Reforme constitutionnelle : Les magistrats invités à provoquer l’échec

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"…Le SYLIMA n’est pas favorable à la reforme constitutionnelle… ". La position ainsi affichée, en fin de semaine dernière, par le Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) est sans ambiguïté. C’est une décision qu’il faudra désormais tenir en compte dans la perspective du référendum constitutionnel. Ainsi, le deuxième regroupement syndical du Mali se décide à rendre publique sa protestation contre la reforme constitutionnelle. Un sujet sur lequel d’autres organisations politiques et de la société civile se sont fait déjà entendre. Selon des sources proches du SYLIMA, Hamèye Founè Mahalmadane et ses hommes, après une réunion tenue en fin de semaine dernière, décident de ne pas adhérer, de près ou de loin, au projet de reforme constitutionnelle.

            Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Nous ne saurons le dire. Les raisons également restent à être connues dans leurs grandes lignes. Pour l’heure, les magistrats membres du SYLIMA parlent d’une atteinte à l’indépendance de la magistrature. En conséquence, le syndicat invite ses militants, où qu’ils se trouvent, à tout entreprendre pour faire échouer le projet de reforme constitutionnelle.

            Comme si cette invitation au boycott ne suffit pas, le même syndicat fait remarquer à ses militants qu’ils ne sont aucunement concernés par la mise en place de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) dont la composition comprend un représentant du Syndicat autonome de la magistrature (SAM). C’est dire que le SYLIMA invite ses membres à ne pas siéger dans les démembrements de la CENI. Ce qui peut vouloir dire que dans les circonscriptions électorales où le magistrat (un juge de paix) n’est pas du SAM, la CENI locale ne comptera pas de juge. Toutes choses qui peuvent mettre la crédibilité de la CENI en cause.

            Pour l’heure, on peut estimer la gravité de la chose à sa juste proportion. Car le SYLIMA, il faut le convenir, est un syndicat qui compte aussi un nombre non négligeable de juges. Qu’il en vienne à interdire la participation de ses militants à la CENI à travers ses démembrements n’est pas non plus un fait à négliger.

            Ce qu’il faut aussi retenir, c’est que toute tentative des autorités politiques de trouver une solution à cet autre imbroglio sera vouée à l’échec. Puisque c’est la loi électorale elle-même qui précise la composition de la CENI. Cette vérité a été assenée, en rappel la semaine dernière, par le ministre de l’administration territoriale et des collectivités locales. Autrement dit, pour trouver un compromis avec le SYLIMA, il faudra une relecture de ladite loi. Comme on le voit, les projets politiques, en perspective, semblent constituer une opportunité pour ce syndicat qui donnait l’impression de laisser le terrain de la lutte syndicale au SAM. Dont les tenants sont indexés comme proches de l’exécutif. La situation risque d’autant de se corser que le SYLIMA promet d’entreprendre des actions vigoureuses.

A.L. GUINDO

 

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