Remaniement du gouvernement de Modibo Keita : L’exécutif s’ouvre aux mouvements armés pour booster l’accord de paix

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Au Mali, le président Ibrahim Boubacar Kéita a procédé en fin d’après-midi à un réajustement de son gouvernement toujours dirigé par le Premier ministre Modibo Kéita. Il dirige désormais un gouvernement (le 5è du président IBK) de 34 membres (dont 8 femmes), contre 32 dans la précédente équipe. Une équipe qui est loin d’avoir comblé les attentes et dont certains membres sont déjà contestés par leur base supposée.

Ce remaniement s’est traduit par l’entée de 9 nouveaux ministres dans ce 5e gouvernement (en moins de trois ans de pouvoir) du président Ibrahim Boubacar Kéita. Il s’agit de Pr Tiémoko Sangaré (Mines), Me Mamadou Ismaël Konaté (Justice et droits de l’Homme, Garde des Sceaux), Mohamed El Moctar (Réconciliation nationale), Mme Traoré Seynabou Diop (Equipement, Transports et Désenclavement), Mohamed Ali Ag Ibrahim (Développement industriel), Malick Alhousseini (Energie et de l’Eau), Mme Keita Aïda M’Bo(Environnement, Assainissement et Développement durable), Mme Nina Walett Intallou (Artisanat et Tourisme) et Amadou Koïta (Jeunesse et Construction citoyenne).

Les sortants sont Mamadou Hachim Koumaré (Equipements, Transports et Désenclavement), Dr Choguel Kokala Maïga (Information, Economie numérique et Communication, porte-parole du gouvernement), Dramane Dembélé (Habitat et Urbanisme), Cheickna Seydi Ahmady Diawara (Mines), Frankaly Kéita (Energie et Eau), Zahabi Ould Sidi Mohamed (Réconciliation nationale) et Mme Sanogo Aminata Mallé (Justice et Droits de l’Homme).

En dehors du nombre de femmes en hausse (8), le fait notable est la présence dans cet attelage des représentants des groupes armés. La présence des «ex-mouvements» armés est plutôt bien accueillie par nos interlocuteurs.

Pour de nombreux observateurs de la crise malienne, «cette entrée est prévue dans l’accord, mais elle avait mis du temps à se réaliser… A chaque fois, la machine s’est grippée. Aujourd’hui, c’est finalement chose faite… C’est un acte de rapprochement assez important pour la sortie de  crise».

«La présence des représentants des mouvements dans le gouvernement leur permettra de comprendre beaucoup de choses dans la démarche de l’Etat et surtout de mesurer la sensibilité de certaines situations», précise Papa Sow, chroniqueur politique sur Maliweb.net.

Nina Walett contestée par la CMA et décriée sur les réseaux sociaux

Pour l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, «l’entrée de représentants des groupes armés, s’ils ne sont pas contestés par ces mêmes groupes, peut constituer un signe de progrès dans la quête de la réconciliation nationale».

Malheureusement, la présence de Nina Walett Intallou est déjà contestée par Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA. «Si la CMA venait à accepter son entrée au gouvernement, vous pouvez être sûr d’une chose, elle ne se serait pas contentée juste du petit département de l’Artisanat et du Tourisme», a souligné ce dernier sans se prononcer sur la position réelle de la coordination sur la formation de cette équipe.

Cette présence est aussi la plus contestée sur les réseaux sociaux compte tenu du triste rôle joué par cette Dame (membre fondateur du MNLA) dans la déstabilisation du pays et de la propagande internationale initiée à partir de janvier 2012 pour ternir l’image du Mali aux yeux de la communauté internationale.

Ce réajustement technique est marqué par la fusion de certains départements et la suppression d’autres. C’est le cas du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle ainsi que celui de la Jeunesse et de la Construction citoyenne qui formait un même Département dans le précédent gouvernement. Ce dernier département (Jeunesse et Construction) est confié désormais au président du PS Yeleen Kura, Amadou Koïta, qui a récemment quitté l’opposition pour la majorité. Les observateurs savent maintenant pourquoi.

La Culture (Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo) s’est encore séparée de l’Artisanat et du Tourisme qui revient à Mme Nina Walette Intallou, membre du MNLA (CMA). Récemment nommé à la tête d’un Comité chargé de la reforme constitutionnelle, Me Mamadou Ismaël Konaté entre dans le gouvernement comme ministre de la Justice, des Droits l’Homme et Garde des Sceaux. Il remplace Mme Sanogo Aminata Mallé pourtant crédité par les observateurs d’un excellent travail à la tête de ce Département.

«Elle avait réussi à débloquer des dossiers pendants et à relancer des reformes courageuses. Pour les partenaires techniques, le Département de la Justice est l’un de ceux qui sont réellement avancés dans la mise en œuvre des dispositions de l’accord de paix», témoigne un magistrat.

Modibo Kéita confortablement assis dans le fauteuil de Premier ministre

Le président de l’Adema (majorité présidentielle) retrouve l’équipe gouvernementale pour s’occuper des Mines. Il y succède à Cheickna Seydi Ahmady Diawara. Au ministère de la Réconciliation nationale, Mohamed Al Moctar remplace Zahabi Ould Sidi Mohamed.

Le ministère de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement est désormais géré par Mme Traore Seynabou Diop. Le Département de l’Enseignement Supérieur retrouve la Recherche Scientifique sous la direction de Mme Assétou Founè Samaké Migan.

Elle dirigeait le département de la Recherche scientifique dans la précédente équipe. A noter que, avant son entrée au gouvernement, elle était conseiller technique au ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Elle est donc toujours en terrain connu.

Le président du Collectif des ressortissants du nord (COREN), Malick Alhousseyni rentre aussi comme ministre de l’Energie et de l’Eau. Les observateurs pensent qu’il est surtout récompensé pour avoir abandonné le PDES au profit du RPM dont il veut être le seul maître à bord à Gao.

Les ministres de la Sécurité Intérieure et de la Protection civile ; Administration territoriale ; Défense et Anciens combattants ; Education, Economie et Finances ; Fonction publique et Travail, des Sports, du Commerce ; de la Santé et de l’Hygiène publique, des Affaires religieuse et du Culte ; Domaines et Affaires foncières ; Décentralisation et Reforme de l’Etat, de l’Agriculture ; de l’Elevage et de la Pêche… gardent leurs portefeuilles

Au niveau des permutations, Me Mountaga quitte l’Enseignement Supérieur pour le ministère de l’Information, de l’Economie numérique et de la Communication. Quant à Ousmane Koné, il quitte le département de l’Environnement, de l’Hygiène et de l’Assainissement pour l’Habitat et l’Urbanisme…

Confirmé à son poste pour un bail non encore déterminé, le Premier ministre Modibo Kéita est le grand gagnant de ce remaniement. Le président IBK lui renouvelle ainsi sa confiance et son estime malgré les attaques en règle de ses détracteurs, par presse interposée.

Selon des sources proches de la présidence de la République du Mali, le Premier ministre Modibo Kéita reste aux commandes jusqu’au prochain sommet Afrique-France prévu en janvier 2017 à Bamako. Entre temps, il lui faudra réellement mouiller le maillot pour enfin offrir à son peuple cette paix et cette réconciliation nationale qui lui valent déjà d’énormes sacrifices !

Moussa Bolly

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