Rencontre entre le président de la République et la classe politique : IBK n’est pas «un menteur» mais il abhorre le langage de la vérité

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Aux commandes de l’aéronef  Mali entré dans une véritable zone de turbulences, le président de la République passe des moments difficiles et ne veut pas le reconnaître. Face à la classe politique, le jeudi 20 novembre à Koulouba, IBK a indiqué clairement qu’il ne possède d’action nulle part dans le monde et que ce n’est pas à 70 ans qu’il va devenir «un brigand». Avant d’ajouter, fort de l’appui des partis de la majorité présidentielle, sous la direction du doyen Boulkassoum Haïdara, qu’il ne s’adressera pas à la nation sur ce dossier. Malgré l’insistance de certains acteurs politiques qui jugent cet exercice incontournable.

Tumultueuse gouvernance sous IBK : Est-ce la fin d’un mythe ?
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta

Un aspect souvent déploré dans la gouvernance IBK est le fait que le président de la République ne consulte pas régulièrement les acteurs politiques tant de la majorité que de l’opposition. Le locataire du palais de Koulouba ne cherche à prendre langue avec eux que quand il est confronté à de fortes récriminations au sein de l’opinion publique. Lesquelles, abondamment relayées par les médias, finissent par porter un rude coup à sa gouvernance. Si IBK se décidait à institutionnaliser ces échanges avec la classe politique en leur imprimant une certaine régularité en dehors de toute polémique, son pouvoir en sortirait probablement plus conforté.

 

Des déceptions entre IBK et sa majorité

Par ailleurs, ce déficit de partage d’informations entre le chef de l’Etat et les partis politiques, y compris ceux qui le soutiennent, provoque quelques quiproquos qu’il a intérêt à dissiper.

En effet, lors de la rentrée politique de la Convention des partis politiques de la majorité présidentielle (CMP), le président de cette plateforme politique, Dr Boulkassoum Haïdara (président intérimaire du RPM) a su éviter la langue de bois.  “Bien que non encore sous-tendues par des preuves judiciaires, les tonitruantes surfacturations se rapportant à l’acquisition d’un avion présidentiel et à l’achat d’équipements militaires, diversement commentées dans l’opinion, sarcastiquement dénoncées par la presse… et sévèrement critiquées par l’opposition, sont le fait de collaborateurs en qui le président Ibrahim Boubacar Kéita avait placé toute sa confiance et qui l’ont cyniquement trahi… “, avait-il martelé. Ce qui a suffi pour déclencher une colère noire du locataire de Koulouba. Et, lors de la rencontre avec sa majorité le jeudi 20 novembre, IBK a martelé sa déception par rapport à ce discours de la vérité, allant jusqu’à dénoncer que ses alliés politiques se contentent ” des colportages des radios cancan ! “. Le pauvre septuagénaire président de la CMP était presque voué aux gémonies. Il a toutefois fait remarquer que seules “ les informations justes et fiables édifient mieux ” et leur permettent de ne pas tenir compte de celles que servent les radios cancan.

 

Les dérobades…

Or, de sources proches du RPM, depuis son investiture en septembre 2013, IBK n’a pu recevoir les responsables de son parti que le 12 juillet 2014. Soit presqu’une année après. Dans ces conditions, les cadres du parti du tisserand se demandent comment peuvent-ils être bien informés sur les affaires de la nation pour savoir quel discours adopter tout en tenant compte des aspirations profondes des Maliens

 

Il faut relever que ce quiproquo n’a pas empêché le président de la CMP de véritablement voler au secours du pouvoir en appelant le peuple malien à dépasser la polémique suscitée par cette affaire de l’avion présidentiel et du contrat d’armements. Cet appel sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr. Dans la mesure où le sort du peuple tout entier est lié à la reprise des décaissements du FMI, qui nous l’avons  désormais appris à nos dépens, ne badine pas avec les règles de l’orthodoxie dans la gestion des finances publiques. Surtout quand il s’agit des deniers publics d’un pays comme le Mali, assisté et porté à bout de bras par les gros contribuables de Bretton Woods.

…la fuite en avant

Si, lors des échanges avec l’opposition, IBK a évité le sujet, en se focalisant sur les pourparlers d’Alger et le virus Ebola, ce n’est que l’illustration d’une véritable fuite en avant. Pire, une politique de l’autruche ! En réalité, le locataire de Koulouba est plus qu’embarrassé par le scandale du siècle et il doit prouver le contraire en s’expliquant devant la nation. En refusant de le faire, IBK démontre qu’il cautionne les actes posés tout le long de la procédure de passation et d’exécution de ces marchés publics aux senteurs de soufre.

Refusant  de se faire complice de la démarche du président, le président du PARENA (opposition), Tiébilé Dramé, a mis le doigt dans la plaie avec une série de questions : L’avion a coûté exactement combien ? Pourquoi n’est-il pas immatriculé malien ? Le gouvernement a-t-il créé une société sur une île des Caraïbes dénommée Mali BBJ ? Quid des redevances de location de l’aéronef ?

IBK a dû se retenir pour ne pas laisser exploser une colère dont on le dit coutumier ! Il s’est contenté de souligner qu’il partage le souci de la transparence dans la gestion avec l’opposition et qu’il n’est pas un ” menteur “. “Vous m’incitez à m’adresser à la nation, je ne le ferai jamais. Car je ne suis pas à la barre !

Comme on le voit, le chef de l’Etat est plus que coincé par cette rocambolesque affaire que Tiébilé Dramé a qualifiée de “scandale des scandales “ dont le dénouement partiel ne sera connu qu’ à la fin décembre prochain au sortir du conseil d’administration du FMI.

Pour le reste, il faudra attendre l’aboutissement de l’enquête judiciaire ouverte par la justice française contre Michel Tomi pour «association de malfaiteurs…»

Bruno D SEGBEDJI

 

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