C’est une forte délégation de l’URD, conduite par son Secrétaire général Lassana Koné qui a été reçue, le mardi 10 janvier dernier, au siège de l’ADEMA-PASJ à Bamako-Coura. Selon des sources généralement bien informées, cette rencontre avait pour but de peaufiner un accord à trois (avec le RPM d’IBK) en vue d’un report de voix lors du second tour de la présidentielle de 2012. Ceci pour barrer la route éventuellement à l’ancien Premier ministre et très probable candidat indépendant, Modibo Sidibé, dont l’irruption sur la scène politique nationale semble ne pas plaire aux grandes formations politiques. Lesquelles croient, à tort ou à raison, que c’est leur tour d’occuper le très convoité fauteuil présidentiel qu’ATT va devoir quitter dans cinq petits mois.
En cette fin du mandat non renouvelable d’ATT, ils sont nombreux les candidats qui espèrent, chacun, occuper le fauteuil présidentiel que le "Soldat de la démocratie" va devoir quitter le 8 juin prochain. C’est déjà l’effervescence générale au sein de la classe politique et dans les clubs qui soutiennent la candidature de tel ou tel postulant. Les candidats des trois grands partis que sont Pr Dioncounda Traoré de l’ADEMA-PASJ, Soumaïla Cissé de l’URD et Ibrahim Boubacar Kéïta du RPM, sont tous unanimes à penser que le prochain président de la République doit sortir de ce trio. Pour la simple et unique raison qu’ils sont à la tête des trois plus grandes formations politiques de la place… En oubliant certainement que l’actuel président de la République, Amadou Toumani Touré, n’avait pas de parti en 2002 quand il est sorti victorieux du combat qui l’avait, à l’époque, opposé à Soumaïla Cissé, candidat officiel de la "machine de guerre électorale" qu’est l’ADEMA.
C’est ce scénario que la classe politique craint qu’il ne se reproduise en 2012, avec un candidat indépendant, en l’occurrence Modibo Sidibé, soupçonné d’avoir eu le courage de se jeter dans le marigot politique grâce aux seules bénédictions du palais. En tout cas, l’arrivée sur la scène politique de l’ancien Premier ministre semble avoir bouleversé les calculs des grandes formations politiques, toutes issues, d’ailleurs, des flancs de l’ADEMA qui a eu à gérer le pays dix ans, de 1992 à 2002.
Si, depuis leur séparation, l’ADEMA et ses rejetons que sont le RPM et l’URD, se regardent en chiens de faïence, tel n’est plus le cas depuis (excusez la répétition) la démission de Modibo Sidibé de la tête du gouvernement de la République, le 30 mars 2011. Longtemps suivi dans ses moindres faits et gestes, comme du lait sur le feu (pour reprendre une expression chère à ATT) Modibo Sidibé est venu, avec sa plus que probable candidature à la présidentielle de 2012, déjouer tous les pronostics et toutes les stratégies que les grandes formations politiques ont mis des années à mûrir.
Quel candidat aura les faveurs d’ATT ?
C’est dans l’optique de barrer la route à Modibo Sidibé, sur le chemin tortueux de Koulouba, que les trois grands partis politiques, l’ADEMA, l’URD et le RPM, ont mis sous le boisseau leurs divergences dans le but de sceller une alliance politique en vue d’atteindre leur objectif, c’est-à-dire faire élire l’un d’entre eux à la présidence de la République en 2012. Il s’agit, selon des sources généralement bien informées, de sceller une sainte alliance pour "empêcher ATT de faire élire Modibo Sidibé". Ce sont-là les termes employés par un haut responsable d’un des partis concernés qui a requis l’anonymat. Qu’ils le disent ou pas (peuvent-ils d’ailleurs le dire ayant tous leurs représentants au sein du gouvernement d’ATT), tous les grands partis de la mouvance dite présidentielle considèrent que l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé est le dauphin qu’ATT se serait choisi au détriment des partis qui l’ont pendantont toutes ces années, aidé dans la tâche de gestion de l’Etat. Raison pour laquelle ces partis se croient aujourd’hui trahis. D’où ce (début) de rassemblement autour de l’ADEMA, qui demeure jusqu’a contrario la première force politique du pays, afin de nouer une alliance qui fera en sorte que les deux autres partis soutiendront le candidat du parti qui arrivera au second tour. Au cas, bien sûr, où ce dernier aura comme adversaire un candidat non issu de ces trois formations politiques. Concrètement, au cas où Modibo Sidibé serait au second tour face à l’URD – ce n’est qu’un exemple -, l’ADEMA et le RPM viendraient soutenir le candidat de ce parti afin qu’il gagne la bataille face au candidat indépendant. Du moins en théorie : la réalité politique étant beaucoup plus complexe et difficile à saisir.
La visite de travail, mardi dernier, de la très forte délégation de l’URD, conduite par son Secrétaire général, Lassana Koné, au siège de l’ADEMA-PASJ à Bamako-coura, n’avait d’autre objectif que de tabler sur cet accord qui ne devrait pas tarder à être signé entre l’ADEMA, l’URD et le RPM.
Cette rencontre était, d’ailleurs, loin d’être la toute première entre l’URD et l’ADEMA. C’est une dynamique que les trois partis ADEMA, URD et RPM ont créée depuis un certain temps et qu’ils continueront d’entretenir jusqu’à la présidentielle du 29 avril 2012, selon les confidences d’un haut responsable de l’un des partis concernés. Rappelons qu’il y a un mois, c’est l’ADEMA qui avait fait le déplacement au siège du parti de la poignée de main, sis à Badalabougou.
Plusieurs autres rencontres ont eu lieu, loin des regards indiscrets entre les trois forces politiques qui seront dans le starting-block de la présidentielle de 2012.
Mamadou FOFANA