Relance du processus électoral interrompu par le coup d’Etat : L’UE s’engage à auditer les fichiers électoraux

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Lors d’une séance de travail le mercredi 10 octobre avec les premiers responsables de la Délégation de la Commission de l’Union européenne au Mali, des cadres du Front anti-putsch ont été rassurés sur la volonté des partenaires européens d’accompagner le processus électoral malien malgré la crise actuelle que traverse le pays. Même si la coopération avec les occidentaux est interrompue, l’UE se dit prête à appuyer l’organisation des prochaines élections, mais pas avant d’avoir proposé une expertise d’audit des fichiers électoraux disponibles.

Pour plusieurs acteurs de la vie politique nationale, même s’il est malsain de consacrer actuellement plus de temps à la préparation des élections alors que les 2/3 du territoire national sont occupés, il faut néanmoins déblayer le terrain électoral concomitamment avec les efforts de libération du Nord du pays. C’est dans ce sens que le Front uni pour la sauvegarde de la Démocratie et de la République  (FDR) a eu, le mercredi dernier, une séance de travail avec la Délégation de l’UE au Mali pour des échanges de vue sur le processus électoral interrompu par le coup d’Etat du 22 mars 2012.

Selon nos informations, les responsables de l’UE ont réaffirmé leur disponibilité à ne ménager aucun effort pour que le Mali renoue avec la normalité institutionnelle à travers des élections paisibles. L’UE a déjà donné son accord au gouvernement malien pour financer l’audit des deux fichiers : celui achevé du fichier électoral consensuel (FEC) et celui inachevé du RAVEC, c’est-à-dire qui devrait comporter des données biométriques. Cette expérience a été déjà menée à succès au Sénégal à la satisfaction de tous les observateurs.

Lors de récentes rencontres organisées par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le président de cette institution n’a pas caché son désir de voir les fichiers électoraux audités : le fichier électoral consensuel qui devrait servir aux élections avortées d’avril et juillet 2012 et le fichier inachevé sur la base du recensement administratif à vocation d’Etat-civil (RAVEC). Il faut signaler que la CENI a participé à l’élaboration du fichier et a eu beaucoup d’échanges avec la Délégation générale aux élections (DGE) sur les problèmes recensés. Elle a supervisé avec la DGE l’impression et la réception des cartes d’électeur. Ces documents ont été imprimés en Espagne.

Selon nos informations, l’UE est également engagé à mettre la main à la poche pour financer plusieurs volets de l’organisation des prochaines élections. On parle de la formation des observateurs nationaux, la prise en charge des observateurs internationaux, des délégués de la CENI, etc.

Précisons que parmi les autres actions fortes du processus électoral auxquelles la CENI a participé, figurent les séances de travail avec le département sur le modèle de bulletin de vote, la configuration des bureaux de vote qui devaient être plus proches des électeurs. La CENI a également travaillé avec les partenaires techniques et financiers impliqués dans la gestion des élections.

Après les événements du 22 mars, la CENI a cessé de s’exprimer compte tenu du contexte, a expliqué récemment Mamadou Diamoutani. Mais elle n’est pas restée inactive. Elle a profité de ce temps pour établir un rapport d’activités à mi-parcours. Ce document fait l’état des préparatifs des élections de 2012.

Au moment du coup d’Etat, tous les membres de la CENI étaient sur le terrain à l’intérieur du pays. Plus tard, lors d’une séance de travail que la CENI a eue avec le Premier ministre, il a été question de suspendre les activités des démembrements en raison de soucis budgétaires. Il faut dire que ces démembrements coûtaient 108 millions de Fcfa par mois. Leur mise en place a coûté 600 millions. Ils seront réactivés dès que la situation reviendra à la normale.

C’est l’audit du fichier électoral qui a dominé la rencontre que les membres de la Commission ont eue récemment avec le ministre Moussa Sinko Coulibaly (Administration territoriale et Décentralisation). Auparavant les structures impliquées dans le processus électoral avaient conjointement mené une mission en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo pour apprendre de leurs expériences en matière d’organisation d’élections en période de crise.

A quoi ressemble la nouvelle carte d’électeur ? Le président de la CENI expliquait, il y a de cela deux semaines, qu’il n’y avait pas beaucoup de changements en ce qui concerne les données affichées sur les cartes. Les seules modifications apportées concernent le lieu de naissance et le drapeau national.

Rappelons que de récents travaux présidés par le président de la CENI, Mamadou Diamoutani. Celui-ci a expliqué que cette rencontre s’inscrivait dans le cadre du respect des engagements pris par la Commission de tenir des rencontres périodiques au début et à la fin de chaque processus électoral. La première rencontre de la CENI, a rappelé Mamadou Diamoutani, remonte au 11 octobre 2011. A cette occasion, les membres de la Commission avaient été présentés au ministre alors en charge de l’Administration territoriale et des Collectivités locales. Lors de sa deuxième sortie le 12 janvier dernier, elle a rendu compte des travaux de ses 795 démembrements.

La séance d’hier affichait deux points essentiel à son ordre du jour : une brève présentation de la Commission et le compte-rendu des activités menées avant et après le coup d’Etat.

Mamadou Diamoutani a rappelé que la CENI est un organe de supervision des élections dont les 15 membres sont nommés par décret. Elle possède des démembrements au niveau des communes, cercles et consulats.

Elle est chargée de la supervision et du suivi du processus électoral et veille à la régulation des opérations électorales et référendaires à travers, entre autres, la révision des listes électorales, la préparation et la gestion du fichier, l’impression des cartes d’électeur et la gestion des observateurs nationaux et internationaux. La CENI travaille en étroite complémentarité avec le département en charge des élections, la Délégation générale aux élections (GDE), le Comité national de l’égal accès aux médias d’Etat (CNEAME) et les juridictions compétentes pour le règlement des contentieux.

Avant le 22 mars dernier (date du coup d’Etat qui a interrompu le processus électoral), la CENI avait participé à l’élaboration des résultats des travaux des commissions administratives qui aboutissent à la confection des listes et des cartes électorales et à la mise en place des matériels et documents électoraux.

                        Bruno D SEGBEDJI

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