L’Association Politique dénommée Alliance pour la Démocratie au Mali (ADEMA), créée le 24 octobre 1990 composée de citoyens patriotes et combattants acharnés, avait pour objet essentiel la quête de la démocratie plurielle, garante d’un développement économique et social harmonieux. Elle s’est transformée en parti politique à la suite d’un congrès les 25 et 26 mai 1991 pour prendre le nom ADEMA Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (ADEMA-PASJ). Un Comité Exécutif de 23 membres, présidé par Alpha Oumar KONARE, a été en place. Son projet de société et les valeurs de solidarité que le nouveau Parti incarnait lui ont permis de remporter les premières élections libres et démocratiques en terme de représentations nationales et locales organisées au Mali de 1992. Jusqu’au Coup d’Etat du 22 mars 2012.
A partir de cette date, un autre type de relation s’est tissée entre l’ADEMA et RPM. Ces relations entre les deux partis aux objectifs non clairement définis ont commencé lorsqu’au deuxième tour de l’élection présidentielle en 2013, l’ADEMA et son candidat recalés ont choisi le camp d’IBK contre celui de Soumaïla CISSE.
Aux élections législatives de novembre 2013, le RPM rafle la mise avec 66 députés devenant du coup la 1ère force politique du pays tandis que l’ADEMA est recalée à la 3ème position avec seulement 15 députés contre 17 pour l’URD. Rappelons que l’URD et le RPM, sont tous sortis des entrailles de l’ADEMA pour avoir subi de sa part une certaine l’injustice.
Bientôt trois ans, après son élection à la tête de l’Etat du Mali, la gouvernance d’IBK a pris du plomb dans l’aile, par manque de programme gouvernemental clair, de visions claires du développement, et la mauvaise gouvernance, qui est devenue une méthode de gestion.
Nous savons que 2018 marquera la fin de son mandat. Les Partis de la Convention de la Majorité Présidentielle (CMP) seront comptables au même titre que le RPM du bilan d’IBK. A cet effet, beaucoup de questions taraudent les militants adémistes. L’ADEMA va-t-elle faire comme les Partis au Sénégal sous le règne d’Abdou DIOUF ? Va-t-elle participer au diner jusqu’à la fin du repas pour oser dire ensuite que le repas n’était pas de son goût ?
L’ADEMA va-t-elle présenter un candidat contre celui du RPM, qui est probablement IBK ou Dr TRETA car chacun de ces deux a la chance d’être candidat en 2018 ?
Où L’ADEMA va-t-elle soutenir dès le départ le candidat du RPM, pour récolter des dividendes aux élections législatives comme ce fut le cas avec ATT en 2007? Va-t-elle fusionner avec le RPM, comme l’avait évoqué le Président IBK lors de la rencontre des membres de l’international socialiste à Bamako en 2015 ?
Ou alors sera-t-elle membre du grand Front de gauche que certains politiques qualifient de serpent de mer avec comme leader le RPM selon les vœux d’IBK ?
Ce qui semble être un théorème en politique, c’est que l’alternance au pouvoir bénéficie généralement aux partis qui ont gouté à l’opposition et qui disposent d’un poids politique réel sur le terrain.
Le Comité Exécutif est invité non seulement à la réflexion, mais à la recherche d’une solution pour la survie de l’un des plus grands Partis politiques d’Afrique et artisan historique de l’avènement de la démocratie au Mali avec un score national de 69% en 1992.
Pour toutes ces questions, le fait de designer le président du parti, comme le candidat naturel, est-il la meilleure solution comme cela se passe dans la majorité des formations politiques en Afrique ? Si tel est le cas, il faudra alors mettre des gardes fous pour éviter que le président du parti, une fois élu président de la République, ne trahisse ses engagements vis-à-vis de la ligne politique du parti. Une autre possibilité peut être explorée c’est-à-dire le retour de l’ASMA-CFP dans l’ADEMA-PASJ. Le leader de l’ASMA-CFP qui n’est autre que Soumeylou Boubèye MAÏGA reste le seul, membre des pères fondateurs du Parti en 1991 à être Chef de Parti politique avec une envergure nationale même si cela a été longtemps contestée par le Comité Exécutif de l’ADEMA. En 2002 il était sûrement le meilleur candidat pour l’ADEMA-PASJ à cause de son expérience. Il faut le lui reconnaitre cela, 14 ans après le commencement du déclin du Parti.
