Refondation de la démocratie : Revoir les pouvoirs du président de la République pour un meilleur équilibre du jeu démocratique post crise au Mali

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Le palais présidentiel de Koulouba à Bamako.
Le palais de Koulouba, siège de la présidence de la République. Le pouvoir de la première institution doivent être redéfinis pour un meilleur équilibre avec l’Assemblée nationale

Parmi les raisons évoquées par les auteurs du coup d’Etat du 22 mars, il y avait la mauvaise gouvernance, la corruption, le népotisme, le favoritisme  et bien sûr, l’impréparation et les mauvaises conditions d’existence de l’armée malienne. Puisque c’était le président ATT qui  était au pouvoir, il a été accablé à tort d’être à l’origine de tout cela. Ingratitude ou amnésie, on a oublié que c’est lui qui nous avait débarrassé  en mars 1991 d’une dictature longue de 23 ans, qui a organisé la conférence nationale souveraine la même année, afin de réécrire une Constitution démocratique, qui plaçait le Mali parmi les pays exemplaires en Afrique.  Cependant, beaucoup de lacunes institutionnelles ont été observées par les Maliens au cours de ces 20 ans de pratique démocratique, mais personne, ni au sein des partis politiques, ni au sein des gouvernements successifs, ni au sein de l’Assemblée Nationale, n’a lutté pour certains changements qui pouvaient garantir une pratique démocratique plus équitable. Chacun défendant ce qu’il croit être son intérêt, ou prévoyant un jour d’être aux affaires, a préfèré les choses en l’état. Or, tant que ces lacunes ne sont pas comblées, le jeu démocratique  ne sera pas sincère et effectif, et donnera toujours l’impression d’être une  peinture pour mieux vendre l’image d’un Mali démocratique.  Tous les présidents qui seront élus dans ces conditions, et qui exerceront leurs fonctions dans ces mêmes conditions, finiront par être attaqués de la même façon.  Ils ne sont pas les vrais fautifs des dérives, mais ils sont plutôt victimes d’un système qui débouche forcément sur le même résultat,  car tout humain est tenté de profiter de la puissance légale à lui donnée. Sans prétendre énumérer  toutes les lacunes, car  n’étant pas spécialiste des questions institutionnelles, mais simplement un observateur régulier de la scène politique,  je voudrais ici soumettre à la réflexion de mes compatriotes, dans le cadre d’une débat constructif, quelques constats que j’ai fait à certains moments de la vie de notre pays.

Son premier constat concerne la première institution de la République,  le président de la République lui -même.  La Constitution de la République concentre trop de pouvoirs entre les mains du président de la République. Et c’est cela le handicap majeur de l’exercice démocratique. En effet,  Il est élu pour cinq années renouvelables une fois. Il est souhaitable que l’article 30 de la Constitution, qui le stipule, soit revu de façon plus complète, comme par exemple on l’a fait au Benin, pour mettre fin à toute polémique par rapport à la possibilité pour lui de se présenter une troisième fois.  L’article 30, en effet, stipule que: ” le président n’est rééligible qu’une seule fois “. Cela me  parait clair pour ma part. Mais à présent, à chaque fin de mandat, qu’il s’agisse de Alpha Oumar Konaré ou de Amadou Toumani Toure, des spéculations ont eu lieu sur leur intention vraie ou fausse de se présenter une troisième fois, car le libellé de l’article peut être interprété avec astuce. Pourquoi alors ne pas compléter l’article en y ajoutant comme c’est le cas au Benin, une phrase complémentaire du genre: ” Nul ne peut, pour quelque raison que ce soit, être réélu plus d’une fois “. Ce complément clarifiera le débat une fois pour toutes. Me Mamadou Konate l’avait suggéré avant moi dans une brillante contribution, mais cela a été ignoré. Préfère t- on laisser cela en l’état afin d’avoir du grain à moudre à chaque occasion? C’est ce qui semble être le cas.

Ensuite, ”le Président nomme le Premier ministre. (Art 38) et met fin à ses fonctions…” Ce dernier n’a pas besoin, comme il se doit, d’appartenir a une majorité parlementaire. Le président nomme qui il veut comme premier ministre, ce dernier lui propose un gouvernement qu’il entérine. Ceux qui figureront dans ce gouvernement sont ceux acceptés par lui, et ceux  qui ne lui conviennent pas, quelle que soit leur compétence, sont écartés. Et si le Premier ministre cesse de lui donner satisfaction, il le démet, en lui demandant gentiment de lui remettre la démission de son gouvernement. Ce dernier n’y peut rien. Il est à la merci du président qui le tient; et qui tient de la même façon tous les ministres du gouvernement.  Ni le premier ministre, ni les membres du gouvernement ne sont confirmés, comme cela se passe sous d’autres cieux, par l’Assemblée Nationale. L’Assemblée n’a pas la voix au chapitre en ce qui concerne la nomination des membres du gouvernement. En un mot, le président de la République tient le gouvernement, et partant toute l’administration.

