Dembélé de l’élevage et de la pêche et enfin Abdramane Sylla des maliens de l’extérieur, étaient venus à Yélimané le week-end dernier pour donner un coup de pouce à une section considérée jusqu’ici  comme la chasse gardée de l’URD et de l’ADEMA. Si l’URD est la principale force de l’Opposition, l’ADEMA reste l’un des piliers de la majorité. Alors pourquoi le RPM s’adonne-t-il autant à un débauchage massif des militants de son allié ADEMA ? Les ministres RPM sont-ils déjà dans l’optique d’une campagne anticipée pour les prochaines élections communales, régionales et surtout présidentielles de 2018 ? Pourquoi tant de promesses de nouvelles infrastructures aux populations de Yélimané quand celles sur la base desquelles IBK a été élu, ne sont pas encore réalisées dans la capitale du Diafounou?

Le parti majoritaire, le RPM, traverse en ce moment une crise aiguë sans précédent, consécutive au limogeage de son tout puissant secrétaire général du gouvernement. Par ce geste le président de la République a neutralisé un camp pour permettre à l’autre d’émerger. En clair le camp d’Abdoulaye Idrissa Maiga semble être en bonne position pour contrôler désormais le parti au détriment des partisans de Bocary Tréta, d’où ces missions de terrain. Le choix de la section de Yélimané n’est pas fortuit, il s’explique par non seulement le fait que c’est la section de l’un des plus grands rivaux de Bocary Tréta en l’occurrence Abdramane Sylla, actuel ministre en charge des Maliens de l’extérieur, mais aussi et surtout, parce que ce cercle est entre les mains de l’URD et de l’ADEMA. Le tonitruant Mamadou Awa Gassama de l’URD et le baroudeur Ahmada Soukouna de l’ADEMA-PASJ en sont les deux députés. Ainsi, dans la tentative de renverser cette tendance aux  prochaines élections communales et régionales, le RPM n’a pas lésiné sur les  « moyens de l’Etat » pour engranger des points. Le BPN a envoyé une forte délégation conduite par l’honorable Moussa BADIAGA, Mamadou Tounkara, 1e vice président de l’Assemblée Nationale et Cheick Macalou, le Secrétaire Général et Coordonnateur régional RPM de Kayes. La moisson politique semble avoir été fructueuse aux dires du Chef de la mission selon lequel Il y aurait eu de nouvelles adhésions de l’ADEMA et de l’URD au profit du RPM. Les ministres pour justifier leur présence ont fait beaucoup de promesses d’infrastructures pour, disent-ils, améliorer les conditions de vie des populations de Yélimané. Si l’on croit notre confrère de « L’Indépendant », les nouveaux adhérents seraient des militants de l’ADEMA, un parti allié au RPM au sein de la Convention de la Majorité Présidentielle. Comme pour dire qu’en politique, il n’y a pas de sentiment. Mais joint au téléphone, le député ADEMA de Yélimané, M. Ahmada Soukouna a démenti tout en blocs.  La foule sortie pour l’accueil de la délégation ministérielle et parlementaire était composée de représentants des chefs de villages à qui on avait pris soin de demander un quota par localité. Le transfuge de l’ADEMA qui a pris la parole pour haranguer la délégation comme quoi il aurait 75 % de la population de Yélimané derrière lui est bien le même qui avait été battu aux dernières législatives par le duo Ahmada Soukouna et Mamadou Hawa Gassama. Selon le député Soukouna de l’ADEMA, il n’est donc pas possible pour lui de renverser la situation à ce point à une période où la gestion du pouvoir en place est des plus critiquée. Vivement donc les prochaines élections pour nous en édifier.

En définitive, quand des ministres de la République transforment une mission d’Etat en campagne politique pour leur parti, c’est bonjour le parti-Etat. Toute chose contraire aux principes et à l’éthique démocratiques. Passeront-ils un jour comme Tréta aujourd’hui devant le pôle économique et financier pour justifier leur forfait ? Notre résilience politique est à ce prix.

Youssouf Sissoko

                                                        Youssouf@journalinfosept.com

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