Toutes ces hypothèses semblent être dépassées avec le dernier remaniement gouvernemental, qui a vu l’entrée du président du parti ADEMA dans l’équipe supposée nous amener à juillet 2018 où auront lieu les élections générales, si jamais la CMA était d’accord avec la composition de l’actuel gouvernement. Ce qui se disait en sourdine pendant le congrès de l’ADEMA en mai 2015, devient une réalité de plus en plus. Quant à l’élection de Tiémoko SANGARE à la tête du Parti. Ce fait a été une volonté du Président IBK, qui ne voulait pas voir Moustapha DICKO, à la tête du Parti, car peu manipulable, par rapport au Professeur Tiémoko SANGARE pour défendre les intérêts du RPM. Pour ce faire, les deux cadres de l’ADEMA dans le gouvernement à savoir Empé et Dramane ont été immédiatement mis en mission par IBK afin d’élire le Professeur Tiémoko SANGARE, au moment où la majorité des structures pensaient que l’ancien Ministre, ancien Ambassadeur, ancien Député national et Panafricain, était le meilleur candidat à ce poste pour donner un nouveau visage à l’ADEMA après le Coup d’Etat du 22 mars 2012. Ce dernier a été d’abord nommé par IBK comme son conseiller chargé de la francophonie. Il vient d’être nommé également Haut représentant du Chef d’Etat dans la dite organisation. Il est avec le Professeur Tiémoko SANGARE, les deux personnalités en vue pour porter les couleurs de l’ADEMA à l’élection présidentielle de juillet 2018. Mais dans leurs postures actuelles que peuvent-ils faire encore pour conforter l’ADEMA à présenter un candidat ?
Par cette ruse, le Président IBK vient de décapiter l’ADEMA dans sa volonté de présenter un candidat contre lui en 2018. Le Parti joue donc son avenir politique pour 2018. Le cœur de l’ADEMA va-t-il balancé encore entre la jolie Fanta (soutien à la candidature d’IBK) et la gentille Amina (une candidature interne à l’ADEMA)?
Avec ce remaniement ministériel qui a vu l’entrée du Président du Parti ADEMA en la personne du Professeur Tiémoko SANGARE, peut-on pensé que l’ADEMA est définitivement entre les tenailles d’IBK pour préparer 2018. On se pose enfin beaucoup de questions sur l’avenir de l’ADEMA, notamment quelle porte de sortie l’ADEMA peut-elle avoir en 2018, pour présenter un candidat contre celui avec lequel, elle a cheminé pendant cinq (5) ans ?
L’ADEMA peut-elle refuser à IBK en 2018, ce qu’elle a donné en 2007 sur un plateau d’argent à ATT ?
Nous ne le pensons pas, car le RPM est sorti des entrailles de l’ADEMA et IBK a été le président de ce Parti de 1994 à 2000.
D’après Max WEBER, la politique est ‘’l’ensemble des efforts que l’on fait en vue de participer ou d’influencer sur la répartition du pouvoir, soit entre les états, soit entre les divers groupes à l’intérieur d’un même Etat’’
Des rumeurs circulent comme quoi depuis un certain temps le Professeur Dioncounda TRAORE, Président de la transition voudrait revenir comme candidat en 2018. Cela nous semble paradoxal, dans la mesure, où il a laissé tomber son Parti en 2013, dans les méandres du désespoir. Pendant les législatives, l’ADEMA, n’avait pas un sous parce que tous les fonds du Parti d’un montant de 300 millions de F CFA avaient été engagés dans sa précampagne présidentielle avant le coup d’état du Capitaine SANOGO.
Dioncounda devenu, Président de la transition n’a même pas daigné rembourser ces fonds du Parti pour lui donner la chance, d’avoir un nombre important de députés.
Dioncounda, a même refusé d’être le président d’honneur du Parti au dernier congrès. Et c’est encore lui qui veut lorgner la candidature du Parti pour 2018 ?
Diantre ! Que l’homme politique est amnésique !
C’est donc dans ces conditions que le Parti est allé se prostituer au RPM, pour avoir partout la portion congrue dans le partage des postes électifs.
Le Parti ADEMA a une mauvaise image à corriger. L’ADEMA est devenue le ‘’Cube Magi’’ de la scène politique malienne. Elle a été employée dans toutes les sauces depuis l’avènement de la démocratie, de la sauce gombo du tô à celle du tiebou-diène sénégalais en passant par le fakoye de Gao, l’oudjila de Tombouctou, la sauce d’arachide du Mandé etc…
Sayons donc patients, pour donner du temps au temps afin de bien voir et comprendre la scène politique malienne en 2018.
Seydou DIARRA