Deuxième pouvoir du président de la République,  c’est celui que lui confère l’article 42 de la Constitution. Selon cet article, en effet, ” Le président, après consultation avec le Premier ministre et le président de l’Assemblée Nationale, prononce la dissolution de l’Assemblée Nationale “. Cette dissolution peut se faire seulement après une année d’exercice.  Ce pouvoir est à mon avis exorbitant, car il permet à la première institution de tenir au doigt et à l’œil  la deuxième qui est censée être complètement indépendante de lui.  Pour être élus, les députes dépensent et se dépensent énormément. Ils investissent  et attendent, par conséquent,  un retour sur l’investissement sur les cinq ans que dure leur mandat. Et si les élections devaient êtres reprises de façon anticipée, rares sont ceux qui seront sûrs de pouvoir refinancer leur campagne, et rares seront aussi parmi ceux-ci  ceux  qui seront sûrs de les remporter.  Comment, dans ce cas alors, les députes issus de cette Assemblée peuvent-ils s’opposer à une loi proposée par le président de la République, même s’ils n’en veulent pas?  Les cas du vote de la loi instituant le vérificateur  général et du vote du Code de la famille en sont une illustration. Les rares députes qui étaient réticents  y ont été contraints  pour ne pas passer pour des ennemis du président de la République. Conclusion: Le président tient aussi également l’Assemblée nationale. L’Assemblée Nationale du Mali compte en son sein des cadres très compétents,  d’anciens directeurs de services connaissant bien les rouages de l’Etat, des parlementaires chevronnés, qui débattent, interpellent, font le maximum pour jouer leur rôle de contrôle sur l’exécutif, mais  la réalité est qu’elle détient  un pouvoir limité, face au président de la République qui, malgré la forme qu’on y met, plane carrément au-dessus d’elle. Il faut corriger cela pour équilibrer le jeu démocratique. Il faut évidemment mettre des garde-fous afin d’éviter un bras de fer régulier entre l’exécutif et le législatif, afin que les deux entités ne perdent jamais de vue l’intérêt supérieur du pays  au cours de leurs prises de positions. L’un ne doit pas bloquer l’autre, il faut éviter l’exemple du Niger qui a vu un tiraillement impitoyable entre deux institutions et qui s’est soldé par un coup d’Etat.

Ces mainmises du président sur l’exécutif et le législatif se répercutent sur toutes autres instititutions, mises en place pour la sincérité du jeu démocratique, à l’instar de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), de la DGE (Délégation Générale des Elections) et bien d’autres. Toutes ces institutions, quoiqu’on dise, ne sont pas totalement indépendantes du président de la République. Même l’élection d’un maire, après l’élection des conseillers municipaux, on l’a vu plus d’une fois, peut être pilotée à distance par des mains invisibles qu’on attribuera facilement à la Présidence de la République.

Evidemment, ce genre de changement nécessitera une révision de la Constitution, qui ne pourra pas se faire sans un referendum. Vu l’empressement des autorités maliennes actuelles, sous la pression internationale, d’organiser des élections en juillet, il y a peu de chances que ce passage pourtant obligatoire ait droit de cité maintenant. Mais  à l’évidence, il faudra profiter des  erreurs d’un passé récent pour véritablement mener des changements en profondeur réclamés par les uns et les autres. Il faudra profiter de l’unanimité faite autour de la nécessite de ces changements, pour soumettre à la consultation populaire  un autre canevas pour une démocratie réelle dans notre pays. Même s’il faut, par souci d’épargne pour le budget national,  coupler cela avec   d’autres élections futures.

Kalifa  Gadiaga

Professeur d’Enseignement Secondaire – Columbus Ohio – USA

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11 COMMENTAIRES

  1. DE QUOI JE ME MELE !
    “…il a été accablé à tort d’être à l’origine de tout cela. Ingratitude ou amnésie, on a oublié que c’est lui qui nous avait débarrassé en mars 1991 d’une dictature longue de 23 ans,…” Kalifa Gadiaga.
    Kalifa Gadiaga ne remue pas ton bâton dans la plaie du peuple malien. Ce sont des tares sociales qu’ATT a trouvées dans l’administration mais, il les a institutionnalisées en les banalisant. Je te rappelle un de ses propos en bamanankan, je cite de mémoire « ne té doutiki malo, ka don kassola, ka ye fasso wari doun.Ni ya doun iba sara. ».En français “je ne mettrais pas un chef de famille en prison parce qu’il a détourné le denier public. Celui qui détourne paye.”
    ATT n’est pas la constitution du Mali. Des textes sont là pour punir les détourneurs de biens publics. Sa déclaration a incité les cadres à une course effrénée vers le pillage de l’Etat. Il a cultivé une impunité généralisée dans l’administration. Les agents de l’Etat empochaient les fonds publics sans peur ni crainte et c’était une chaîne, un système. Un adjoint qui, décriait le système, était marginalisé dans le service. J’ai personnellement vécu les enfers pour avoir dénoncé mon chef qui, malheureusement, est décédé il ya deux mois.
    Oui, ATT a mis fin au régime de GMT mais, il a mal géré la transition en se débarrassant du pouvoir sous la pression des politiques.ATT devait cultiver, à tout prix, un nouveau homme malien prêt à emboîter la pas du développement mais, hélas, il s’est en aller en stipulant, je cite « fatô ni lakalakatô debè se ka Mali mara ».En français « Seuls le fou et l’idiot peuvent gérer le Mali ».Il a remis un Mali anarchique aux politiques. Le Mali est resté dans ce désordre qui nous a conduits à cette crise.
    Ma famille a voté ATT durant ses deux mandats car les politiciens m’avaient déçu mais, je suis resté sur ma fin.
    Merci pour votre contribution monsieur Kalifa Gadiaga mais,évite la stratégie du chat qui consiste à mordre ensuite souffler.

