Renouveau politique et économique : Un Mali nouveau d’accord, mais un malien nouveau d’abord !

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Les Maliens, notamment les jeunes, tirent le diable par la queue, du fait du taux de chômage assez élevé dans leur rang. D’aucuns avaient cru que la fin du calvaire serait réalisée avec le nouveau régime en place. Mais hélas beaucoup commencent à déchanter. Eprouvé et même ébranlé, le peuple malien l’a été ces dernières années, surtout depuis le coup d’état de mars 2012.

Mais à chaque fois, il a eu la force et la dignité de relever la tête. L’espoir du renouveau est très fort chez ces millions de jeunes à travers le territoire national leur revendication non négociable de lendemains plus sereins et prometteurs. Ceux qui croient compliquer la tâche aux nouvelles autorités en rendant le pays ingouvernable risquent de produire l’effet inverse. Car, ils risquent fort de créer les conditions pour une mobilisation patriotique autour des autorités pour faire face aux agressions contre le Mali. Toutefois, ce nationalisme apparent ne doit pas étouffer les défis du renouveau. L’attaque terroriste de l’hôtel Radison Blu a ravivé le côté rebelle qui sommeillait dans la conscience collective du peuple malien. C’est un juste retour du courage et de la droiture qui caractérisent ce peuple et qui ont façonné son histoire depuis l’époque précoloniale jusqu’à nos jours. Ainsi, chaque événement majeur devient une occasion de démontrer sa volonté de vivre libre, digne et en paix avec tous les autres peuples du monde mais tout en restant ferme sur ses principes. C’est une dynamique sociopolitique qui peut être difficilement remise en cause, du moins, pas dans l’immédiat. C’est ce qui explique la résistance populaire face aux terroristes et djihadistes en 2012, dans le septentrion de notre pays. Car un peuple débout est un peuple invincible.

Réactiver urgemment tous les dispositifs de sécurité et de défense nationale

Certains acteurs politiques, notamment les tenants actuels du pouvoir d’Etat, semblent l’avoir compris très tôt. Depuis deux ans, ils surfent sur cette vague de révolte populaire. Avec un savant dosage d’un peu de courage et d’audace politiques, d’humilité et d’opportunisme, ils doivent relever les défis qui s’imposent à eux. Du reste, depuis l’attaque du Radison, bien des observateurs ne se font plus d’illusion, le Mali est dans l’œil du cyclone. Quand ces actes terroristes commencent dans un pays, la probabilité est forte qu’il y ait d’autres tentatives. D’où l’urgence pour le gouvernement d’activer tous les dispositifs de sécurité, des renseignements aux ressources humaines en passant par la logistique et la coopération internationale. Il sait qu’il peut compter sur l’unité et le soutien du peuple. La pauvreté du pays ne peut plus être un argument contre la mobilisation des ressources humaines, logistiques et financières à la hauteur des défis sécuritaires du moment. Le défi est aussi d’ordre organisationnel, notamment au niveau de la haute hiérarchie militaire qui montre des signes inquiétants de bureaucratisation et d’embourgeoisement, mais surtout de rupture avec la troupe.                                            Le président de la République est vivement attendu à ce niveau. Il faut un peu plus d’audace et de courage pour réorganiser les forces de défense et de sécurité en tenant compte de la nouvelle donne sécuritaire.  Cependant, ce contexte ne doit nullement imposer au Mali, une vie publique d’austérité et du tout sécuritaire. Il ne décharge en rien le Président IBK et son gouvernement de leur devoir de réaliser les promesses faites aux Maliens. Ils ne pourront pas continuer à surfer sur la dynamique terroriste sans apporter des réponses à la crainte de lendemains incertains qui hante la grande majorité de la jeunesse. Et ce n’est pas dans le discours que l’on trouvera des réponses. Il faut des actes concrets. Jusque-là, ce sont des déclarations d’intention. A ce que l’on dit, ce n’est pas un partisan de la politique du spectacle. Mais, il y a urgence à agir, ne serait-ce que pour rassurer ses compatriotes. Les ministres doivent rapidement prendre des mesures urgentes dans leurs départements respectifs pour remettre le pays en ordre de marche. Dans tous les cas, il ne faut pas se faire trop d’illusion en croyant que maintenant que le pouvoir est installé, tout va changer par le seul fait du prince. Car, au risque de conduire à un unanimisme inopérant et étouffant, toute cette énergie, cet élan patriotique et ces mobilisations citoyennes doivent être réinvestis dans la gouvernance de la société. En effet, en même temps qu’il faut faire échec aux plans diaboliques des forces du mal ainsi qu’aux rêves de nostalgiques d’un passé à jamais révolu, il faut que toutes ces mobilisations spontanées ou coordonnées se convertissent en attitudes et comportements républicains au quotidien et à tous les niveaux de la vie publique : du sommet à la base. Chaque citoyen, quelle que soit la position qu’il occupe, est responsable de la gestion du bien commun. En cela, l’opposition politique et toutes les organisations de la société civile doivent rester, aux côtés des autres forces sociales et politiques, des sentinelles vigilantes pour une gouvernance qui réconcilie l’Etat avec la société, les gouvernants avec les gouvernés. Les subjectivismes, le clanisme et les attitudes partisanes ne devraient pas compromettre les fortes aspirations au changement. Le fait d’être militant de la nouvelle coalition au pouvoir ne doit nullement être un frein à l’exigence de transparence et d’efficacité de l’action publique. Le changement est certes une alternative nouvelle à la tête de l’Etat et de ses institutions, mais c’est aussi et surtout de nouvelles dynamiques citoyennes fortes, essentiellement orientées autour des valeurs et principes d’équité, de transparence, de justice, d’efficacité de l’action publique, bref, de la bonne gouvernance. Le devoir de chaque Malien est de s’engager dans cette quête collective du bien-être dans la solidarité et l’unité. Il faut donc bannir les égoïsmes, la tentation à la facilité, à la fraude, à l’appropriation privée du bien commun. En tous les cas, la construction d’un Mali nouveau passe forcément par l’avènement d’un nouveau type de Malien plus soucieux et respectueux des valeurs et principes républicains. La promptitude à répondre aux mots d’ordre de    manifestations de protestations ou de rassemblements autour de la patrie ne suffit pas. Il faut que chacun accepte de changer son rapport à la société. Sur ce terrain-là, le gouvernement Modibo va devoir user à la fois de la carotte et du bâton pour remettre tout le monde au travail. Car, bien de mauvaises pratiques ont été érigées depuis le renouveau démocratique en règles dans l’administration publique et même dans le privé.

Paul N’GUESSAN

 

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