Rencontre hier entre le ministère de l’administration territoriale et la classe politique : Vers le retrait du projet de loi électorale ?

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Abdoulaye Idrissa Maïga
Abdoulaye Idrissa Maiga, ex-ministre de la Défense

Hier, mardi 6 septembre 2016, dans la matinée, le ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a rencontré la classe politique. L’objet de la rencontre portait sur le projet de loi portant code électoral. Ledit projet de loi devrait, en principe, être adopté demain jeudi 8 septembre 2016 par l’Assemblée nationale du Mali. Le projet de loi est décrié par la classe politique (Opposition comme majorité). Ce qui poussa le gouvernement à travers le ministère de l’administration territoriale d’initier une rencontre avec l’opposition en vu de changer la mouture dudit projet de loi voire même d’envisager son retrait pur et simple.

Le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, étant à la Mecque, son homologue Abdoulaye Idrissa Maïga, ministre de la défense et des anciens combattants a rencontré hier les responsables des partis politiques de l’opposition malienne. Cette rencontre portait sur le projet de loi portant code électoral. A en croire nos sources, le ministre dit avoir écouté les doléances  faites par l’opposition sur le projet de loi électorale. Et l’une des doléances faites par l’opposition est de retirer purement et simplement le projet de loi en l’état actuel. Même s’il n’y a pas eu de précision sur le retrait pur et simple dudit projet de loi électorale, les acteurs sont dans l’optique de voir comment changer sa mouture afin de permettre à tout le monde d’être présidentiable et de faire en sorte que la CENI (Commission électorale nationale indépendante) soit équitable. « Nous restons sur notre position à savoir le retrait du projet de loi car il n’est pas bon », a souligné Nouhoun Togo, responsable du PEDES, contacté par nos soins, après la rencontre avec le ministre. S’achemine-t-on vers le retrait du projet de loi électorale ? Rien n’est sûr pour l’instant. Mais toutefois, au moment où nous mettons cet article sous presse, une autre  rencontre entre le ministre Abdoulaye Idrissa Maïga et le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé devait se tenir. Nos tentatives d’avoir d’amples informations sur cette dernière rencontre resteront vaines.

Projet de loi électorale désavoué par la classe politique

L’opposition malienne, dans son ensemble, rejette catégoriquement ce projet de loi électorale. Pour preuve, après avoir adressé une lettre au premier ministre, Modibo Keïta lui demandant le retrait pur et simple du nouveau code électoral en examen à l’assemblée nationale, les responsables de l’opposition étaient face à la presse le samedi dernier pour faire leurs réserves sur ledit projet de loi qui fait couler beaucoup d’encre de salive. « Dans le projet de loi l’opposition s’oppose solennellement au mode de répartition des membres de la CENI entre les partis de la majorité et de l’opposition, basée sur le nombre de députés à l’Assemblée Nationale. Ce système pour elle, met en cause la crédibilité même de la CENI qui est une structure de contrôle et de supervision des élections. On ne saurait être juge et partie. Majorité et Opposition doivent avoir le même nombre de sièges afin de garantir des élections transparentes, crédibles et acceptables par tous. L’opposition a rejeté totalement le parrainage proposé des élus et le montant exorbitant du cautionnement pour les candidats à l’élection présidentielle, traitant les dispositions de ces articles d’antidémocratiques, de discriminatoires et d’exclusion… Enfin, suite à des observations autant sur le fond que sur la forme, l’opposition  recommande vivement le retrait pur et simple du projet de loi », a souhaité l’opposition. Et ce n’est pas seulement l’opposition qui désavoue ce projet de loi qui doit être examiné demain à l’hémicycle. Le parti Yelema de l’ancien premier ministre Moussa Mara, le parti Sadi du député  Oumar Mariko qui sont de la majorité présidentielle dénoncent également ledit projet de loi. Idem pour la Cnas Faso Hèrè de l’ancien premier ministre Soumana Sako et l’Adp Maliba, de l’honorable Amadou Thiam. « Le projet de loi électorale souffre de deux handicaps majeurs, sur la forme et dans le fond. Sur la forme, il est arrivé à l’assemblée après un processus qui n’a pas été concerté avec la classe politique, pour un texte aussi important, cela doit être évité. Dans le fond, d’après ce que nous en savons, il contient une disposition qui peut être interprétée comme discriminatoire et destinée à exclure des personnalités des prochaines élections présidentielles. Pour un pays qui a l’habitude d’élections apaisées, il faut éviter des actions qui peuvent être sources de tension. Pour ces différentes raisons, sans entrer dans les débats, il serait prudent de retirer ce projet de texte et de travailler avec la classe politique pour obtenir une mouture consensuelle et non belligène », a souhaité l’ancien premier ministre Moussa Mara, président du parti Yelema. Le député Oumar Mariko du Sadi a fait savoir que son parti est fondamentalement contre le projet de loi électorale. Le Bureau Politique National de la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS-Faso Hèrè), présidé par l’ancien premier ministre Soumana Sako condamne sans appel le projet de loi soumis par le Gouvernement et appelle l’Assemblée Nationale à le rejeter. « Le projet de code électoral déposé par le Gouvernement à l’Assemblée nationale, contestable dans le fond en ce qui concerne l’article 147 portant les germes de l’exclusion et de la crise politique, est tout aussi reprochable dans la manière dont il a été préparé et soumis au parlement… Le retrait du projet de loi déposé à l’Assemblée est un préalable utile à observer. Ce retrait doit être suivi d’une concertation avec les acteurs politiques et la société civile sur les dispositions principales du projet dont les conditions pour participer à la prochaine élection présidentielle », a suggéré le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, l’honorable Amadou Thiam.  Le gouvernement va-t-il suivre la classe politique en retirant ce projet de loi ? La réponse demain à l’assemblée nationale où l’opposition prévoie un sit-in pour le retrait pur et simple dudit projet de loi.

Aguibou Sogodogo

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