Depuis la veille du second tour de la dernière élection présidentielle, la tension n’a cessé de monter entre les partisans d’IBK et ceux de l’opposition. Les uns accusant les autres de fraudes massives. Des polémiques qui ne semblent pas se calmer pour tout de suite malgré la proclamation définitive des résultats par la Cour Constitutionnelle. Nous avons donné la parole aux citoyens lambda de Bamako afin qu’ils se prononcent sur la réélection du Président sortant, Ibrahim Boubacar Kéïta. La question qui leur a été adressée est la suivante: «Quelles sont vos impressions sur la réélection d’IBK ? ». Donc, voici la réponse des uns et des autres.
Selon Abdoulaye Traoré, un Fonctionnaire à la retraite : «Cette élection s’est bien déroulée. Par ailleurs, d’autres disent qu’ils y a eu des magouilles, d’autant plus qu’une institution compétente a tranché tout le monde doit s’en tenir à ses résultats. Il ne faut pas qu’on aille au-delà de la loi du pays. La seule chose que nous attendons d’IBK c’est qu’il doit chercher à travailler avec l’opposition ; car, nous sommes tous les fils de ce pays. Que cela soit l’opposition, soit IBK, soit même nous populations, c’est la même famille ; après tout, il s’agit du bien de notre pays. Donc, je crois qu’il n’y a pas de quoi se plaindre. Que les opposants arrêtent les manifestants, cela n’apporte rien de bon au pays, ce qui est souhaitable c’est qu’ils s’unissent pour résoudre les problèmes auxquels fait face le pays ».
Demba Sissoko, Enseignant à la retraite: «Le Mali étant un pays pauvre ne peut pas supporter les dépenses outrancières d’IBK. Déjà, il y a l’achat de l’avion présidentiel dont le montant réel n’est toujours pas connu par nous les citoyens. Aussi, nous connaissons IKB depuis qu’il était Premier Ministre du Président Konaré. C’est quelqu’un qui bouffait deux fois de plus son Budget, il est trop lourd pour le gouvernement malien, même un pays pétrolier ne peut pas le supporter. Donc, c’est regrettable pour le pays sa réélection. Mais je sais comment il a pu arriver là où il est aujourd’hui. Déjà, pendant son premier mandat, il a acheté tous les Députés en augmentant leurs salaires. D’où ces derniers ne peuvent que suivre ses directives. Aussi, ils savent très bien qu’en se mettant contre lui, IBK était capable de dissoudre l’Assemblée Nationale afin d’empêcher tous ceux qui s’agitaient contre lui de revenir à l’hémicycle». .
Moussa Koné, Administrateur civil. Lui il abonde dans le même sens que notre premier intervenant qui estimait que les Maliens doivent s’en tenir à ce que la Cour Constitutionnelle a déclaré définitivement: « Pour moi, le Président de la République doit se remettre simplement au travail ; car, il y a beaucoup de défis à relever. Et j’invite tous les Maliens de se souder et d’aider IBK dans sa mission au service de la nation».
Yacouba Diakité, Commerçant : «Moi je ne trouve trop grave la réélection d’IBK ; car, à mon avis, si les Maliens voulaient sérieusement l’alternance qu’ils ont tant chanté sur tous les toits de Bamako et de l’intérieur du pays, IBK n’allait même pas être au second tour.
D’ailleurs, pour moi, les deux candidats qui pouvaient apporter l’alternance à la tête de ce pays sont Oumar Mariko et Cheick Modibo Diarra. Mais puisqu’aucun de ces deux n’a même pas été au 2e tour, moi je me contente de la réélection d’IBK malgré que je n’ai voté ni pour lui ni pour son challenger, Soumaïla Cissé».
Bamoyi Touré, Pharmacien: « je pense que les Maliens doivent mettre derrière eux cette histoire d’élections pour la stabilité du pays. C’est le peuple qui a choisi IBK selon le verdict rendu par la Cour Constitutionnelle. Comme ce fut aussi le cas au Zimbabwe, l’opposition peut toujours contester mais le mieux serait de travailler ensemble pour le bien du pays ; car, les ennemis de la nation vont profiter de cette situation de mésentente pour heurter de nouveau à notre pays qui es déjà fragile sur presque tous les plans. Mais je suis sûr qu’ils vont trouver un terrain d’entente; car, nous sommes tous des Maliens et nous voulons tous le bien du pays. Que nous soyons de l’opposition ou du parti au pouvoir».