  2. Il faut commencer par réduire le salaire de ces cancres de présidents et anciens présidents que l’irresponsable sans intégrité de DJONKOUDA a passé durant son séjour à l’assemblée….

    Bien sûre qu’un équilibre du pouvoir est nécessaire … mais pas avec une assemblée nationale de la même arôme de merde que le president comme l’a été le cas avec ATT et DJONKISS ….

    La RÉALITÉ est que le peuple ne fout rien et laisse des cons le diriger … ça se comprend …puisque un système basé sur la majorité ne peut marcher que s’il la majorité comprend le système …

    LES OCCIDENTAUX ONT INTÉRÊTS À INVESTIRE SEULEMENT DANS L’ÉDUCATION DU PEUPLE … SURTOUT DU PAUVRE … AU LIEU DE DONNER DES AIDES FINANCIERS À DES GOUVERNEMENTS AFRICAINS DIRIGÉS PAR DES CONNARDS DONT LES SEULS SOUCIS SONT DE S’ENRICHIR LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE … PENDANT QUE LA
    MAJORITÉ PAUVRE SOUFFRE …

    C’est comme ça qu’il doivent aider…s’ils veulent vraiment aider …

    Moussa Ag,..

  3. Fasse le Ciel que le Peuple malien apprécie et s’approprie cette bénédiction pour qu’enfin soit redoré le label malien. Il nous faut au plus vite restaurer notre dignité fortement écorchée. C’est un devoir de génération, autrement, nous n’aurons point de voix pour parler à nos enfants et petits enfants, point d’yeux pour les regarder.
    Nous sommes à l’heure du « gouverner différemment » et ceci reste le propre d’une certaine catégorie rarissime d’hommes dont le Dr Soumana SAKO est du nombre.
    Choisir donc le Dr Soumana SAKO, c’est accompagner positivement le Mali dans son aventure du 21ème siècle.
    Que Dieu bénisse le Mali !

    • Un peu de decence s’il vous plait. Nous voulons contruire le pays, et nous nous adressons aux gens responsables, mais pas a de vulgaires qui insultent sans oser s’idenfier.

    • Cette page, c’est pour des gens responsable et serieux. Pas pour des mal eleves et vulgaires de ton espece. tu serai capable de dire la meme chose a ton propre pere.

      • To retoilettage 👿 i, tu es un fils de pute en même que lui, enfant de la mauvaise saison. Peut- être il te l’a pas dit: c est un P D, va le demander, toi qui n’as pas de père, je vous connais. Quelqu’un ne gère même pas sa famille. 👿 👿 👿

      • Ah bon c’est un P D, il faut appeller les gens de Ansardine de Iyad pour le fouetter, les pédé n’ont pas droit à la parole au Mali c est pourquoi il y’a eu ce coup d’état, la rébellion et tous ce qui s’en suit donc à Gadiaga de démontrer qu’il n’est pas P D. Sinon , Foudoug, Ag et autres vont le donner aux islamistes et ils vont l’empaler. Sinon retoilettage et auteur de l’article” ne sont que des vendus et des Pseudos intellectuels, enfants déshérités seulements. Gadiaga n’est qu’un un petit “Mabo ” de la région de de Mopti et d’habitude, ils n’ont pas droit à la parole, et Att aussi vaut mieux qu’eux. Faites gaffe! 😀 😀 😀 😀 😀

  4. Dommage qu on a pas de femmes candidates pour la presidentielle 2013…sinon je n allais pas trops me compliquer la vie pour ces faux apatrides..

  5. le President est le seul a avoir suffrage du Peuple tout entier d’ou ses pouvoirs.Mais attention le President ne nomme pas qui il veut s’il ne dispose pas de la majorite absolue a l’Assemblee.Selon vous’Et si le Premier ministre cesse de lui donner satisfaction, il le démet, en lui demandant gentiment de lui remettre la démission de son gouvernement…’C’est pas aussi simple comme vous le dites car le parti ou groupe de partis ayant la majorite absolue a l’Assemblee peu(ven)t l’obliger a reconduire ce démissionnaire.Et puis l’Assemblee dispose de la motion de censure pour sanctionner le gouvernement.Mais le probleme est que le 2e mandat de Alpha, adema detenait seule la majorite absolue,apres Att est venu et la il n’y avait pratiquement pas d’opposition parlementaire donc Att avait les mains libres car les poloticiens avait accepte manger dans le plat de la gestion consensuelle du pouvoir, le veritable exercice de la democratie c’etait le 1er mandat de Alpha avec des debats a l’AN.

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