La dernière semaine du mois de mai, qui a également vu la célébration, le 25 mai, de la Journée de l’Afrique, a été marquée par des remous politiques assez révélateurs de la volonté de certains responsables de partis politiques d’afficher leurs véritables ambitions et positionnements en vue des échéances électorales de 2012.
La perspective des prochaines élections présidentielles et législatives prévues courant 2012 aiguise bien d’appétits. En tout cas, différents états-majors politiques ont déjà entrepris de définir leur stratégie et tracer leur plan de bataille. Le tout, à la faveur de la Semaine de l’intégration africaine, avec comme point focal le 25 mai qui commémore la Journée de l’Afrique. C’est ce jour qui consacre également ses vingt ans, qu’a choisi le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (PASJ) pour animer une conférence-débats et pour lancer l’appel à candidature pour l’investiture du parti à la prochaine présidentielle. Au cours de la conférence, les différents responsables du parti ont appelé les militants à plus de cohésion et d’unité afin de remporter les futures échéances électorales. Le Pasj ne doute pas un seul instant de gagner ces scrutins d’autant plus qu’il compte sur l’administration, chargée d’organiser les élections, pour ramener un fichier électoral élaboré à partir du Recensement administratif à caractère électoral, un document «vicié et malade» qui lui a permis de se forger une large majorité lors des scrutins précédents. Mais, le Race suffira-t-il cette fois à faire gagner l’Adema ? Rien n’est moins sûr. En effet, les «Abeilles» ne parviennent pas à s’entendre sur le choix d’un candidat consensuel qui se présentera sous les couleurs du parti. Une solution avait été envisagée avec l’organisation des «primaires» qui auront pour but de faire choisir le candidat par, à défaut de tous les militants selon un mode universel, les responsables de Section et d’autres instances du parti. Cette solution de seconde zone, bien que n’ayant pas fait non plus l’unanimité au sein de la «Ruche», avait été retenue. D’où l’appel à candidature du 25 mai. Mais, quelques heures après, il semble que plusieurs hauts cadres et responsables du parti, suivant les conseils d’un Comité des sages institué à cet effet, ont décidé de surseoir à la procédure d’appel à candidature. Pour l’heure, les vraies raisons ne sont pas invoquées, les «Ruchers» se refusent à tout commentaire. Toutefois, selon des sources bien introduites dans la «Ruche», la solution des Primaires est enterrée pour de bon. Ce qui présage d’un départ en désordre de bataille pour les élections prochaines, notamment pour la présidentielle de 2012 pour laquelle les ambitions sont inconciliables.
Un autre parti qui a soufflé ses vingt bougies, c’est le Congrès National d’Initiative Démocratique (CNID). A la faveur de son cinquième Congrès ordinaire, le CNID a également affiché ses ambitions et affirmé qu’il était toujours vivant. Ceux qui le donnaient pour mort, se basaient sur la récente crise que ce parti a traversée, lorsque plusieurs de ses plus hauts cadres, dont le numéro 2, avaient claqué la porte avec armes et bagages pour encombrer les rangs du PDES. Le 28 mai donc, à l’issue de leurs assises, Mountaga Tall et ses militants ont remplacé les démissionnaires à leurs postes, afin de se préparer pour les joutes électorales de 2012. Le CNID sera également présent dans la course à la présidentielle.
Au cours du Congrès, il n’a pas été question de la reconstitution de la grande famille CNID, avec notamment la réintégration de ses cadres qui sont partis pour fonder le Parena.
Mais pour sa part, toujours à l’occasion de la Journée de l’Afrique, la jeunesse de ce parti a organisé une conférence-débats animée par son président, Tiébilé Dramé, lequel a fait, comme à l’accoutumée, le tour des grandes questions d’intérêt national. Bien que partie prenante à l’action gouvernementale, le Parena entend inscrire son action dans la critique et l’objectivité. Ainsi, par la voix de son président, il a fustigé la mise à l’écart de la classe politique dans la prise de décisions importantes, notamment le choix que le Gouvernement veut faire du RACE pour l’organisation des prochaines élections auxquelles le Parena compte participer. Et visiblement, le parti de Tiébilé Dramé ne veut pas du RACE, lequel a montré de nombreuses imperfections jugées irrémédiablement incurables.
Tout comme le Parena, le Front pour le Développement du Mali (FDM) ne veut pas du fichier électoral, même amélioré, que le Gouvernement veut imposer. Lors de sa première Conférence nationale tenue le 28 mai, le parti du Dr Harouna Cissé a dénoncé tous les risques qui pourraient découler du tâtonnement et du pilotage à vue de l’administration Touré. En particulier, à cause du maintien de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) dont les travailleurs ne veulent pas. Le FDM, tout comme le Parena, a trouvé là leur cheval de bataille pour atteindre la conviction des électeurs.
Il en faudra beaucoup plus pour Modibo Sidibé, Premier Ministre tombé en disgrâce, pour le compte duquel un groupement féminin, l’Association Faso Den Nyuman (AFDN) est en train de s’agiter, avec la nette intention de le pousser à se présenter à la présidentielle de 2012. Même si l’homme lui-même garde le profil bas et se garde de toute déclaration, ses ambitions n’en sont pas moins connues des observateurs et, surtout, de ses adversaires potentiels de l’Adema qui lui ont dénié toute appartenance à la «Ruche».
Un autre ancien Premier Ministre fera plus que mouiller le maillot pour s’installer dans le fauteuil qu’ATT, normalement, laissera vacant le 8 juin 2012. Il s’agit de Soumana Sako pour qui ses amis, sympathisants et militants ont créé la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS), parti censé le porter, lui aussi, au pouvoir.
Comme on le voit, la compétition pour Koulouba 2012 qui est largement ouverte, a déjà commencé et promet d’être haletante. A moins que le Gouvernement, par un RACE boiteux, et le président de la République, par une obstination à garder son fauteuil ou une obsession à le céder à un proche, ne parviennent à tuer le suspense.
Cheick TANDINA