Issa Sanogo, Médecin: « je reste très optimiste, malgré le fait que je n’ai pas voté pour IBK. IBK a gagné, tout ce dont nous avons à faire c’est de l’aider pour qu’il puisse revenir sur ses erreurs accumulées lors de son premier mandat afin de faire avancer le pays. Donc, j’invite IBK de travailler avec l’opposition ; car, pour moi, toutes ces manifestations sont liées à cela, chacun veut sa part du gâteau ».
Fatoumata Dolo, Etudiante : « Moi je suis tellement déçue de nos Hommes politiques que je n’ai même pas accompli mon devoir de citoyenneté qui est de voter. Je pense tout de même que la réélection d’ IBK n’est pas un bon signe , puisque pendant son premier mandat il n’a fait que décevoir les Maliens qui lui avaient fait tant confiance. Ce qu’IBK n’a pas pu faire pendant son premier mandat il ne pourra pas le faire pendant ce second quinquennat. Pour finir, j’estime que l’opposition doit respecter la loi tout en mettant fin aux manifestations intempestives qui ne font qu’empirer la situation socio-économique du pays ».
Ouatara Aboubacar, Responsable marketing d’une Université privée de la place : « Moi, je conteste carrément la réélection d’IBK. Je pense qu’il n’y a pas eu une élection mais un hold-up électoral, un coup d’Etat constitutionnel pour nommer un Homme qui est désavoué par la population à la tête du pays et qui est illégitimement en train de diriger les affaires publiques de l’Etat. Chose qui est antidémocratique, anticonstitutionnelle, qui nous fait régresser démocratiquement parlant puisque le Mali est une jeune démocratie qui est très fragile, qui a besoin d’être consolidée et non d’être piétinée par les assoiffés de pouvoir d’un clan qui veulent tripatouiller et se maintenir au pouvoir à tout prix. A mon sens, les gens disent non à cela, non pas parce qu’ils sont des Républicains ou parce qu’ils aspirent à un avenir meilleur pour ce pays, mais c’est parce qu’ils pensent que leur démocratie a été chèrement acquise au prix du sang de ceux qui sont tombés en mars 1991. Donc, nous ne pouvons pas nous résoudre à voir que leur mort est vaine ; car, accepter le verdict de la Cour Constitutionnelle signifierait que la mort des martyrs de mars 91 a été inutile. Et, c’est pourquoi nous sommes sortis nombreux le samedi dernier pour manifester, pour dire non, pour que le Président légitimement élu qui est Soumaïla Cissé puisse être investi le 4 septembre comme le Président de la République du Mali. Car, les urnes ont parlé. Donc, il faut laisser place à la loi qui est la volonté du Peuple souverain. Ainsi, nous allons continuer la lutte jusqu’à ce que la vérité soit entendue, jusqu’à ce que les principes de l’Etat de Droit et la souveraineté du Peuple malien puissent être reconnus par l’opinion nationale et internationale. Ceci est le sentiment du peuple, un sentiment de lamentation, de désarroi face à ce qui se passe, à l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire, de nos différentes institutions, chose qui inquiète tous les Maliens et cela ne peut pas continuer ; car, nous allons nous battre jusqu’au bout».
Alassane Traoré, Etudiant: « A mon avis, l’Homme qu’il fallait pour le Mali était Cheick Modibo Diarra. Mais hélas ! Donc, moi, je trouve que d’un côté la réélection d’IBK n’est pas aussi terrible que ça ; car, il a pu apporter sa pierre dans la construction de l’édifice national. Pour sortir le Mali de la crise de 2012, il faut que les Maliens soient honnêtes. Ainsi, force est de reconnaître qu’IBK est venu trouver le pays dans une situation très critique et le changement qu’il a apporté n’est pas mal du tout. La seule chose que nous pouvons faire pour nous et pour ce pays c’est de l’aider dans sa mission régalienne pour relever les défis ; car, la Cour Constitutionnelle a tranché en confirmant que c’est lui, IBK, que la majorité écrasante du Peuple malien a choisi ».
Réalisé par Atiyatou Rahmane Coulibaly, Stagiaire