Remaniement ministériel : Le règne d’un silence oppressant

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Aujourd’hui, tous les maliens sont convaincus de la nécessité d’un changement de gouvernement ou du moins de l’urgence de changer certains ministres qui ont pratiquement atteint leur limite de compétence

Dans certains pays de tels ministres  auraient depuis longtemps démissionnés d’eux-mêmes pour laisser la place à d’autres cadres dans l’intérêt du pays. Mais dans notre  pays où le seul moyen le plus rapide de se faire une richesse, une carrière pour soi, ses parents et son clan reste le pouvoir, le mot démission se trouve tout simplement banni des lexiques gouvernementaux. Tant pis pour le peuple car pour le ministre malien, ce qui compte c’est la fidélité au prince du jour, c’est-à-dire au président de la République et sa famille politique.

De nos jours, au Mali, malgré l’approbation nationale sur la nécessité et l’urgence de remplacer certains ministres du gouvernement  Modibo Sidibé, rien n’y fait, certains ministres ayant franchi le seuil de l’incompétence continuent de créer le blocage au niveau de leur département et au niveau du gouvernement dans son ensemble. En dépit des remontrances médiatiques, certains ministres de l’actuel gouvernement continuent  de larguer le peuple avec des scandales qui d’autres cieux méritent autre chose.  

Pourquoi le remaniement tarde à se concrétiser.

Bien des Maliens ont tenté de connaître les raisons d’un tel blocage, voire d’une régression au niveau certains départements tant décrié pourtant.

Selon nos sources, le remaniement ministériel est effectivement inscrit en bonne place dans les programmes du chef de l’Etat.  Mais concernant le remplacement de certains ministres qui doivent partir, il existe de profondes divergences entre le chef de l’Etat et les formations politiques.

Par ailleurs, des présidents de partis et pas des moindres n’approuvent guère la présence  au gouvernement de certains ministres qui ont rejoint le Pdes , ce parti politique proche du président ATT.  Aussi, au cas où  l’équilibre ne sera pas rétabli au sein du gouvernement , ces partis menaceraient de bouder le prochain gouvernement pour prendre le chemin de l’opposition.  Une sorte de chantages politiques qui semblent pour le moment avoir raison du locataire de Koulouba qui a cautionné la création du Mouvement  citoyen (MC) en parti politique, malgré le soutien indéfectible apporté à ATT par les grands partis (plus d’une quarantaine) lors des élections de 2007  sans parler du consensus politique fait autour de lui pour qu’il puisse rempiler.

D’un autre côté, le principal objectif du président indépendant viserait, lors du prochain remaniement ministériel  à choisir moins de ministres politiques dans son futur gouvernement surtout  à deux ans des prochains scrutins de 2012.

 Et pourquoi ?

Pour  éviter que les départements à l’approche de 2012 ne soient transformés en des polygones politiques et en « vache laitière » pour préparer la campagne de tel ou tel parti. C’est pour toutes ces raisons que le prochain gouvernement ministériel tant attendu doit faire l’objet de beaucoup d’acrobaties politiques de la part du chef de l’Etat. C’est dire  qu’un futur bras –de- fer  pourrait surgir entre le président et les partis politiques.

A l’approche de ce scrutin présidentiel, les formations politiques ont  surtout  besoin  de compter leurs  éléments parmi  les sphères  hautes du pouvoir non seulement pour alimenter leurs caisses de campagne mais aussi avoir l’œil sur le processus des scrutins à venir.  Enfin  à l’approche d’une échéance électorale, la présence des éléments d’un parti dans le gouvernement pourrait permettre à ce parti de compter sur les moyens de l’Etat en vue de bien mener sa campagne électorale. Partant de toutes ces raisons, aucun parti membre du consensus actuel  fait autour du président ATT ne veut rater  « le coche » pour rentrer dans  le prochain gouvernement.

Cependant, à l’approche du dudit scrutin,  le  président indépendant  tient à jouer l’équilibre politique pour former son futur gouvernement. Un gouvernement que le chef de l’Etat entend constituer pour s’attaquer durant les deux ans  de pouvoir qui lui reste à des questions vitales de notre société entre autres, la sécurité alimentaire, la sécurité dans les villes et campagnes  des solutions adéquates ;   à trouver aux problèmes des jeunes dont le chômage, l’emploi, le sport et l’éducation.

Le président ATT aurait  donc besoin d’une équipe gouvernementale constituée de technocrates qu’il compte conserver jusqu’en 2012.

ATT, selon des sources concordantes  veut jouer à cet équilibre en  recommandant au parti Pdes d’opérer un choix  entre  certains de ses membres qui occupent des postes ministériels. Un  jeu qui constitue pour lui un problème à plusieurs équations.

 Le président ATT pourra t-il trouver un  consensus, ou du moins un terrain d’entente avec les partis  politiques en vue de pouvoir constituer son futur gouvernement  de choc qui devrait  l’accompagner jusqu’aux échéances de 2012 .

 De nos jours, personne ne peut fixer avec exactitude  la date, ni même le mois où sera effectué  le prochain remaniement avec ces différents facteurs politiques qui bloquent pour le moment les choses.

Tout compte fait, le locataire de Koulouba doit faire très vite car les Maliens constatent qu’au niveau de certains départements, c’est le blocage total. Et dans une telle situation, seul un changement peut relancer les activités surtout que les Maliens, aujourd’hui confinés dans leur quotidien  fait de misère et d’injustice, attendent de pied ferme ATT  estimant qu’il tarde à réaliser les promesses.

De nos jours, pour certains partis politiques (dont même des partis de l’Adp),  ont déjà  pris leur distance vis-à-vis du  locataire de Koulouba. C’est comme s’ils disaient aux Maliens : « C’est ATT la cause de votre misère ! ».

Cependant, pour les partis politiques  qui accepteront  d’avoir leurs représentants au sein du gouvernement, il serait difficile de dire cela.

  De son côté, pour la stabilisation de son pouvoir jusqu’en 2012, ATT aura tout intérêt de continuer à avoir derrière lui ce «vol groupé » de la classe politique.

Dans cet exercice consensuel du pouvoir, qui a lamentablement échoué dans la résolution de  bon nombre de problèmes vitaux de nos  citoyens, ATT et  la classe politique sont tous responsables.

Cette gestion consensuelle et cet état  de grâce sans précédent accordé au régime en place a plutôt produit l’effet contraire en servant  de facteur de blocage dans bon nombre  de domaines, ce qui a conduit le pays dans l’impasse. C’est pourquoi les maliens s’attendent à un véritable « séisme gouvernemental » qui  à chaque fois a été renvoyé aux calendes grecques.

L’on se demande quelle  autre promesse le locataire de Koulouba va faire à des citoyens qui n’y croient plus et ne savent plus à quel saint se vouer.

Pendant ce temps,  des ministres du gouvernement  Modibo Sidibé qui ont déjà  franchi le seuil de compétence et d’impopularité, continuent néanmoins à s’octroyer des notes d’excellence. D’où la question :  de qui se moque t-on dans ce pays ?

Mamadou DIARRA

 

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