La rémobilisation de l’Administration, l’amélioration du processus électoral, une décentralisation plus poussée avec des instruments susceptibles de rendre plus viables les collectivités, sont autant de sujets qui ont été largement abordés lors des échanges entre le Premier ministre et les élus de la Nation.
La Déclaration de politique générale du gouvernement prend pratiquement en comte tous les sujets d’intérêt national. Après la présentation du texte mardi, le Premier ministre Moussa Mara était à nouveau vendredi dernier à l’Assemblée nationale, pour répondre aux questions des honorables députés. Parmi les thèmes au cœur des débats figure en bonne place la question du « renforcement des institutions et l’approfondissement de la démocratie ».
Par rapport à ce sujet, le chef du gouvernement a insisté sur la reforme administrative. Nombre de députés ont déploré l’état de notre administration publique, estimant qu’on « ne travaille plus » dans les services administratifs (à commencer selon eux par l’administration de l’Assemblée nationale). « Les usagers ne savent plus à quel saint se vouer. Ils sont traités avec arrogance et mépris », a dénoncé par exemple l’honorable Moussa Badiaga du groupe parlementaire RPM. Certains intervenants ont souligné que les services sont victimes de l’absentéisme des personnels, de retard chronique des travailleurs « qui viennent quand ils veulent et repartent quand ils veulent ». Les services publics sont devenus des lieux de commerce. Des agents travaillent dans le secteur public en même temps que dans le privé. Ce qui est formellement interdit par les textes.
Pour les parlementaires, il est urgent de mettre fin à toutes ces pratiques. Il faut absolument sévir. En plus des mesures envisagées par le gouvernement, certains élus proposent d’élaborer et adopter des plans de carrière pour chaque corporation.
Le Premier ministre Moussa Mara a parlé de réorganisation territoriale avec la perspective d’augmenter éventuellement le nombre des régions combinées ou non avec la suppression des cercles. Que faire de la loi et des décrets de création de nouvelles régions et cercles promulgués en 2012 avant le déclenchement de la profonde crise qui a affecté le pays ? Par rapport à cette question, le chef du gouvernement a indiqué que les états généraux de la décentralisation tenus en octobre dernier ont formulé des recommandations fortes dans le cadre de la décentralisation et la régionalisation.
La régionalisation doit être bien gérée avec beaucoup plus d’intelligence dans la démarche afin d’éviter les appétits du fédéralisme. Quant à l’approfondissement de la démocratie, les honorables députés sont d’accord avec les mesures envisagées et ont tenu à féliciter et remercier tous les partenaires de notre processus électoral comme les fondations CMDID, Frederich Ebert, Konrad Adenauer, le NDI et les organisations de la société civile, pour leurs soutiens et appuis combien importants pour le renforcement des capacités des partis politiques maliens. Ils sont d’accord pour la mise en place d’une administration pérenne de gestion des élections.
Reconnaissant que la sécurisation de notre état civil est une initiative bienvenue et pertinente, les députés demandent de prendre des dispositions appropriées pour mettre en place le dispositif du RAVEC (Recensement administratif à vocation d’état civil) dans toutes les communes du pays avant fin 2015.
Parmi les préoccupations soulevées par les députés figurent également la valorisation de la fonction de maire par l’amélioration de la prime de représentation. Ils jugent par ailleurs salvatrices, les actions en cours au niveau de la justice pour assainir ce corps. Ces actions doivent être encouragées et soutenues. La mise en place de la Haute cour de justice qui a ainsi comblé un vide institutionnel est aussi à saluer.
Parlant de la création de l’organe de coordination de lutte contre la corruption, le chef du gouvernement a expliqué que cette instance ne sera pas une structure de contrôle de plus. C’est plutôt un organe permettant de rationnaliser cette lutte et lui donner un contenu.
Quant à la valorisation de la fonction de maire, cela est une réalité en rapport avec la consolidation de la décentralisation. Les indemnités des maires, a rappelé Moussa Mara, sont payées par les collectivités.
L’amélioration du processus électoral et la prise en compte des nouveaux électeurs en âge de voter mais qui n’avaient pas pu le faire en 2013 alors qu’ils sont majeurs, constituent des préoccupations majeures pour le gouvernement, a assuré le Premier ministre.
Quant aux nouvelles régions, leur mise en place doit être effective dans un délai de 5 ans. L’application de la loi y afférant n’a pas commencé et les réflexions sont en cours. Les élections communales seront donc organisées sur la base des 8 régions actuellement existantes.
Le ministère en charge de l’Administration territoriale s’emploie pour que les citoyens qui n’ont pas pu être pris en charge par le RAVEC puissent l’être. Les textes qui régissent les élections sont en amélioration. Concernant les préparatifs des communales à venir, un comité de pilotage est en place de puis peu.
La régionalisation consiste à faire en sorte que la région soit au cœur du développement. Une élection sera organisée pour les maires et une autre pour les présidents des assemblées régionales. Les services techniques seront transférés aux régions et l’Etat va promouvoir le partenariat entre la région et les collectivités. Celles-ci doivent avoir des aptitudes nécessaires pour mettre en œuvre des programmes de développement et mobiliser des financements. Les structures permettant d’accompagner cette évolution doivent être créées dans chacune des régions.
S. DOUMBIA