A la rencontre avec la classe politique : IBK entre une opposition accablante et une majorité factice

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SEM Ibrahim Boubacar Keita président Malien

Les déclarations du Président Keïta, lors de la série d’échanges qu’il a récemment eue avec les forces vives de la nation, en disent long sur ce que le chef de l’Etat attend de l’une ou l’autre composante de la classe politique nationale.

Ce jeudi 20 novembre, le Président de la République rencontrait, pour la deuxième fois depuis son investiture, les leaders de la société civile, des confessions religieuses, ceux des partis de la majorité présidentielle et de l’opposition. Au centre des échanges, les principales questions qui font la Une de l’actualité nationale, à savoir les négociations d’Alger et la fièvre hémorragique à virus Ebola. Sur ces points d’intérêt hautement national, le chef de l’Etat entendait non seulement amener ses interlocuteurs au même niveau d’information, mais aussi et surtout recueillir leurs préoccupations et suggestions. Si la rencontre avec la société civile et les religieux a été, naturellement, l’une des plus cordiales, celle avec la  majorité présidentielle aura été l’occasion pour IBK de partager certaines vérités avec les siens. En effet, le Président de la République ne s’est pas fait prier pour dénoncer le manque de dynamisme de ses amis. «Vous m’avez laissé sur ma faim», a-t-il asséné, rappelant qu’une majorité présidentielle n’avait de sens que si elle est en soutien constant. En effet, le chef de l’Etat ne semble pas avoir besoin de cette majorité qui a du mal à mobiliser autour de son projet et qui ne se manifeste que pour répliquer aux coups de l’opposition. «J’ai besoin d’une majorité de confiance, à cheval sur la vérité», a indiqué IBK. Comme pour inviter les 62 partis politiques-coachés par le RPM-qui le soutiennent à changer désormais de pratiques. A présent, Boulkassoum Haïdara et les siens doivent se rendre à l’évidence que le début tumultueux du mandat de leur mentor s’explique beaucoup plus par le soutien simulé, dans lequel ils sont plongés depuis, que par les écrits «d’une certaine presse» à laquelle ils s’en étaient violemment pris lors de  leur rentrée politique.

Face aux leaders de l’opposition, ce qui était parti pour être un échange de vues entre le Président de la République et ses hôtes du jour a vite pris l’allure d’une véritable séance d’interpellation. Au point que le chef de l’Etat a vite fait de rappeler qu’il n’est pas à la barre. En réponse à un certain nombre d’interrogations à lui adressées par Tiébilé Dramé, IBK a presque perdu le contrôle de ses nerfs. Invité par le président du Parena à s’expliquer sur un certain nombre de sujets, notamment le prix du nouvel avion présidentiel et la riposte à la maladie à virus Ebola, la réponse du président de la République a été des plus énergiques : «Je n’ai aucun complexe. Vous m’incitez à m’adresser à la nation. Je ne le ferai jamais. Sans arrogance», s’était-il offusqué. Auparavant, il avait estimé, en réplique à une suggestion de Soumaïla Cissé de l’URD, que la fermeture de la  frontière avec la Guinée n’était conseillée ni par la Cedeao, encore moins par l’OMS. Quoiqu’il en soit, la menace du virus, qu’il dit suivre de près, serait en train d’être maîtrisée.

Au sujet d’Alger, l’honorable Cissé, considéré comme le chef de file de l’opposition, a émis beaucoup de réserves sur le document de synthèse proposé par la médiation algérienne. Il a ensuite regretté le fait que l’opposition soit invitée tardivement à se prononcer sur ce sujet, sachant que la délégation malienne s’est déjà rendue à Alger. Mais pour le chef de l’Etat, à partir du moment où rien n’est encore signé, le gouvernement reste ouvert à toutes les propositions de la classe politique.

Les leaders de l’opposition qui ont pris part à cette rencontre sont: Soumaïla Cissé, Mody N’Diaye et Me Demba Traoré de l’URD, Tiébilé Dramé et Bintou Maïga du Parena, Souleymane Koné, Amadou Cissé et Sinaly Diawara des Fare, Amadou Sidibé du Prvm/Fasoko, Amadou Koïta du PS-Yelen Kura et Ahmadou Abdoulaye Diallo du Pdes.

Il faut rappeler que lors de leur première rencontre, le 4 juin dernier, Ibrahim Boubacar Keïta s’était engagé à pérenniser ce cadre d’échange pour le renforcement du dialogue politique et du processus démocratique au Mali. De leur côté, les partis de l’opposition, par la voix de Soumaïla Cissé, avaient exprimé leur disponibilité à accompagner ce processus pour la décrispation du climat politique national.

Bakary SOGODOGO

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