Renouveau de la gouvernance au Mali : Eviter les faux semblants

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Le coup d’Etat du 22 mars 2012, l’occupation des 2/3 de notre territoire, l’effondrement de l’économie nationale et la crise politico-institutionnelle n’ont été que les conséquences de notre défaillant système de gouvernance. A l’heure où notre pays se prépare à vivre une réelle alternance politique, il est vital pour les maliens et les partenaires traditionnels du Mali de rester vigilant quant à la résurgence des pratiques de malversations financières et d’abus de biens sociaux.

 

 

Selon plusieurs enquêtes internationales indépendantes menées dans notre pays, dont celle de LGL (Les Générations Libres), il ressort que l’intervention de la communauté internationale dans notre pays risque, encore une fois, de conforter l’élite politique et financière qui sévit au Mali, si la crise malienne n’est pas prise dans sa globalité. La corruption est un phénomène mondial, mais le cas du Mali a atteint un niveau exceptionnel. Tout laxisme face aux pratiques de l’élite politique et financière peut compromettre de façon grave les récentes avancées.

 

 

Le risque majeur réside dans l’«auto recyclage» de l’élite politique malienne qui a su s’adapter au gré des situations. C’est pour cela qu’il faut être vigilant. L’opinion publique malienne et internationale risque encore d’être trompée par la future mutation des politiques maliens qui, pour brouiller les pistes, iront cette fois-ci dans le sens de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance.

 

 

A cet effet, le dispositif qui sera mis en place par Paris à propos de l’aide internationale dont notre pays bénéficiera bientôt est salutaire. Il s’agit d’un moyen qui permettra à tout citoyen malien de contrôler l’état d’avancement d’un projet donné à n’importe quelle étape via les nouvelles technologies (téléphones portables, réseau internet,…). Ce contrôle citoyen de l’aide internationale peut, bel et bien, rendre transparent tout le processus et dénoncer toutes les irrégularités, à condition bien sûr que les maliens s’approprient ce mode de gestion.

 

 

Pour mémoire, en 2010, le fonds mondial avait suspendu le Mali de ses subventions pour la lutte contre le paludisme, le VIH et la tuberculose parce qu’une mission d’inspection avait repéré sur le terrain de détournements purs et simples des sommes alloués. De même, d’après le Vérificateur Général, 400 millions de F CFA avaient été débloqués pour creuser des puits au nord du pays. Ces puits n’ont jamais vu le jour alors que des populations locales souffrent du manque d’eau potable. Les exemples de détournement et de délinquances financières sont nombreux. Il faut, à tout prix, y mettre fin.

 

 

Il est plus que jamais nécessaire de mener un audit général de l’Etat et des institutions dans notre pays sur la période allant de 1991 à nos jours afin de situer les responsabilités de l’usage des aides au développement et de détournement des fonds publics. Une commission d’experts maliens et occidentaux serait indiquée pour mener à bien cet audit indispensable pour le retour à une réelle normalité au Mali.

 

 

Certes, le Mali reste un exemple de démocratie selon les normes africaines. Redresser le Mali permettra de rehausser ces normes et il sera un cas d’école intéressant pour les autres pays africains.

 

 

Pour éviter que notre pays ne tombe une nouvelle fois dans l’escarcelle de la corruption et de la délinquance financière, il doit être accompagné dans le recyclage de ses formations et organisations politiques et civiles.

Ahmed M. Thiam

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